Magazine Culture

Comment une critique malencontreuse des Who a conduit les Beatles à créer “Helter Skelter”.

Publié le 15 novembre 2023 par John Lenmac @yellowsubnet

Si vous écoutez “Helter Skelter” suffisamment fort, vous risquez de vous faire arracher des plombages de la tête. Dans un blitzkrieg de guitares pneumatiques, de voix démentes et d’intention de casser les dents, les Beatles sont passés au punk avec un single si rauque que sa sombre vigueur a malheureusement eu des conséquences désastreuses. Le titre classique de leur disque de 1968 a eu un impact profond.

Le monde n’avait jamais rien entendu de tel, ce qui a malheureusement donné lieu à des interprétations erronées. Un Charles Mason dérangé pensait que cette chanson était plus qu’une simple bizarrerie musicale, et selon ses calculs tordus, il s’agissait en fait d’une prophétie codée d’une guerre raciale à venir. Selon lui, les paroles annonçaient que la “Manson Family” serait le dernier peuple blanc de la Terre à émerger de la clandestinité pour régner.

Bien sûr, il s’agissait là d’une pure folie, et le morceau ne faisait qu’associer le classique manège de foire à un peu d’énergie sexuelle atavique afin de fournir à Paul McCartney une déclaration sévère indiquant qu’il n’était pas seulement “l’homme à fleur de peau”. Mais c’est la nouveauté audacieuse de cette frénésie dramatique, qui consiste en quelques accords joués comme un bruit organisé, qui a suscité toute une série d’opinions étranges sur le morceau, comme c’est souvent le cas lorsque le monde découvre quelque chose de nouveau.

Cependant, l’ironie est que la chanson est née du fait que McCartney pensait que le monde avait déjà entendu quelque chose de semblable depuis un certain temps. En feuilletant un magazine, le Beatle est tombé sur une critique de l’album The Who Sell Out, dans laquelle un critique décrivait le titre “I Can See for Miles” comme une bête gutturale des enfers, à la manière dont Cormac McCarthy pourrait décrire un ouragan de catégorie 5.

Les Who ont apparemment créé la chanson la plus “lourde” que le rock ait connue à ce jour. McCartney est impressionné comme il se doit, mais aussi passablement énervé. À l’époque, le mouvement de la contre-culture se laisse pousser les cheveux, pour ainsi dire, et il en a assez d’être surnommé le jeune homme propre sur lui du groupe. Il s’est donc juré de surpasser ses contemporains lorsqu’il s’agissait de se lâcher. Sans avoir jamais entendu “I Can See for Miles”, il se basait sur la force qu’il devait déployer pour être couronné le plus sinistre, et il a donc jeté l’évier de la cuisine sur les choses.

Comme il l’a rappelé lors d’une interview accordée à Radio Luxembourg à l’occasion de la sortie de “Helter Skelter” quelques mois plus tard, “j’avais lu une critique d’un disque qui disait : ‘et ce groupe nous a vraiment déchaînés, il y a de l’écho sur tout, ils crient à tue-tête’. Et je me souviens m’être dit : ‘Oh, ce serait génial d’en faire un. Dommage qu’ils l’aient fait. Ça doit être génial – un disque vraiment criant'”.

Il sera bientôt déçu de constater que la prose a quelque peu surestimé les Who. “J’ai entendu leur disque et il était très direct, très sophistiqué”, se souvient McCartney. Il s’était déjà fait une idée de ce que cela devait donner dans sa tête, et son image ne correspondait pas. “Ce n’était pas du tout rugueux, ni crié, ni écho de bande. Je me suis donc dit : “Oh, eh bien, on va en faire une comme ça, alors”. Et j’avais une chanson qui s’appelait ‘Helter Skelter’, qui est tout simplement ridicule. Nous l’avons donc fait comme ça, parce que j’aime le bruit”. Et ce bruit a certainement ébranlé le monde d’une multitude de façons qu’une seule critique emportée n’aurait jamais pu savoir qu’elle avait engendré.

La boutique Beatles : goodies, gadgets, instruments de musiqueLa boutique Beatles : goodies, gadgets, instruments de musique

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


John Lenmac 6235 partages Voir son profil
Voir son blog

Magazines