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Deux Poèmes de Barbara Kingsolver sur l’Italie

Par Etcetera
Deux Poèmes Barbara Kingsolver l’ItalieCouverture chez Rivages

J’avais déjà eu l’occasion de présenter ce recueil poétique, intitulé Apprendre à voler (en dix mille leçons faciles) en juin dernier, lors de mon Mois Américain.
Ce recueil comporte une belle série de poèmes sur les impressions dépaysantes d’un séjour en Italie et en Sicile et j’ai choisi deux d’entre eux pour ce Mois Thématique sur le Voyage.

Note Pratique sur le livre

Éditeur : Rivages
Date de publication initiale en anglais : 2020 (en français : 2022)
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Céline Leroy
Nombre de pages : 123

Biographie de la poète

Née en 1955, titulaire d’un diplôme de biologie, (re) connue pour son engagement écologiste visionnaire et son mode de vie rural choisi au cœur des Appalaches mais aussi pour son féminisme joyeux et ferme, Barbara Kingsolver écrit des romans qui inscrivent ces grands thèmes dans la fiction avec souffle, rythme et légèreté. Elle est l’auteure d’une dizaine de livres, tous publiés aux éditions Rivages, dont L’Arbre aux haricots (1995), Les Cochons au paradis (1996), Un Jardin dans les Appalaches (2008), Dans la lumière (2013) et Des vies à découvert (2020).
(Source : éditeur)

*

Deux Poèmes :

Page 38

VII Pompéi

C’est terrible, mais nous voulons tout
savoir sur ces malheureux surpris
par l’explosion de la montagne. Nous avons lu
le témoignage de Pline le Jeune,
imaginé la baie engorgée de pierre ponce,
les gens qui hurlaient et couraient
avec des oreillers sur la tête. Aujourd’hui
dans les rues de leur ville nous montons
sur une grande voie pavée faite
pour le passage simultané des roues de chariots,
des piétons et des eaux usées. Nous admirons
les fresques dans leurs villas (à la mode en ce temps : le rouge
et l’Egypte). Avides voyeurs, nous absorbons tout
comme ces âmes damnées assises en rangs
dans les tavernes avec leurs pichets. Nous visitons
le bordel et puis le stade avec
son acoustique parfaite qui nous fait chanter.
Le meilleur gardé pour la fin, le jardin des Fugitifs
où les mères s’accrochaient à leurs enfants
derrière le haut mur qu’elles ont griffé dans leur fuite.
Fossilisée sur leurs visages levés nous voyons
cette foi que chacun est à même de reconnaître :
encore une minute et nous respirerons de nouveau.
Comme tout le monde, nous sommes venus chercher
la preuve que les morts du passé étaient pareils
que nous. Et quand nous l’avons trouvée, nous gardons le silence.

*

Page 43

XII Bleu citronniers

La langue a ses mots
pour dire le bleu – azzuro, blu, ciano
et quelques uns de plus ne seraient pas de trop.
Mer tranquille, mer tourmentée,
abysse et surface, démontée mais piquée
de lumière, un bleu où tout
pourrait se cacher derrière un alibi
d’encre sépia. Et ne parlons
même pas du ciel : vernissé
comme de la faïence mauresque, ou fugace
comme un souvenir du Vésuve.
Innocent comme une carte postale à vingt cents.
Ce sont là les bleus vigoureux
qui font la queue pour attirer l’œil.

D’autres attendent derrière : le bleu,
par exemple, qui était toujours là
bien tendu comme un drap propre
au-dessus du verger où un chien aux oreilles pointues
traque son lézard et où les citronniers
plient leurs bras, blanchis jusqu’aux coudes,
poussant des bouquets aplatis de feuilles
vers les cieux, les hirondelles qui voltigent
et la ration saisonnière de nuages.

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