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Voltaire : extrait de l’article « Guerre » du Dictionnaire philosophique Dosette de lecture n°87 Permanence de la « boucherie héroïque »

Publié le 09 octobre 2023 par Sheumas

Qu'ont encore à nous dire ceux qu'on appelait les " Philosophes des Lumières " à l'heure où les Lumières espérées continuent hélas de s'éteindre et que le progrès de l'homme semble bel et bien aller vers l'éclipse ? Les Diderot, Rousseau, Montesquieu, Voltaire offraient à l'esprit et à la conscience des essais, des traités, des articles qui visaient pourtant à anéantir les symptômes de la barbarie. Combat contre " l'Infâme ", combat contre l'intolérance, combat contre les superstitions au nom de la Justice, des droits de l'homme et de Dieu (ce qui n'est pas un vain mot pour un athée)...Voltaire est l'un de ces " philosophes " qui montent au plafonnier et qu'il faut continuer de lire et de relire.

Face à la résurgence du fanatisme, un journaliste écrivait il y a quelques années, " Voltaire, reviens, ils sont devenus fous ". Les raisons de l'appeler " au secours " pour diverses causes se multiplient aujourd'hui... Par exemple, depuis le chaos des deux derniers conflits mondiaux, le mot " Guerre " semblait devoir s'estomper. Mais Voltaire prend la parole en 2023 et voilà ce qu'il écrit dans cet extrait de l'article du Dictionnaire philosophique (paruen 1864), article intitulé " Guerre " :

" On voit à la fois cinq ou six puissances belligérantes, tantôt trois contre trois, tantôt deux contre quatre, tantôt une contre cinq, se détestant toutes également les unes les autres, s'unissant et s'attaquant tour à tour ; toutes d'accord en un seul point, celui de faire tout le mal possible.

Le merveilleux de cette entreprise infernale, c'est que chaque chef des meurtriers fait bénir ses drapeaux et invoque Dieu solennellement avant d'aller exterminer son prochain. Si un chef n'a eu que le bonheur de faire égorger deux ou trois mille hommes, il n'en remercie point Dieu ; mais lorsqu'il y en a eu environ dix mille d'exterminés par le feu et par le fer, et que, pour comble de grâce, quelque ville a été détruite de fond en comble, alors on chante à quatre parties une chanson assez longue, composée dans une langue inconnue à tous ceux qui ont combattu, et de plus toute farcie de barbarismes. "

Voltaire : extrait de l’article « Guerre » du Dictionnaire philosophique Dosette de lecture n°87 Permanence de la « boucherie héroïque »

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