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Quand punir ne suffit pas

Publié le 18 octobre 2023 par Raymondviger
" La justice réparatrice, c'est une justice qui ne met pas le focus sur le contrevenant. "

C'est avec ces mots du médiateur Luc Simard que commence le film Quand punir ne suffit pas : La justice réparatrice, un documentaire de la cinéaste chevronnée Pauline Voisard. Elle a passé trois ans à filmer cette œuvre, pendant la pandémie.

Tu ne regardes pas juste le contrevenant, mais aussi " les torts qu'il a causés... Et si tu veux regarder les torts qui ont été causés, à qui dois-t-on s'adresser? Dans un premier temps à la victime. "

La justice réparatrice est un processus qui encourage les personnes contrevenantes à assumer les conséquences de leur geste et à réparer les torts ou les dommages causés par un crime. La justice réparatrice peut être complémentaire ou elle peut être une alternative au système de justice traditionnelle.

Les types de réparation et les formes que peut prendre le processus varient selon la situation et les besoins des participants.

Dans le système fédéral canadien, une de ces démarches implique que le détenu fasse une demande au service correctionnel afin d'entamer une ou plusieurs sessions de médiation entre lui et sa victime.

Ce n'est pas tous les délinquants qui sont acceptés dans la démarche. Parfois il y a des soucis pour la sécurité de la victime ou du délinquant ; parfois, sinon souvent, la victime ne veut pas être impliquée avec son agresseur.

On rencontre Sabrina et Kevin (noms fictifs). Kevin est sentencié à vie pour le meurtre du père de Sabrina. Quand les personnes parlaient de justice réparatrice, Sabrina observe, " elles parlaient de pardon. Au départ je n'avais pas envie de pardonner. Ce que j'ai voulais vraiment obtenir c'est la vérité sur ce qui s'était passé. "

" J'ai compris " dit Kevin " qu'avec justice réparatrice je n'avais pas fait seulement une victime. Oui, une victime directe, mais aussi, plusieurs victimes indirectes. Au départ je voulais m'assurer que la rencontre... soit quelque chose de positif. Ma crainte c'était... je ne veux pas m'asseoir devant une personne qui risque de me gifler ou me cracher dans le visage, de me faire crier après dans le but d'une démarche de vengeance. "

Renée Laframboise du Service correctionnel du Canada explique dans le documentaire que la médiation est un service " Post sentence... la participation... ça ne peut pas avoir de conséquence sur la durée d'une peine de quelqu'un. Ç'a déjà été décidé auparavant. 90% des gens qui ont participé au programme une fois en mise de liberté n'ont pas récidivé. "

Sabrina a beaucoup hésité pendant des années avant d'entamer le programme avec Kevin. Trois ans après le début du processus, la rencontre entre Sabrina et Kevin a finalement eu lieu. Les efforts de Luc Simard étaient la clé. " Je ne suis pas là pour passer de l'information de l'un à l'autre, je veux mettre la table pour que les gens puissent échanger. "

Les résultats de la médiation entre Sabrina et Kevin soulèvent beaucoup d'émotions de la part des deux participants. " Quand je l'ai vu, ça m'a fait un choc, " raconte Sabrina. Elle attendait quelqu'un qui dégage la méchanceté, mais " il ne me faisait pas peur. Je ne m'attendais pas à ça. "

" Pour moi, " elle continue, " Kevin c'était juste un meurtrier. C'était pas un homme, c'était pas un papa, c'était pas un ami... Quand je suis sortie de la rencontre, Kevin est devenu un homme, un ami, un mari, un chum, c'était un être humain à part entière. "

Quant à Kevin, il explique que " Ça m'a libéré de toutes ces années de noirceur que j'ai traînée avec moi. "

La justice réparatrice prend plusieurs formes. Pour plus d'information : Consultez le site-web du Centre de services de justice réparatrice à csjr.org ou Équijustice à [email protected] Quand punir ne suffit pas est disponible sur ici.tou.tv

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