Keith Richards sur John Lennon : « C’était un drôle de zigoto à bien des égards »

Il est difficile de classer le jeu de Keith Richards comme simplement du « rock and roll à la guitare ». Bien qu’il ait été cantonné au côté rythmique pendant des années, Richards a réussi à se tailler une place de légende purement sur la force de ses riffs, changeant constamment de style et utilisant différents accords pour obtenir ce qu’il veut. Alors que Richards a su tirer le meilleur parti d’une poignée d’accords, il a admis que son confrère guitariste rythmique John Lennon avait un côté absurde dans son jeu.

Certes, personne n’allait dire que The Beatles étaient la réponse à Tchaïkovski. Bien que chaque membre des Fab Four ait été brillant pour inventer des mélodies incroyables pour leurs chansons, il y a de fortes chances que l’un d’entre eux aurait répondu avec arrogance s’il avait été invité à jouer un accord de neuvième augmentée ou à changer la chanson en mesure composée.

Parmi tous les membres du groupe, Lennon était généralement le plus inarticulé en ce qui concerne sa voix musicale. Bien qu’il pouvait faire un usage brillant d’une guitare et de sa voix, Lennon était souvent connu pour donner des instructions rudimentaires au producteur George Martin lorsqu’il discutait de ce qu’il voulait, demandant soit à sonner comme s’il venait de la lune, soit à ce que sa voix ressemble à celle du Dalaï Lama.

En dehors de jouer des accords simples, Lennon pouvait encore jouer de la guitare technique de temps en temps. Même s’il s’en tenait à ses accords de base, hérités du banjo de sa mère, une chanson comme ‘All My Loving’ demande une certaine endurance pour tout guitariste, devant changer rapidement la forme de chaque accord en rythme avec le reste de la chanson.

Bien que Richards aimait le jeu de Lennon, il pensait que son style était bien trop rigide pour le rock and roll, se rappelant dans le livre Life, « C’était un drôle de zigoto à bien des égards. Je le critiquais pour avoir sa guitare trop haute. Ils avaient l’habitude de les porter jusqu’à leur poitrine, ce qui limite vraiment vos mouvements. C’est comme être menotté. ‘T’as ta putain de guitare sous ton putain de menton, pour l’amour de Dieu. Ce n’est pas un violon.’ »

Bien que Lennon ait essayé de porter sa guitare un peu plus bas au cours des années de tournée du groupe, les fans ne le verraient pas longtemps. Après leur énorme tournée mondiale en 1966, The Beatles ont décidé que la vie sur la route et les cris des fans n’étaient plus pour eux, choisissant de devenir un acte uniquement studio pour le reste de leur carrière.

Si l’on regarde ce que Lennon a fait dans sa carrière post-Beatles, il semble qu’il ait pris le conseil de Richards à cœur, au moins un peu. Lors des différents concerts qu’il a donnés à New York dans les années 1970, Lennon était vu portant sa guitare un peu plus bas que d’habitude, se sentant beaucoup plus à l’aise sans avoir à s’accrocher à son instrument comme à la prunelle de ses yeux.

Peu importe où il décidait de la tenir, son jeu n’en a jamais pâti. Tout au long de son travail sur son matériel solo jusqu’à sa dernière sortie, Double Fantasy, Lennon avait toujours cette pulsation signature que tout le monde pouvait reconnaître des hits des Beatles, maintenant un groove solide tout comme Richards l’a fait avec The Stones. La position de la guitare peut avoir semblé étrange à Richards, mais cela n’avait pas d’importance tant que la musique sonnait bien.
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