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Juste avant l'aube ... un monde infini

Publié le 20 août 2008 par Christophe Laurent

L'été n'est pas terminé, et le temps du dilettante que j'aime tant prétendre être est encore d'actualité [et avouons le, cela nous changera de l'actualité morose et parfois carrément débile que l'on nous sert, genre « info ou intox ? », entre des Jeux Olympiques qui sont ne sont pas politiques, une guerre en Géorgie qui est n'est pas liée à la stratégie d'approvisionnement en énergie mais à la souveraineté des peuples, le fait qu'il soit plus pertinent médiatiquement humainement de rendre hommage à des soldats morts au combat qu'à des accidentés de la route, Barak Obama est-il l'antéchrist ?[1] etc.], l'été n'est pas terminé, alors je vous propose de prolonger le plaisir estival et de s'évader du tripalium infernal que  constitue le travail en vous faisant part de quelques livres que j'ai lu ces dernières semaines et dont j'aimerai vous donner envie de les découvrir à votre tour. Juste un lien avec la rentrée littéraire car il s'agit d'anciennes publications.

Juste avant l'aube ... un monde infini
Le premier, mon préféré, est « Kafka sur le rivage » de l'écrivain Haruki Murakami. Il s'agit d'un auteur que je n'avais jamais lu. Un livre qui de prime abord pourra paraître surprenant au regard de sa qualification de roman. Mais il est vrai qu'il faut bien qualifié et classifié. Personnellement, je le mettrai dans la série rêve, poème, fantastique, enfin et en fait peu importe, c'est un voyage dans un autre monde, celui de l'écrivain dont certains ont paru être dégouttés après l'avoir apprécié (ce qui ne peut être mon cas puisque je le découvrais) allant jusqu'à regretter le buzz fait autour de ce livre sorti en 2006 et de dénigrer sans art d'autres œuvres du même auteur. On trouvera d'autres critiques, à propos et à ce propos, d'autres critiques, tout simplement ou celle d'un rat de bibliothèque, qui nous précisent qu'il ne s'agit pas de l'histoire d'un praguois contrairement à ce que le titre laisse présager, mais plutôt d'un présage voire d'une malédiction ou plutôt d'une prophétie oedipienne - eh oui, il y a du sexe là-dedans et je ne dis pas cela pour jouer sur votre libido - mais parce que ce songe d'une nuit d'été se transforme en voyage initiatique. Comme le dit André Clavel, « Lire Murakami, c'est donc marcher vers l'inconnu ». Voici quelques extraits ...

« Parfois, le destin ressemble à une tempête de sable qui de déplace sans cesse. Tu modifies ton allure pour lui échapper. Mais la tempête modifie aussi la sienne. Tu changes à nouveau le rythme de ta marche, et la tempête change de rythme elle aussi. C'est sans fin, cela se répète un nombre incalculable de fois, comme une dans macabre avec le dieu de la Mort, juste avant l'aube. Pourquoi ? Parce cette tempête n'est pas un phénomène venu d'ailleurs, sans aucun lien avec toi. Elle est toi-même, et rien d'autre. Elle vient de l'intérieur de toi. Alors, la seule chose que tu puisses faire, c'est de pénétrer délibérément dedans, fermer les yeux et de te boucher les oreilles afin d'empêcher le sable d'y entrer, et la traverser pas à pas. Au cœur de cette tempête, il n'y a pas de soleil, il n'y a pas de lune, pas de repères dans l'espace ; par moments, même le temps n'existe plus. Il n'y a que le sable blanc et fin comme des os broyés qui tourbillonne haut dans le ciel. Voilà la tempête de sable tu dois imaginer. »

« Le temps pèse sur  toi comme un vieux rêve au sens multiple. Tu continues à avancer pour traverser ce temps. Mais tu auras beau aller jusqu'au bord du monde, tu ne lui échapperas pas. Pourtant, même ainsi, il te faudra aller jusqu'au bord du monde. Parce qu'il est parfois impossible de faire autrement. »

« Le monde est une métaphore »

Juste avant l'aube ... un monde infini
Le second livre est « Company Man » de Joseph Finder, ancien officier de renseignements (voir aussi le site officiel de Joseph Finder) Nous voilà donc dans un genre complètement différent et pour cause avec l'auteur de « Paranoïa », connu pour ses romans d'espionnage et thrillers dans les milieux d'affaires, nous revenons sur terre et nous souvenons que nous avons une vie, un travail, une famille, et que tout cela peut basculer ... même et surtout lorsque l'on est PDG d'une grande entreprise comme l'est (Steelcase) Stratton. Dans un style agréable, la vie de Nick Conover, le PDG, nous est contée tel que la vie est c'est-à-dire loin d'être un long fleuve tranquille. Rien n'est inutile dans ce livre, tout sert la narration. Choisir une citation a d'autant était plus difficile, mais je crois avoir trouvé la seule qui se justifie et éclaire le roman. Il a reçu le prix des lecteurs en 2008 en livre de poche, celui dans lequel je l'ai lu.

« Ils étaient comme des surfeurs qui glissent sur la vague, et peu importait pour le moment la profondeur vertigineuse de l'eau qui les portait et les monstres aux dents acérées qui y évoluaient. [Ils] se laissaient vivre et flotter au soleil, et semblaient comprendre que la seule façon de se maintenir à la surface était de ne pas penser à tout ce qui pouvait les menacer au dessous. »

Juste avant l'aube ... un monde infini
Le troisième livre est «  L'Ami de Galilée », un roman historique de Isaia Iannaccone. Il s'agit, comme dans le premier livre, d'un voyage dans le temps puisque nous voilà en l'année 1611 en compagnie de Johann Schreck dit Terrentius, de Galilée, de la compagnie des Jésuites, on suit les traces de Giordano Bruno ; il s'agit aussi d'un voyage dans l'espace nous emmenant, opportunément en cette période olympique, dans la Chine de l'époque. J'ai choisi de vous parler de ce livre pour ne multiples raisons mais l'une d'elle teint à l'auteur lui Isaia Iannaccone, né à Naples, chimiste, sinologue spécialisé dans l'histoire de la science et de la technique de ce brillant pays et parce que celui-ci s'est vu refusé son projet de livre dans son pays d'origine et l'a donc fait publié en France. Il nous fait redécouvrir qu'en ces temps finalement pas si lointains, l'Europe était traversée par un grand mouvement de religiosité qui a poussé nombre d'individus à faire le choix de la connaissance au péril de leur vie ou au contraire à abjurer pour reconnaître « la vérité de la foi » et le seul pouvoir de Dieu sur Terre, celui du Pape. En ces temps-là, l'auteur et le héros nous rappellent que la Chine était une « oasis » pour ceux qui cherchaient à comprendre le monde par la science encore naissante, juste histoire de se souvenir que les valeurs changent, et que la roue tourne. Contrairement au précédent livre, de nombreuses citations auraient pu convenir

« Sans relever la tête, le prisonnier avait affirmé : ‘Eminence, vous conviendrez qu'un monde infini, infiniment riche, infiniment étendu, en perpétuelle mutation, éternel et privé des limites à l'intérieur desquelles les sphères cristallines pourraient le figer est le signe de Sa perfection, non de Son absence.' 

‘L'univers infini ? Vous persistez à l'affirmer ?'»

Si vous avez lu ces lignes et ces livres, donnez-moi votre avis, sinon dites-moi si je vous ai donné envie de les lire et revenez encore et encore ...


[1] Il s'agit pas d'une blague potache, le site de John McCain a bien diffusé un clip a ce sujet CNN en a fait un sujet - Pour en savoir plus sur cette polémique voir l'article de Jérôme Hourdeaux


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