Eunice, de Lisette Lombé (éd. Seuil)

Couper, recoudre, cicatriser, vivre. Ce sont les titres des quatre parties. C’est ce qui arrive à Eunice. La narratrice la tutoie. pas donneuse de leçons, juste quelqu’un qui serait une amie. Peut-on être amie d’un personnage de fiction, un personnage qui porte le prénom de Nina Simone ? Il faut croire que oui. Pas vraiment ce « narrateur omniscient » dont on nous a rebattu les oreilles. L’atelier d’écriture qui arrive au chapitre 20 donne des pistes : « Tu te sens loin de toutes ces polémiques. Tu veux juste déposer l’armure de protection. »

Eunice a 19 ans. Elle fait du sport. « Gouttes de sueur plutôt que larmes ». Elle va aller vers son enfance, celle de sa mère et de sa tante, celle de son père, et jusqu’aux grands-mères. Et insiste la couleur rouge : « camaïeu de rouges. Toujours ce rouge. Ton stylo est rouge. Ton sweat aussi est rouge. (…) l’agenda de ta mère, rouge. ».

La lecture appelle la voix, celle qui tutoie, celle de Lisette Lombé, et le rythme me saisit.

Reprendre au début : la mère d’Eunice est morte noyée en sortant d’une péniche une bouteille de mousseux à la main… Ce n’est pas un polar, mais il y a enquête. C’est Eunice qui enquête et va trouver des pistes : celle qu’on croit suivre exclusivement est celle des causes de la mort, mais très vite on comprend qu’il y en a d’autres et, particulièrement, la piste de l’amour. Plus question de s’emballer pour un gars qui joue. D’abord l’amour comme « une bouteille à la mer ». Puis les rencontres (piscine, atelier d’écriture). « Tu prononces le mot langue pour que ta langue entre dans sa bouche… ». Aimer la vie.