La chanson des Beatles qui a été numéro un pour trois artistes différents

Après le succès de leur dernier album, “Now and Then”, les Beatles ont pu clore leur répertoire en atteignant le nombre inégalé de 21 chansons numéro un. Cet exploit montre que les Fab Four sont peut-être la force culturelle la plus remarquable de l’histoire. Car, en dépit de ce que le sommet des hit-parades implique, le groupe n’a jamais été très commercial. Même les premiers morceaux, avant que l’expérimentation avant-gardiste ne prenne le dessus, avaient une pulsation subversive.

“Ce que les gens oublient, je pense, c’est qu’à l’époque, le groupe était vraiment rebelle, brutal, espiègle et plein de vie, et irrésistible pour n’importe quel jeune. Les Beatles ont eu une influence considérable sur mon enfance”, a déclaré Peter Gabriel à ABC. “À mes yeux et à mes oreilles, ils ont constitué une percée bien plus importante que, par exemple, les Sex Pistols, qui étaient plus stylistiques, je pense, et pas vraiment axés sur la musique ou la révolution.

Mais surtout, la révolution que les Beatles appelaient de leurs vœux a été soutenue par un éventail ahurissant de chansons qui ont dépassé le cadre du mouvement pour s’inscrire à jamais dans la société. Il n’y a pas de meilleur signe de leur attrait à la fois transcendant et commercial que le fait qu’ils aient réussi à créer une chanson avec laquelle trois autres artistes ont réussi à se hisser au sommet des hit-parades.

With a Little Help from My Friends” n’a jamais été publiée en tant que single de l’album Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band de 1967. Le fait que les applaudissements nourris de la première partie de l’album se soient transformés en un titre chanté par Ringo Starr a empêché la sortie d’un single. Cependant, des années plus tard, lorsque l’album a été réédité, il y a eu plus de temps pour faire un montage du titre, qui est donc finalement sorti en tant que single, mais il a malheureusement été classé dans les charts à la 63e place.

C’est peut-être une question de timing qui l’a empêché de s’épanouir. Mais il y a un autre facteur important. Joe Cocker avait repris la chanson, l’avait transformée en un arrangement inspiré d’Aretha Franklin et en avait livré la version définitive, qui devint rapidement un hymne de la contre-culture après son interprétation à Woodstock. Avant ce couronnement de la chanson, la version de Cocker s’était déjà hissée en tête des hit-parades dès sa sortie.

Il n’est guère surprenant qu’il ait obtenu un tel succès avec cette chanson ; non seulement Cocker lui-même a été surnommé l’un des plus grands chanteurs de tous les temps par Bob Dylan, mais il est également utile de prendre une chanson des Beatles, d’y ajouter quelques inspirations de Franklin et de Ray Charles, puis de réunir un groupe comprenant le légendaire batteur de Procol Harum, B.J. Wilson, et Jimmy Page à la guitare, puis d’engager le futur producteur de David Bowie, Tony Visconti, pour faire équipe avec Denny Cordell à la production. Et c’est ainsi que la chanson est entrée pour la première fois dans les hit-parades.

Les occasions suivantes ont été un peu plus particulières. La première a eu lieu en 1988 lorsque Wet Wet Wet Wet a sorti une version pour l’organisation caritative Child Line. Leur tentative attendrie a conquis le cœur de la nation à une époque où les Beatles étaient de retour en grande pompe. Cependant, le dernier numéro un du trio est une bizarrerie plus oubliable : en 2004, Sam & Mark, qui étaient deuxième et troisième de Pop Idol, ont réussi à trouver le succès.

Cela montre bien la force singulière des Beatles : combien d’autres groupes ont pu mettre leur batteur au chant sur un morceau d’album et le voir devenir une épopée de la contre-culture, une berceuse de charité adorée par les derniers chouchous de la pop, et une particularité commerciale par une personnalité de la télévision, qui ont tous connu le succès à leur manière ?