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Le choc des maux, le poids des zigotos

Publié le 20 décembre 2023 par Paulo Lobo
choc maux, poids zigotos
Le choc des mots, la légèreté des images, l'envie de tout effacer, puis de recommencer, puis de s'en sortir, puis de plonger la tête la première dans les bas-fonds méridionaux. Il y a tout cela et bien plus encore au fond de ma poche, un peu plus, un peu moins, qu'est-ce que ça peut faire ? Je me rappelle les Apaches, et pourtant je ne savais pas, cela n'était pas important. Je n'étais que moi tout seul, dans ma tête et dans mon corps. Sans jamais me douter qu'un jour, il n'y aurait plus rien, à peine une petite sensation de picotement dans la peau, une lumière clignotant au gré de l'eau qui coule. Qu'est-ce que ça peut faire, peu importe les gens, peu importe les commandes, la comptabilité s’essouffle, la comptabilité s'ébroue, l'été, la tasse de thé et les taxes tomberont des nues. Mais il n'y aura rien de personnel, ce ne sera que la rançon de ton humanité, de ta vie en société. Non, il n'y a pas d'île nulle part, non, il n'y a pas de ville nulle part, non, il n'y a pas d'idylle nulle part, non, il n'y a pas de cité pépère. 
Il n'y a pas d'atelier à poings fermés, tu ne t'en sortiras jamais, tu voudras mais ne pourras pas. Tu rentreras, tu ramperas au sol, tu tremperas dans des eaux usées jusqu’à la moelle. 

Je n'ai jamais retrouvé mon fil conducteur, jamais oublié de pointer, ni de pleurnicher. Ne t'en fais pas, suis ta route, donc tu peux, et quand tu ne pourras plus, laisse-toi choir.

Pousse les notes toujours plus haut, passe la main, lance le mur, 11 heures, il est 11 heures, la vie s'éteint. Les rues sont désertes, les cafés se pâment d'ennui. Je ne sais où mes paroles me mènent, où mes arrimages me mènent, 

Arrêt sur image,

je me démène comme un pauvre bougre à qui on aurait enlevé jusqu'à son numéro d’identification sociale. Tous les comptes sont fermés. Tous les robinets sont condamnés. L'individu se plaît à décrépir, les décrets fusent, les êtres humains s'excusent. Partout des géométries, partout des cadres, partout des règlements. Je ne peux suivre à la lettre les ordonnances médicales, aucune couverture ne sera possible. Et puis dans tout ça, l'intelligence artificielle menace de faire blocage. Vite, vite elle risque de prendre le dessus - vite, vite - sur toutes les velléités chétives et fragiles, le monde entier à ses pieds, la pourriture, la corruption de plus en plus envahissante, elle ne laissera le choix à personne. Les choux seront choyés, puis oubliés, l'échéance sera journalière, il ne restera plus de rires à gorge déployée, il ne restera plus de rock 'n’roll, tout sera imposé d'en haut, l’esprit se rétrécira comme peau de chagrin. Aucune force d’opposition, car courage et dignité seront effacées du vocabulaire. Des millions de fourmis écrasées chaque jour, sans que personne ne trouve à redire. Des millions de fourmis souffrant la torture et la mort, et d'autres millions de fourmis qui continueront de faire leur triste besogne, au nez et à la barbe d'un univers devenu complètement aphone et égocentrique. Je ne sais pas s'il faudra pleurer davantage le cri du cormoran, le soir, au-dessus des jonques, que le soupir du printemps qui ne lira plus ses lys dans la vallée. Les dossiers seront figés une fois pour toutes. 

Il y aura bien un ménestrel.

Non, je ne suis pas d'accord, je ne veux pas. Quand je dis que je ne veux pas, je suis prêt à subir les plus gros affronts. Je suis prêt à subir la cellule, et même l'amour, c'est fou.



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