Nos jours suspendus, de Coralie Bru (éd. Équateurs)

Julia a choisi sa vie : mariée, deux enfants, un travail qui ne l’oblige pas à aller au bureau… Un orage, un coup de téléphone perturbent sa journée. Puis le retour de sa fille Lucie, seize ans, qui semble préoccupée.
Nous entrons  peu à peu dans ce qui affecte Lucie : elle est enceinte. Elle veut avorter : l’embryon n’est pas encore un bébé, tout juste la taille d’un grain de riz. Julia écoute sa fille et prend la décision de l’accompagner dans cette épreuve. Et, pour cela choisira d’aller, avec elle, chez son amie Rose, une de ses anciennes enseignantes, dont le compagnon vient de mourir.
Trois générations vont se retrouver, « unies par ce lien invisible entre leurs ventres, leurs peurs, leurs révoltes et ces désirs qui ne s’évanouissent jamais tout à fait », comme c’est indiqué en quatrième de couverture.

Lecteur, je suis tour à tour l’adolescente et sa mère. C’est Julia qui raconte, elle est au centre  de cette histoire, revient sur ses propres relations avec ses parents, et particulièrement sa mère, en apprend un peu plus sur les choix de vie de son amie, laisse revenir ses propres souvenirs et, avec tout ça, construit l’accompagnement qu’il faut à sa fille dans les décisions à prendre. Chacune des femmes de ce roman vit ou a vécu les engagements féministes comme elle l’a pu. Julia sera même étonnée que sa fille lui dise « tu es féministe ». Il y a entre elles trois beaucoup de bonté et d’attention.

Ce premier roman de Coralie Bru parle de vie, de deuil, d’engagement concret. S’il parle des femmes, il ne néglige pas les hommes, le mari de Julia, père de Lucie, le médecin de famille… Le ton est toujours juste. À celles et ceux qui s’interrogent sur ces questions, il ne vise pas à apporter des réponses toutes faites mais favorise sans doute le dialogue.