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L’Année de la pensée magique

Publié le 11 décembre 2023 par Adtraviata
L’Année de la pensée magique

Quatrième de couverture :

Une soirée ordinaire, fin décembre à New York. Joan Didion s’apprête à dîner avec son mari, l’écrivain John Gregory Dunne – quand ce dernier s’écroule sur la table de la salle à manger, victime d’une crise cardiaque foudroyante.
Pendant une année entière, elle essaie de se résigner à la mort de son compagnon et de s’occuper de leur fille, gravement malade. Dans un récit sobre et sans complaisance
, l’auteur raconte la folie du deuil et dissèque, entre sécheresse clinique et monologue intérieur, une expérience indicible – et sa rédemption par la littérature.

Je découvre enfin ce texte et cette autrice grâce aux sorcières de la littérature (avec Lili des Bellons sur Instagram). Encore une sortie de PAL ancienne.

Pendant une année, Joan Didion est submergée par la mort brutale (et pourtant prévisible) de son mari, John Dunne, avec qui elle a partagé pendant quarante ans une intimité intellectuelle très forte. « La pensée magique », c’est de ne pouvoir s’empêcher de penser que John pourrait revenir, en tentant de retracer le fil des événements pendant les derniers jours de vie de son mari, en lisant beaucoup de littérature sur le sujet de la mort, des crises cardiaques massives et du deuil. Pendant ce temps, l’écrivain est confrontée à la maladie de sa fille unique, d’abord plongée dans le coma suite à une infection pulmonaire aiguë, ensuite victime quelques mois plus tard de graves hémorragies cérébrales.

Ce récit m’a intéressée, notamment cette complicité intellectuelle qui a uni John et Joan pendant si longtemps et ce sentiment de perte, d’abandon irréparable, mais à force de tenir l’émotion à distance, d’éviter à tout prix l’apitoiement par une écriture sèche, sans pathos, Joan Didion a fini par me mettre moi-même à distance. Certes, je comprends tout à fait le procédé pour se protéger d’une douleur insupportable mais j’ai eu du mal à m’y intéresser jusqu’au bout, j’ai trouvé le tout un peu répétitif à la longue. De plus, désolée de paraître peut-être mesquine, c’était un peu difficile de s’identifier à quelqu’un qui prend l’avion comme on prend les transports publics, qui passe quasi toutes ses soirées dans des dîners à l’extérieur et est entourée d’une myriade de relations qui lui ouvrent toutes les portes ou presque.

Il n’empêche que cette femme a eu un destin tragique : elle a perdu son mari, sa fille et est morte des suites de la maladie de Parkinson. J’admire son caractère et sa résistance. Dans ma PAL, j’ai Le bleu de la nuit où elle raconte la mort de sa fille. Je mettrai un certain temps à le sortir.

« La mort d’un parent, écrivait-il, « quoique nous y soyons préparés, et malgré notre âge, remue des choses profondes en nous, déclenchent des réactions qui nous surprennent et peuvent libérer des souvenirs, des sentiments que nous pensions éteints depuis longtemps. C’est comme si, durant cette période indéterminée qu’on appelle le deuil, on était dans un sous-marin, entouré par le silence de l’océan, conscient du poids de la profondeur, tantôt proche, tantôt lointain, assailli par la mémoire. » (p. 38)

« Je sais pourquoi nous essayons de garder les morts en vie : nous essayons de les garder en vie afin de les garder auprès de nous.
Je sais aussi que, si nous voulons vivre nous-mêmes, vient un moment où nous devons nous défaire de nos morts, les laisser partir, les laisser morts.
Les laisser devenir la photo sur la table de chevet.
Les laisser devenir le nom sur les comptes de tutelle.
Les laisser partir au fil de l’eau.
Savoir tout cela ne rend pas plus facile de le laisser partir au fil de l’eau. »

« Que donnerais-je pour avoir la possibilité d’en discuter avec John ?
Que donnerais-je pour avoir la possibilité de discuter de n’importe quoi avec John ? Que donnerais-je pour avoir la possibilité de dire un seul de ces petits riens qui le rendaient heureux ? Que serait ce petit rien ? Si je l’avais dit à temps, est-ce que ça aurait marché ? »
(p. 183)

Joan DIDION, L’Année de la pensée magique, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Pierre Demarty, Le Livre de poche, 2009 (Grasset, 2007)


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