Critique Ciné : Le Règne Animal (2023)

Le Règne Animal // De Thomas Cailley. Avec Romain Duris, Paul Kircher et Adèle Exarchopoulos.

Thomas Cailley nous plonge dans un monde en proie à une vague de mutations qui transforment certains humains en animaux. Le Règne Animal ne s'intéresse pas forcément à ce qui se passe au niveau mondial car c'est avant tout un film humain et familial. Le Règne Animal est une fable de notre monde actuel où les différences de chacun sont souvent sujet à un problème (voire de la violence). Il prend alors sa métaphore des humains transformés en animaux afin de présenter un récit inventif qui n'est que le reflet de notre propre société. Au fond, le constat que Thomas Cailley fait de notre monde est terrifiant mais terriblement vrai. Le Règne Animal ne s'apitoie pas sur son sort et mélange alors émotions avec des traits d'humour bien trouvés qui rechargent constamment les batteries de ce récit. Il faut dire qu'il s'est entouré d'une belle pléiade d'acteurs talentueux. Romain Duris est particulièrement touchant en père de famille désemparé mais c'est Paul Kircher (Le Lycéen, T'as pécho ?) qui s'en sort avec les honneurs.

Dans un monde en proie à une vague de mutations qui transforment peu à peu certains humains en animaux, François fait tout pour sauver sa femme, touchée par ce phénomène mystérieux. Alors que la région se peuple de créatures d'un nouveau genre, il embarque Émile, leur fils de 16 ans, dans une quête qui bouleversera à jamais leur existence.

Dans le rôle d'Emile il est bouleversant. Le Règne Animal suit alors sa transformation au fil du film en une créature (comme sa mère qui s'est totalement transformée à la fin). Il n'y a pas de fatalité dans cette histoire mais Le Règne Animal veut justement montrer que l'évolution de nos propres différences peut aussi être une force (et l'occasion de voir ce que d'autres peuvent subir). Au début du film Emile n'a que faire de sa propre mère qui s'est transformée et petit à petit, en se transformant lui, il va comprendre que le monde a changé et qu'il faut désormais désobéir et vivre libre. C'est un récit d'émancipation à travers Emile alors adolescent de 16 ans qui va petit à petit vouloir quitter le cocon familial. Il y a énormément de métaphores dans Le Règne Animal et toutes sont soignées par l'histoire en elle-même. Si certains personnages auraient probablement mérité plus de place (je pense à celui de la gendarme incarnée par Adèle Exarchopoulos), l'histoire de famille qui est au coeur même du film est sublime.

Thomas Cailley (Les combattants, Ami-Ami) exploite à merveille notre sens de la découverte alors que petit à petit les créatures sortent de leur nid. On découvre alors ces évolutions (et bravo aux équipes de maquillage qui ont fait un travail remarquable). Le film est tourné comme une vraie fable à la découverte d'un monde, une vraie aventure où des personnages testent leurs limites (notamment celui qui se transforme en oiseau et cherche à voler) tout en créant des moments légers qui viennent nous faire oublier la morosité de ceux qui ne veulent pas des " créatures " à leurs côtés. Je pense au patron de François qui passe pour le personnage le plus détestable assez rapidement (notamment lors de son introduction quand il demande à François de ranger les canoës alors qu'il a été embauché pour être cuisinier). Le Règne Animal est très beau, jamais ennuyeux et aurait mérité d'être encore plus fou dans ses idées.

Note : 8/10. En bref, très jolie surprise qu'est Le Règne Animal. Une fable de notre société actuelle qui a de quoi faire réfléchir sur nos rapports aux différentes et aux autres.

Sorti le 4 octobre 2023 au cinéma