Deux adaptations de grands classiques de la littérature dans de puissants romans graphiques

mercredi 08 novembre

 Il y a bien des façons en tant que lecteur ou lectrice de se lancer dans la lecture d'un grand classique : l'attaquer frontalement en le traitant comme un autre livre, le déguster doucement quitte à chercher des explications de texte, l'aborder en le démystifiant en le découvrant en roman graphique.

Voici deux exemples de parutions récentes pour illustrer notre propos  : 

1-Le prophète de Khalil Gibran, Zeina Abirached aux éditions Seghers
Bon on ne va pas vous mentir, en roman graphique ce chef d'oeuvre de Gibran fait tout de même 306 pages. Néanmoins le texte est très aéré sur chaque double page, on avance donc plutôt vite dans sa lecture.
  C'est à l'occasion des 100 ans du Prophète, que la maison d'édition SEghers publie la première version du texte intégral intégralement dessiné par Zeina Abirached (autrice de Piano oriental).  Elle nous invite, avec ses illustrations en noir et blanc qui jouent avec l'ombre et la lumière, à rejoindre les habitants de la cité d'Orphalière, réunis dans le soleil couchant pour écouter les enseignements spirituels du jeune Almustafa. Après avoir délivré son message, il embarquera sur le navire qui doit le ramener sur son île natale. "C'est en lisant Le Prophète un crayon à la main et un carnet de dessin sur les genoux que je l'ai enfin rencontré.."Z.A 2-Miroir de nos peines , Christian de Metter, d'après le roman de Pierre Lemaitre, Rue de Sèvres

Miroir de nos peines n'est pas un classique mais comme pas mal de livres de Pierre Lemaître, un pavé, ce qui peut être aussi impressionnant.
Le roman se déroule en 1940, une période sombre dans l'histoire de France, ce que Christian de Metter traduit graphiquement par beaucoup de scènes plongées dans l'obscurité. Louise, 30 ans, court nue, sur le boulevard de Montparnasse et on devra lire la suite pour comprendre pourquoi. Au fil des pages, on découvre les héros et les salauds, les menteurs et les lâches mais aussi quelques hommes de bonne volonté. Pierre Lemaître, excusez le mot de jeu facile, est passé maître dans l'art du roman feuilleton, celui qu'on hâte de retrouver tous les soirs, celui qu'on a du mal à lâcher. Chacun de ses romans met en scène une galerie de personnages où l'on se perd un peu au début mais qu'on savoure ensuite. J'ai moins retrouvé ce "plaisir" de lecture dans cette version graphique, la psychologie des personnages étant forcément moins détaillée.
  A découvrir pour le talent de portraitiste de Christian de Metter !