Kübra (Saison 1, 8 épisodes) : l’homme qui parlait par SMS à Allah

C'est dommage car Kübra tenait quelque chose de fort et d'intéressant mais tombe dans le piège de pas mal de séries turques. Au début, le mystère est passionnant et parvient à accrocher le spectateur puis la série glisse petit à petit dans un récit brouillon, qui ne maîtrise plus du tout son sujet de départ. Avec Kübra je pensais retrouver Messiah (injustement annulée par Netflix !) mais je n'ai pas spécialement eu satisfaction. Disons que le twist autour de l'intelligence artificielle est tellement facile que cela rend tout le propos du départ assez caduc. Tout commence avec l'histoire d'un mécanicien qui reçoit des messages qui semblent prédire l'avenir sur son smartphone. Le mystère est assez singulier pour être excitant même si la série suit plus ou moins une mécanique assez classique. Au début, tous ces messages sont pour lui une plaisanterie mais il va rapidement devoir le messie d'un groupe d'adeptes qui vont le suivre dans ses prédictions.

Lorsqu'un mécanicien reçoit des messages qui semblent prédire l'avenir, il commence à croire qu'il parle avec Dieu et devient rapidement le messie d'un groupe d'adeptes.

L'idée d'associer le numérique à la religion est intéressante. Kübra parle alors de foi mais pas seulement de la foi en Dieu mais aussi de la foi en l'Homme. Rapidement, Kübra tombe dans son propre piège des théories qui tournent autour du pot mais Gothan, notre héros, aurait aussi pu être moins dramatique. Kübra joue tellement la dramaturgie que par moment cela devient moins prenant. Il faut attendre le troisième épisode pour que Gothan se révèle et ainsi permette à la série de re-décoller et de nous offrir quelque chose de plus palpitant. Les deux épisodes introduisant l'histoire sont parfois trop mous pour réellement créer une ambiance de mystère prenante. Kübra tente de créer cette ambiance par des messages qui s'apparentent à des miracles divins mais ce n'est jamais assez percutant pour devenir mémorable. Disons que malgré le côté prenant du départ, la série perd rapidement pied en suivant un schéma trop balisé.

Le casting est séduisant et permet de donner un peu plus corps à ce récit mais Kübra ne sort jamais vraiment des sentiers battus. Une fois passé le quatrième épisode (probablement le meilleur de la saison), la série retombe dans ses travers et semble avoir du mal à joindre les différents pans de son récit. La prise de risque est là, surtout par rapport à la religion et la façon dont l'ensemble prend forme mais je m'attendais vraiment à quelque chose de plus efficace. Dommage qu'avec une telle idée de base la série se laisse glisser. Le casting est bon mais le scénario s'étiole au fil du temps (malgré quelques regains d'intérêt par moment). Je m'attendais vraiment à retrouver ce qui m'avait réellement plu dans Messiah mais malheureusement Kübra restera plus décevante qu'autre chose.

Lorsque les médias commencent à questionner Gothan, que ses proches le prennent pour un charlatan, alors Kübra parvient à poser des questions intéressantes sur la place des prophéties et comment celles-ci peuvent être interprétées dans un monde cartésien comme le notre. Pour autant, le traitement reste assez bâclé et préfère se concentrer sur les facilités du scénario. La fin est là aussi une facilité de plus, comme une façon de laisser son récit revenir sur terre après avoir tenté l'explication divine. Dommage car une série fantastique aurait été plus séduisante que cette histoire d'intelligence artificielle.

Note : 4.5/10. En bref, trop juste pour fonctionner pleinement. Le scénario a tendance à patauger par moment et termine sa saison en eau de boudin. Dommage car le casting est bon et que certains épisodes s'avèrent efficaces.

Disponible sur Netflix