rien n'est su, de Sabine Garrigues (éd. Le Tripode)

Les premiers mots à propos de ce qu’elle n’a pas vu, qu’elle n’a pu qu’imaginer selon ce qu’on lui a dit. Et puis comme un affolement, comme si la vie tout de suite voulait s’imposer contre tout, contre la mort violente, « nuit de guerre dans paris ». En 36 poèmes sans majuscule et sans ponctuation (exceptés quelques points d’interrogation), une mère parle à sa fille tuée dans une salle de concert en 2015. Parle de l’attentat mais aussi des souvenirs de son propre père et de sa grand mère, enterrée en algérie. Le métro charonne à deux pas et ce qui se transmet de génération en génération sans même qu’on en ait conscience. Une écriture rythmée par les retours à la ligne, par des vers plus ou moins longs selon la respiration. Les souvenirs de « tous les moments volés aux emplois du temps / frénétiques de nos vies ». Elle parle à Suzon (avec majuscule), de son père, de son frère, de la vie que « la mort nourrit », de tout, de l’inde, d’avignon, du théâtre. Et elle parle à son fils, Paul (autre majuscule), le frère à qui elle adresse les derniers mots de ce livre qui nous fait partager les années qui suivent 2015, « parce que finalement la vie / c’est nous ».
J’ouvre à nouveau le livre : « ta beauté à toi elle est partout ».