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De Merida à Bradenton, le bel automne du circuit Junior sur terre battue

Publié le 06 décembre 2023 par Francky
De Merida à Bradenton, le bel automne du circuit Junior sur terre battue
Tandis que l'Orange Bowl bat son plein en Floride pour le dernier grand rendez-vous de l'année sur le circuit Junior, les deux semaines écoulées ont constitué un morceau de choix avec deux tournois incontournables qui ont non seulement permis de jauger les forces en présence, mais aussi de dessiner les contours de ce à quoi pourrait ressembler l'année 2024. Retour en détail sur ces deux événements marquants, la Copa Yucatan à Mérida et le tournoi Eddie Herr à Bradenton, avant que l'Orange Bowl ne couronne sa nouvelle championne.
Laura Samsonova, reine de la péninsule.
Laura Samsonova n'est pas venue dans le Yucatan pour faire de la figuration. Tête de série numéro une du tournoi de Mérida, elle a fait valoir son rang en soulevant la coupe à l'issue d'une finale maîtrisée avec autorité contre l'américaine Kaitlin Quevedo, tête de série n°2. C'était d'ailleurs tout sauf un hasard que les deux premières têtes de série se retrouvent face à face pour l'obtention du titre tant leur saison fut en tout point enthousiasmante. Entre l'éclosion de Laura Samsonova cette année sur le circuit Juniors, tant en individuel qu'en équipe (sa demi-finale à l'US Open, sa victoire en Summer Cup avec ses compatriotes Alena Kovackova et Eliska Forejtkova) et la confirmation d'un fort potentiel chez Kaitlin Quevedo qui a confirmé sa montée en puissance en gagnant le prestigieux Trofeo Bonfiglio à Milan, il ne faisait quasiment aucun doute chez les observateurs que les deux jeunes femmes allaient briller dans cette épreuve. Pour la tchèque de quinze ans, la constance fut le maître mot. Hormis un premier set très accroché en demi-finales, remporté 12-10 au jeu décisif, contre l'américaine Ariana Anazagasty-Pursoo, finaliste de l'édition 2022, Samsonova est restée régulière tout au long du tournoi, sans donner l'impression d'être poussée dans ses retranchements, ne cédant le plus souvent que quelques jeux en cours de route (un contre l'américaine Aoife Kuo au premier tour, deux contre la polonaise Monika Stankiewicz au troisième, tandis qu'elle infligeait plus tard un cuisant 6-1 à Anazagasty-Pursoo dans le deuxième set de sa demi-finale). Un rythme de métronome qui permit à la tchèque de ne pas céder le moindre set de tout le tournoi. Quevedo, elle, dut s'employer beaucoup plus. Certes, elle eut d'abord un chemin sans encombre en ne laissant que quelques miettes durant les trois premiers tours. Même sa compatriote Claire An, pourtant victorieuse de l'Easter Bowl cette année chez les U16, ne fit pas le poids contre elle en huitièmes de finales. C'est à partir des quarts de finales que l'américaine a commencé à se mettre dans le dur avec un match accroché dans le deuxième set contre la russe Daria Egorova, suivi d'une demi-finale encore plus disputée contre la tchèque Alena Kovackova qu'elle a tout de même battue deux manches à zéro mais, au prix d'un très gros effort. Cueillie à froid par Samsonova en finale, Quevedo a semblé parfois impuissante face aux attaques fulgurantes de la tête de série numéro une. En gagnant la Copa Yucatan, Laura Samsonova a enregistré son quatrième titre en individuel sur le circuit ITF Juniors, le plus beau, un J500, soit la crème des tournois Juniors ou l'équivalent d'un WTA 1000 chez les professionnelles. Elle pourrait concrétiser ce formidable résultat en Floride cette semaine, lors de l'Orange Bowl. 
Les américaines placées mais, pas récompensées.
Après la finale cent pour cent américaine de l'année dernière (victoire de Clervie Ngounoue sur Ariana Anazagasty-Pursoo), précédée d'une période d'hégémonie de 2015 à 2017, les États-Unis espéraient bien garder la coupe dans leur giron, surtout qu'elles se présentaient avec un gros contingent de dix-neuf joueuses. Leur réussite fut finalement assez mitigée. Ariana Anazagasty-Pursoo, qui rentrera l'année prochaine dans son dernier cycle chez les Juniors, s'est rappelée à notre bon souvenir en tentant de belles choses. Malgré une écrasante victoire sur la prodige britannique Hannah Klugman en huitièmes de finales, elle allait subir la loi de Samsonova dans le dernier carré, privée ainsi d'une deuxième finale consécutive dans l'épreuve. Ce sont les trois premiers jours de compétition qui furent fatals à beaucoup de représentantes de la bannière étoilée, si bien qu'elles n'étaient plus que deux au stade des quarts de finales. On eut quelques bonnes choses, tout de même. Leena Friedman, par exemple, lauréate de deux tournois Juniors cette année, dont celui du Pont des Générations à Avignon, est allée chercher une superbe victoire au deuxième tour contre la béninoise Gloriana Nahum. Mia Slama fut aussi dans le coup pendant un moment, elle qu'on avait vu s'imposer en 2022 à l'Open d'Istres, mais, fut stoppée soudainement par Alena Kovackova au troisième tour. Le clan américain nous réserva tout de même des surprises avec Maya Dutta, inattendue huitième de finaliste, très discrète dans les gros tournois cette année, et surtout Monika Ekstrand, huitième de finaliste elle aussi, une grande première pour elle dans un tournoi de cette importance. Ekstrand a néanmoins confirmé qu'elle était dans une assez bonne dynamique après un été florissant durant lequel elle a gagné le tournoi de Montréal (J200, victoire contre Claire An en finale) avant d'aller jusqu'en quarts de finales des championnats Pan-Américains à Houston (J300). 
La Bulgarie en force.
Trois joueuses bulgares sont arrivées en quarts de finales de la Copa Yucatan, ce qui en faisait le pays le plus représenté à ce stade devant les États-Unis et la République Tchèque. Voilà qui est assez rare pour être signalé. Parmi elles, Rositsa Dencheva était bien sûr attendue. La bulgare de seize ans a beaucoup tenté cette année, ne ménageant pas ses efforts entre le circuit Juniors et le circuit professionnel où elle a opéré une très belle percée en atteignant deux demi-finales à Héraklion et Monastir. À Mérida, sa victoire expéditive contre Wakana Sonobe (6-2 6-2) en huitièmes de finales, laissait présager du meilleur pour la suite. Hélas pour elle, elle fut ramenée sur terre de façon brutale par une indomptable Laura Samsonova qui la maîtrisa 6-2 6-3. Iva Ivanova, dix-sept ans, a elle aussi proposé du bon tennis avant qu'elle ne s'écrase en quarts de finales contre le mur dressé par la tchèque Alena Kovackova. Enfin, il y eut la surprise Yoana Konstantinova. Enfin, surprise pas vraiment, si l'on se réfère à ses résultats en Juniors avec cinq tournois remportés, dont un cette année chez elle à Haskovo (J200), sans oublier sa demi-finale à Zapopan (J300) le mois dernier. Là où réside la surprise est le fait qu'elle n'était pas tête de série à Mérida et qu'elle n'avait encore jamais atteint les quarts de finales dans un tournoi de catégorie J500. Bravo, donc, à cette jeune génération bulgare qu'il faudra surveiller avec intérêt l'année prochaine et pourquoi pas dès cette semaine à l'Orange Bowl. 
La perfection selon Wakana Sonobe à Bradenton.
Une japonaise peut en cacher une autre. À Bradenton (J300), sur les courts prestigieux de l'académie fondée par Nick Bollettieri, Wakana Sonobe, quinze ans, a succédé à sa compatriote Mayu Crossley en remportant le tournoi Eddie Herr aux dépens de la serbe Teodora Kostovic, 6-3 6-1. Est-ce un résultat surprenant ? Pas vraiment si l'on se réfère aux résultats de la jeune nippone cette année (victoire à Charleroi-Marcinelle à laquelle il faut ajouter une finale sur le circuit professionnel à Hilton Head). En revanche, c'est le parcours qu'elle a accompli à Bradenton qui a de quoi impressionner. Successivement, ce sont Valerie Glozman, Jeline Vandromme, Rositsa Dencheva, Laura Samsonova (qui venait pourtant de gagner à Mérida) et Tyra Caterina Grant qui ont chuté face à Sonobe avant que cette dernière ne termine son œuvre par cette victoire nette et sans bavure contre Kostovic. Un abattage de toute première qualité qui a véritablement projeté la japonaise dans une nouvelle dimension. La pauvre Teodora Kostovic, joueuse capable de dégoupiller sur un court de façon très imprévisible, a paru bien impuissante malgré un parcours tout aussi superbe au cours duquel elle a sorti du tournoi Alena Kovackova et Iva Jovic. Quant à Wakana Sonobe, le doute n'est plus permis. Elle a prouvé de façon éclatante qu'il faudra compter sur elle à l'avenir en tant que fer de lance de la nouvelle génération japonaise avec ses compatriotes Sara Saito et Sayaka Ishii.
Des tchèques en retrait et des américaines décevantes.
Les États-Unis attendent depuis 2017, et Whitney Osuigwe, de pouvoir enfin remporter le tournoi Eddie Herr. Il faudra attendre une année supplémentaire tant la déception fut grande pour elles sur les courts en terre battue de l'académie IMG. Comme à Mérida, le contingent était impressionnant avec dix-neuf représentantes. Mais, en quarts de finales, elle n'étaient déjà plus que deux. Si Iva Jovic et Tyra Caterina Grant sont allées loin, pour d'autres en revanche, ce fut la déconfiture ou la soupe à la grimace. Entre les défaites au premier tour de Tatum Evans, Valerie Glozman, Thea Frodin et Ariana Anazagasty-Pursoo, ainsi que les sorties peu glorieuses de Victoria Osuigwe et Alanis Hamilton, toutes deux éclipsées avant les quarts, on ne peut pas dire que ce fut une semaine de rêve pour le pays de l'Oncle Sam. Longtemps dans le coup, Jovic et Grant, dont on espérait beaucoup, ont fini par exploser en demi-finales, respectivement contre Kostovic et Sonobe, alors qu'elles avaient pourtant de nombreux atouts dans leur poche. La séance de rattrapage sera décisive pour les américaines à l'Orange Bowl. Même les tchèques furent mises à la faute en n'étant pas représentées en demi-finales. Leurs deux meilleures joueuses, Laura Samsonova et Alena Kovackova avaient pourtant bien débuté le tournoi avant que les quarts de finales ne leur soient fatals. Face à Wakane Sonobe, Samsonova, tête de série numéro une et lauréate de la Copa Yucatan, n'a quasiment pas existé, produisant un de ses pires matches de l'année, comme si elle était dans un jour sans. Nous verrons si l'Orange Bowl permettra à toutes ces joueuses de se remettre les idées en place.
Deux semaines de compétition riches d'enseignements.
Que ce soit à Mérida ou à Bradenton, ces quinze jours très intenses de compétition nous auront appris certaines choses. C'est une confirmation, nous avons une hiérarchie qui est en train de se mettre en place sur le circuit Juniors. Maintenant que des joueuses comme Alina Korneeva, Mirra Andreeva, Clervie Ngounoue et Renata Jamrichova sont plus accaparées par le circuit professionnel, de nouveaux chemins s'ouvrent pour celles qui étaient un peu plus en retrait. Le circuit Juniors est, en quelque sorte, en train de se régénérer, accomplissant ainsi sa mutation logique vers une année 2024 qui s'annonce plus passionnante que jamais. 

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