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CRITIQUE- LA ZONE D'INTÉRÊT : que vaut le film choc du dernier Festival de Cannes ?

Par Filou49 @blog_bazart
mardi 30 janvier

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 Il a sans doute été le film le plus marquant du festival de Cannes, ne serait ce que par le Grand prix qu'il a récolté, (alors que pas mal  d'observateurs avisés) lui aurait donné la récompense suprême, mais aussi et surtout par la multiplicité des débats qu’il a suscité, comme le fait forcément chaque projet touchant à un tel sujet qu'est la Shoah.

« The Zone of interest »,  et ses effets sonores sophistiqués, son ellipse de plusieurs décennies, entre autres prouesses formelles pourrait servir d'emblème à un cinéma brillant, cérébral, très théorique, et forcément un peu froid . 

On se rappelle du débat sur le faux suspens de la douche chez Spielberg, qui a désormais 30 ans, et des colères épiques de Claude Lanzmann, gardien du temple de l’impossibilité de la représentation du camp d'Auschwitz, encore plus ulcéré par la volonté d'un Roberto Benini de réchanter par la fable l'horreur des camps de concentration et d'extermination.  

En ce sens, le film de Glazer (dont le précédent, Under the skin, avait profondément marqué les esprits mais nous avait laissé un peu circonspect ) est sans doute profondément conforme à l'esprit de Lanzmann : se cantonnant à la « zone d’intérêt » (qui détermine les alentours du camp) en refusant de représenter l’horreur, il décrit avec minutie et banalité le quotidien classique et monstrueux de la famille Hoess,

La zone d'interet  impressionne, d’abord, par la sécheresse de son dispositif qu ausculte la banalité du mal. Mais ce hors champ  tisse une partition  sidérante  qui interroge les limites de notre perception : est-ce que réellement l’on entend pas ? Ou est-ce que l’on ne souhaite pas entendre, à force de trop entendre ?

Un film d'une ambition formelle évidente mais son expérience provocatrice et secouante force plus l'admiration par son dispositif que par les émotions qu'il provoque.

La zone d' d'intérêt, qui multiplie certains effets et tics de réalisation , enferme le film dans un dispositif qui le rend finalement  conceptuel, proche de l'installation d'un musée d'art contemporain.

Il en va de même  pour son refus évident de narration classique qui peut se retourner contre le film lui même en donnant une impression de long métrage un peu trop arty qui se contemple plus qu'il ne bouleverse, malgré l'horreur qu'il raconte. Adulé par pas mal de cinéphiles, cette zone d'interêt, brillante, mais prétentieuse, nous aura laissé un peu sur le côté, loin de la vie est belle, la liste de Schindler ou du fils de Saul de László Nemes, plus vibrant d'intensité.


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