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L'édito : la WTA est-elle en voie d'extinction ?

Publié le 30 janvier 2024 par Francky
L'édito est-elle voie d'extinctionPlombée par un Open d'Australie décevant, l'institution cinquantenaire, qui devrait acter cette année son rapprochement plus que controversée avec l'Arabie Saoudite, navigue en eaux troubles. Malgré la superbe performance d'Aryna Sabalenka, le niveau de la WTA s'effondre, au contraire de son homologue masculin. Des mesures d'urgence s'imposent afin de sauver ce qui peut l'être.Ça ne vous a sans doute pas échappé si vous avez suivi l'Open d'Australie féminin du début à la fin (félicitations si vous avez accompli cet exploit). Qinwen Zheng est arrivée en finale sans avoir rencontré de joueuses du top 50. L'adversaire la mieux classée que la chinoise ait affronté dans le tournoi est la britannique Katie Boulter, 54e mondiale, qu'elle a dominé au deuxième tour. Aryna Sabalenka est donc la seule tête de série que Zheng a rencontré, au stade de la finale (on sait comment cela s'est terminée pour elle). Si la logique avait été à peu près respectée, si tant est qu'il y en ait dans le tennis féminin moderne, Zheng aurait sans doute joué contre Sorana Cirstea (n°22) ou Emma Raducanu au troisième tour, Jessica Pegula (n°5) en huitièmes de finales, Elena Rybakina (n°3) en quarts de finale et Iga Swiatek (n°1) en demi-finales. Sauf que, rien de tout cela ne s'est produit, la chinoise étant tombée successivement sur Yafan Wang, Océane Dodin, Anna Kalinskaya et Dayana Yastremska. Dans les faits, les choses sont simples à résumer. Zheng a simplement profité d'un coup du sort en raison des nombreuses éliminations de têtes de série survenues dans sa moitié de tableau. Elle n'est pas la seule à avoir bénéficié de cet étrange traitement de faveur puisque les autres joueuses de sa section ont, par voie de conséquence, réussi à passer entre les gouttes. Dans l'autre moitié de tableau, c'est surtout Coco Gauff (n°4) qui a vu un boulevard s'ouvrir devant elle après la disparition précoce de quelques prétendantes.On ne peut néanmoins s'en tenir aux faits sans se poser la vraie question : qu'a-t-il pu se passer pour qu'autant de têtes de série se fassent sortir du tournoi en un temps record ? Se peut-il que le poids de l'événement ait été trop lourd à porter pour certaines prétendantes ou s'agit-il d'un problème de préparation ? L'on sait pertinemment que les débuts de saison sont parfois difficiles à gérer pour les joueuses de la WTA. La saison 2023 a été longue et éreintante, les vacances très courtes, de même que le temps de récupération et que, du coup, la reprise s'avère difficile alors qu'il faut commencer l'année en affrontant les conditions climatiques très rudes (chaleur, humidité) de l'été austral. L'aspect mental aussi joue un rôle. La reprise peut s'avérer d'autant plus compliquée pour des joueuses dont les résultats n'ont pas été probants en 2023 et qui seraient, par conséquent, en proie à des problèmes de confiance. Cependant, je crois que s'arrêter à ces considérations purement sportives serait une erreur. Sur un autre aspect, c'est le système en lui-même qui peut être la cause d'une supposée baisse de niveau sur le circuit principal.La WTA est une institution qui aime se reposer sur ses acquis en s'appuyant sur une réglementation vieille comme le monde, alors qu'il suffirait justement de modifier certaines choses afin qu'elle retrouve un niveau de jeu digne de ce nom. En prenant en compte trois paramètres, on pourrait ainsi rétablir un équilibre et une forme de hiérarchie qui redonnerait de l'élan à un circuit en perte de vitesse.Premier paramètre : réduire le nombre têtes de série à 16 dans les gros tournois.
J'ai toujours été de ceux qui pensent que 32 têtes de série, c'est trop. Commençons par réduire ce nombre à 16 têtes de série dans les tournois du Grand Chelem et les WTA 1000 et conservons un format à 8 têtes de série dans les WTA 500 et 250. Ce serait un bon point de départ pour procéder à un rééquilibrage et éviter ainsi des hécatombes comme on vient d'en voir à l'Open d'Australie. 
Deuxième paramètre ; réduire le nombre de tournois WTA 500 et réorganiser le calendrier en conséquence.
Non seulement il est aberrant d'avoir promu des tournois WTA 250 en catégorie 500 (nous en parlions déjà) mais, ce qui est encore plus aberrant est d'en avoir placé certains juste après de gros événements. Prenez le tournoi de Linz par exemple. Pourquoi l'avoir planifié le lendemain de la fin de l'Open d'Australie alors que l'on sait très bien que la majorité des joueuses du top 20 vont le bouder afin de pouvoir récupérer ? Le risque est de se retrouver avec un WTA 500 largement sous-côté qui va uniquement permettre à des joueuses moins bien classés de faire le plein de points et d'obtenir un rang qui ne correspond pas à leur véritable valeur. C'est à cause de décisions aussi fâcheuses que des joueuses peu constantes se sont retrouvées têtes de série à l'Open d'Australie. Arrêtons la plaisanterie !
Troisième paramètre : Rallonger l'intersaison.
L'année dernière, les Masters féminins s'étaient achevés le 6 novembre avant que la saison australe ne reprenne dès le 29 décembre. Pour 2024, la tournée asiatique ira jusqu'au 27 octobre avec, dans la foulée, les Masters du 3 au 10 novembre suivis de la phase finale de la Billie Jean King Cup. La saison morte va donc être raccourcie alors que les organismes des joueuses sont de plus en plus éprouvés (on n'a jamais vu l'infirmerie aussi pleine). Comment voulez-vous arriver à l'Open d'Australie dans des conditions optimales avec un calendrier aussi désastreux ? La période de repos doit par conséquent être rallongée afin d'assurer une bonne récupération. Cela implique de raccourcir l'année pleine.
On ne va pas se leurrer. Les profits passant avant tout le reste, il y a très peu de chances pour que la WTA se mette à bouger. La balle est dans le camp des joueuses qui, à un moment ou à un autre, devront se révolter pour faire évoluer les choses. Qui va donner de la voix alors que nous sommes entrés dans une année cruciale pour l'organisation ? 

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