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Franck Borman: De la Lune à Airbus!

Publié le 13 novembre 2023 par Toulouseweb
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Frank Borman : De la Lune à Airbus!

15 novembre 2023

Frank Borman occupe une place particulière pour les européens, français en tête. Il est bien triste que sa disparition soit passée inaperçue dans les grands médias européens.

Bien sûr et avant tout cet astronaute fut « le » pionnier de la Lune lors des missions Apollo. C’est lui qui, le 24 décembre 1968, alors qu’il commandait le vaisseau Apollo 8, accompagné de Jim Lovell et de Bill Anders, ayant quitté l’orbite terrestre, première mondiale, s’est placé en orbite autour de la lune, autre première mondiale, et a pu observer avec Lovell et Anders, pour la première fois d’un regard humain, la face cachée de notre satellite. Ils ont aussi, toujours une première, observé la Terre à près de 400.000 km de distance !

C’est à cette occasion qu’Anders a réalisé l’historique première photo d’un « lever de Terre », vu depuis la Lune. Image magnifique restée célèbre. Borman est décédé dans le Montana, le 7 novembre dernier, il avait 95 ans. Ce pilote a effectué une superbe carrière de pilote d’essais, puis d’astronaute, avant une carrière également remarquable de chef d’entreprise. Nous y viendrons.

On ne peut oublier qu’en 1966, il a effectué sa première mission spatiale, en tant que commandant du vaisseau biplace Gemini 7, la 4° mission habitée de la NASA. Avec Jim Lovell, lui-même, ( futur commandant de la fameuse, fabuleuse et incroyable mission lunaire Apollo 13), ils sont restés 14 jours dans l’espace. Record de durée en orbite autour de la Terre, réalisant également le premier rendez-vous orbital américain avec Gemini 6, autre capsule habitée. Mais sans s’arrimer.

Frank Borman était le doyen des 8 astronautes encore en vie parmi les 24* du programme Apollo. Désormais Jim Lovell, âgé également de 95 ans lui succède.

Précurseur autour de la Lune, il quitte la NASA en 1970 et se lance dans l’industrie. Il devient cadre dirigeant, puis, en 1976, président de la compagnie aérienne Eastern Airlines. Ce qui nous intéresse au plus haut point !

On se souvient. Airbus faisait ses débuts. Premier vol de l’A300B le 28 octobre 1972. C’est le premier gros porteur biréacteur au monde. Ses concurrents, les Boeing B747, Lockheed 1011 Tristar et McDonnell Douglas DC10 ont tous 4 ou 3 réacteurs ! Mais l’avion construit par les français, les allemands et les britanniques, un peu les belges également, propulsé par des moteurs américains, se vend très mal. Hors les compagnies nationales des pays constructeurs, et quelques rares clients en Asie, seuls 33 exemplaires seulement ont été vendus au total en 1976. Les chaînes de montage produisent. Les avions sans clients s’accumulent sur le parking de Toulouse : les fameuses « queues blanches » car sans logo de compagnies aériennes propriétaires sur la dérive ! Point de succès possible dans le monde sans le label « USA ». C’est clair. Il faut vendre aux américains. C’est le label. L’avion est bien certifié aux USA, mais il n’y a aucun client.

Les dirigeants d’Airbus, son patron en tête Bernard Lathière, organisent de vastes tournées de démonstration aux Etats-Unis, quelques touches. Mais rien ensuite. C’est là que vient l’idée de séduire Eastern Airlines. La grande compagnie américaine traverse une période économique difficile. Airbus, soit Lathière et son équipe, rencontrent Frank Borman, nouveau président à la tête de l’entreprise mal en point. Ils lui vantent leur avion, la version B4, plus grosse que le B2, et lui expliquent que c’est un « money maker » une machine à sous. Rentable. Qui sauvera Eastern.

Lathière joue le tout pour le tout. Il propose de louer pour pas cher 4 avions neufs pour une durée de 6 mois. Et de faire ensuite le bilan. L’accord est signé le 2 mai 1977 à Toulouse. Pour les appareils de série numéro 41 à 44. Au moins ils voleront ! C’est mieux que de « faire du béton » sur le parking toulousain !

Et c’est le succès. Eastern est plus que satisfaite. Frank Borman a joué le jeu, honnêtement. Malgré les fortes pressions des 3 constructeurs géants américains. Malgré le gouvernement protectionniste. L’astronaute-PDG, qui a le premier connu la Lune, passe alors une commande ferme pour 23 appareils A300B4, avec neuf de plus en option, ainsi que 25 intentions d’achat du futur A310, plus petit, mais plus long courrier, seulement piloté à 2, avec un cockpit tout en écrans.

C’est le succès. Succès de Borman, succès de sa compagnie, et en cascade, succès pour Airbus qui enfin « décolle » et vend. Nous, français, allemands, britanniques qui tentions de faire renaitre notre industrie aéronautique après-guerre, et qui, malgré la réussite technique, n’avions pas rencontré le succès avec le Concorde, entrions enfin dans la « cour des grands ». Merci Frank Borman. Merci à cet esprit pionnier qui cette fois là a profité à une longue lignée d’avions qui remportent succès sur succès. Devenus les seuls concurrents de Boeing après l’abandon des McDonnell Douglas et Lockheed.

Frank Borman était membre de l’Académie de l’Air et de l’Espace, créée par André Turcat et basée à Toulouse. Elle fête ce mois-ci ses 40 ans !

Michel Polacco

*24 humains jusqu’à ce jour ont quitté l’orbite terrestre. Tous dans le cadre des missions Apollo. Tous américains. (Apollo 8, Apollo 10, Apollo 11 à 17). Certains 2 fois sinon nous serions à 27 !

A300B : https://fr.wikipedia.org/wiki/Airbus_A300

Borman Aérobuzz : https://www.aerobuzz.fr/culture-aero/frank-borman-commandant-dapollo-8-est-decede/?utm_source=mailpoet&utm_medium=email&utm_campaign=Newsletter+Quotidienne

Borman Wiki : https://fr.wikipedia.org/wiki/Frank_Borman

Académie de l’Air et de l’Espace : https://academieairespace.com/


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