La chanson des Beatles que John Lennon a mis six semaines à écrire

Il est difficile de choisir la meilleure chanson de John Lennon, sans doute l’un des plus grands auteurs-compositeurs de notre époque. De nombreux titres différents viennent à l’esprit, que ce soit au sein des Beatles ou au cours de sa carrière solo, mais un morceau figure souvent en bonne place sur la liste de tous les fans : “Strawberry Fields Forever” (Les champs de la fraise pour toujours). Il se trouve qu’il y a peut-être une bonne raison à cela, car il lui a fallu plus de six semaines pour mettre au point cette chanson, ce qui lui a demandé un énorme travail d’introspection.

En 1966, Lennon est engagé par Dick Lester dans le film How I Won The War. Lennon joue le rôle du soldat Gripweed et commence à écrire la chanson entre les prises. “J’écrivais la chanson pendant que je tournais le film”, a-t-il déclaré. “Comme tout le monde le sait à propos du travail cinématographique, il y a beaucoup d’attente”.

La chanson a commencé par une incursion dans le passé, Lennon se laissant aller à la nostalgie pour imaginer un endroit proche de lui. “J’ai vu Strawberry Field décrit comme un endroit terne et crasseux à côté de chez lui, que John imaginait comme un endroit magnifique”, a déclaré McCartney lorsqu’on l’a interrogé sur la chanson. Le souvenir que John en a gardé n’a rien à voir avec le fait qu’il s’agissait d’un foyer de l’Armée du Salut ; cela se passait à la maison. Il y avait un mur que l’on pouvait enjamber et c’était un jardin plutôt sauvage, pas du tout entretenu, il était donc facile de s’y cacher”.

Cependant, lorsque Lennon a eu le temps de réfléchir au contenu de la chanson, le sens s’est progressivement modifié et ce regard sur le passé est devenu beaucoup plus introspectif, en partie alimenté par le pouvoir des souvenirs, mais accompagné de lunettes teintées de LSD. La chanson est une réflexion, mais une réflexion obscurcie par des sensations hallucinogènes ; en d’autres termes, “rien n’est réel”.

La deuxième ligne dit : “No one I think is in my tree”, a déclaré Lennon. “Je pense que j’essayais de dire dans cette ligne que personne ne semble être aussi branché que moi, donc je dois être fou ou un génie… Ce que je dis, à ma manière peu sûre, c’est que personne ne semble comprendre d’où je viens. Je semble voir les choses d’une manière différente de la plupart des gens”.

Regarder trop loin dans le passé et s’auto-évaluer au cours de cette recherche peut conduire les gens dans un trou de lapin. Il semble que ce soit ce qui est arrivé à Lennon lorsqu’il a écrit “Strawberry Fields”, ce qui explique pourquoi il a fallu tant de temps pour le terminer et pourquoi il s’agit d’un récit si brut que les fans s’y reconnaissent. Lennon l’a même décrite, ainsi que “Help !”, comme “l’une des rares vraies chansons que j’ai jamais écrites… ce sont celles que j’ai vraiment écrites à partir de mon expérience et non en me projetant dans une situation et en écrivant une belle histoire à ce sujet”.

Le temps que Lennon a consacré à cette chanson et la vulnérabilité dont il a fait preuve tout au long de sa conception et de son analyse est probablement la raison pour laquelle elle est l’une des chansons les plus marquantes de la vaste discographie des Beatles.