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À la rencontre de Gérard Bardy : Témoin privilégié de la diversité médiatique à travers "Les Combattantes de l'Info"

Publié le 09 février 2024 par Podcastjournal @Podcast_Journal
Dans l'univers complexe des médias français, émergent des voix courageuses qui défient les normes établies et apportent une diversité bienvenue dans le paysage médiatique. Gérard Bardy, figure éminente du journalisme et ex-rédacteur en chef adjoint de l'AFP, se distingue en tant que témoin privilégié de cette évolution. Journaliste, écrivain et observateur perspicace de la scène médiatique, Gérard Bardy a non seulement occupé des postes clés au sein de prestigieuses institutions médiatiques, mais il a également joué un rôle actif dans la défense de la diversité des voix dans le domaine de l'information.

Après avoir débuté comme journaliste stagiaire à l'hebdomadaire Seine-et-Marne-Matin (Groupe Hersant) à Melun, Gérard Bardy a tracé un parcours exceptionnel. Il a été reporter au quotidien Paris-Jour de 1966 à 1972, puis a présenté les journaux régionaux de l'ORTF à Reims et Orléans avant de rejoindre l'agence France-Presse en octobre 1972. Au sein de l'AFP, il a occupé diverses fonctions, de reporter à chef-adjoint des informations générales, dévoilant les coulisses de l'information et comprenant les mécanismes qui façonnent l'opinion publique.

Son dernier ouvrage, "Les Combattantes de l'info", constitue un regard dans le monde de ces femmes journalistes qui osent prendre position sans tabou. À travers des portraits minutieusement dressés et des récits poignants, Gérard Bardy nous plonge dans l'univers passionnant de ces femmes journalistes qui osent défier la pensée dominante, tandis qu’il partage ses réflexions sur l'évolution du paysage médiatique français. Ce livre est une véritable tribune à des figures telles qu'Eugénie Bastié, Anne-Laure Bonnel, Gabrielle Cluzel, et d'autres, décrivant leur parcours, leurs convictions, et les défis qu'elles relèvent au quotidien.

Dans cette interview exclusive, Gérard Bardy nous partage ses pensées sur l'uniformisation de l'univers politico-médiatique français, les histoires qui l'ont particulièrement marqué, et l'impact potentiel de ces nouvelles voix sur la société, où le journalisme devient une quête passionnante de vérité et de diversité. Interview.
  - Le titre "Les Combattantes de l'info" évoque un engagement fort de la part des femmes journalistes. Comment ces femmes, selon vous, prennent-elles le contrepied de la pensée dominante qui règne dans les médias depuis plusieurs décennies ?

Voir ces femmes journalistes et essayistes, souvent très jeunes, aborder sans fard et à partir de faits précis des dossiers jusque-là tabous est vraiment quelque chose de nouveau et d’important dans le paysage médiatique français. J’ai choisi de brosser le portrait de dix d’entre elles, les plus emblématiques, mais j’aurais pu aller à la rencontre de quelques autres, peut-être un peu moins connues mais tout aussi courageuses.
J’ai veillé à ne pas sélectionner des journalistes ayant le même profil, les mêmes origines, la même opinion. Mes dix "Combattantes" sont donc assez différentes, avec des profils très personnels. Les unes sont catholiques mais d’autres sont protestante, juive, musulmane… Certaines "roulent" politiquement à droite alors que plusieurs autres viennent de la gauche souverainiste, notamment des équipes de Jean-Pierre Chevènement.
Mais, de Christine Kelly à Natacha Polony, de Charlotte d’Ornelas à Anne-Laure Bonnel ou de Sonia Mabrouk à Véronique Jacquier, toutes ont la farouche volonté de traiter l’actualité telle qu’elle est, à partir des faits irréfutables, et non pas en fonction de leurs propres opinions personnelles.

- Qu'est-ce qui a été le déclencheur pour vous d'explorer la diversité médiatique, en particulier en mettant en lumière cette nouvelle génération de femmes journalistes dans "Les Combattantes de l'info"?

A mes yeux de vieux journaliste aguerri par près de quarante années de pratique, l’avènement de ces femmes est un évènement ! Dans les médias français, le pluralisme était malmené depuis trop d’années. Dès leur formation, dans la grande majorité des écoles de journalisme, les jeunes journalistes étaient conduits à regarder leur métier comme un outil de pouvoir, à faire passer leurs idées politiques avant la réalité des faits. Les grands médias du service public (les chaines de France Télévision, France Inter, France Info, etc…) mais aussi l’Agence France Presse entretenaient – et continuent à entretenir – cette "pensée unique", ce moule idéologique qui conduit à traiter certains sujets et pas d’autres, à ignorer ou à minimiser certains faits et à en valoriser d’autres.
Le dossier sensible de l’immigration en est un exemple. Pour un journaliste, ce n’est pas être raciste que de parler de l’explosion de l’immigration clandestine et de son incidence dans la poussée de la violence. C’est un fait, étayé par des statistiques officielles. Il faut donc en parler sans pratiquer d’autocensure, de la même façon qu’il faut traiter les raisons qui poussent ces populations à venir en Europe avec l’espoir d’échapper à la misère.
Les faits, tous les faits, rien que les faits : c’est le boulot d’un journaliste. Le commentaire, l’éditorialisation, c’est important mais ça vient après. L’analyse vient après l’exposé des faits et non avant ou en même temps !

- Comment avez-vous approché la tâche de dresser le portrait de ces femmes, et quelles sont les convictions qui les poussent à prendre position sans tabou selon vos observations ?

Sur chaque "combattante", j’ai d’abord fait une enquête très journalistique sur leur parcours, leurs origines, leur formation, leurs écrits notamment leurs livres, sur ce qui transparaissait de leurs convictions. J’ai fait ça en toute indépendance car je n’en connaissais aucune. Puis j’ai demandé à les rencontrer. Les entretiens ont été très riches.

Ces femmes ont toutes beaucoup réfléchi avant de s’attaquer au monolithe de la pensée autorisée. Quel que soit leur parcours personnel, toutes ont mesuré que les grands dossiers que les médias avaient jusque-là beaucoup de peine à ouvrir étaient des dossiers d’importance civilisationnelle : affaissement de l’école, effondrement du catholicisme, remise en cause de l’Histoire, abaissement des frontières et incidence des vagues migratoires, compatibilité d’une religion nouvelle et conquérante avec les valeurs de la République, etc


- Comment percevez-vous l'impact de ces nouvelles voix féminines sur la manière dont l'information est traitée et consommée par le public ?

Le fait de traiter les sujets que je viens d’évoquer (et d’autres tout aussi sensibles) sans langue de bois, en confrontant les points de vue, a provoqué un véritable électrochoc dans le monde de l’information. Celles et ceux qui jusque-là imposaient sans partage leur façon de voir et de penser se sont sentis remis en cause, et même agressés. Certains, notamment dans les médias du service public, ont réagi vigoureusement. On a senti monter la nervosité puis l’agressivité des deux côtés. Mais, globalement, même si tout n’est pas encore parfait, le pluralisme y a gagné et c’est bien l’essentiel. Il reste encore beaucoup à faire mais nous vivons une étape importante et toute la profession l’a compris.
Traiter d’extrême droite les journalistes qui ouvrent les dossiers de l’immigration ou de la violence à l’école est excessif et donc un peu ridicule. Le public ne s’y trompe pas qui lit, regarde ou écoute de plus en plus ces médias nouveaux. Attaquer le groupe Bolloré (CNews, Europe 1, le JDD, Paris-Match) avec virulence ne conduit qu’à le renforcer. C’est un constat.

- Pouvez-vous nous donner un aperçu des femmes que vous avez incluses dans votre ouvrage, comme Eugénie Bastié, Anne-Laure Bonnel, Gabrielle Cluzel, etc. ? En quoi se démarquent-elles dans le paysage médiatique actuel ?

Je suis tenté de vous renvoyer à la lecture du livre… mais je vais, bien sûr, vous répondre ! Toutes sont vraiment passionnantes et attachantes. Eugénie Bastié a la dimension d’une vraie intellectuelle, pétrie de philosophie. Anne-Laure Bonnel, peu connue jusqu’alors, montre un courage exceptionnel en dévoilant tout ce que l’on cache dans les origines de la guerre en Ukraine. Gabrielle Cluzel et Véronique Jacquier, toutes deux catholiques, incluent la religion dans leur grille de lecture de l’actualité. Charlotte d’Ornellas est à mes yeux une Jeanne d’Arc des temps modernes et souffre physiquement de l’état de la France. Christine Kelly est obsédée par le pluralisme dans les médias. Elisabeth Lévy, avec sa gouaille, adore bousculer le prêt-à-penser. Sonia Mabrouk, d’origine tunisienne, est plus Française que n’importe quel journaliste français. Céline Pina, venue du PS, parle cash comme personne de l’islamisme, sa bête noire.
Chaque biographie publiée dans « Les combattantes de l’info » (éditions Télémaque) est accompagnée d’un très joli portrait au crayon signé de Jing Zeng, une artiste amateur qui ne manque pas de talent.

- Pouvez-vous partager une histoire ou un parcours qui vous a particulièrement marqué parmi celles des femmes que vous avez rencontrées et présentées dans votre livre ?

La personnalité la plus atypique est sans doute Anne-Laure Bonnel, aujourd’hui sans travail pour avoir témoigné des réalités dans les provinces russophones d’Ukraine, quand le pouvoir de Kiev bombardait ses propres citoyens. Elle ne nie absolument pas la responsabilité de Poutine dans le déclenchement de la guerre mais elle cherche à en comprendre la genèse. Après plusieurs séjours sur place, caméra au poing, elle devrait être autorisée à donner sa version, à dire ce qu’elle a vu. Comme un élément du débat. Eh bien non, on la rejette et on la prive de son droit de témoigner car ce qu’elle dit dérange la version américano-onusienne à laquelle l’Union européenne souscrit aveuglément…

- Comment votre expérience en tant que correspondant militaire a-t-elle influencé votre approche envers le journalisme, et en quoi cela transparaît-il dans "Les Combattantes de l'info" ?

Mon passage comme correspondant militaire de l’AFP mais surtout mes années de reportages dans le monde entier m’ont surtout enseigné une chose : un journaliste n’est pas, et ne peut pas être, une star. C’est un métier qui exige de rester humble et modeste. A la base, un journaliste ne sait rien. Il est payé pour voir, savoir, comprendre et pour témoigner sur ce qu’il sait. Pour un journaliste, les faits sont sacrés. La recherche de la vérité est – ou devrait être – sa seule boussole.
Quand il se vautre dans la manipulation de l’opinion, le journalisme se perd et ruine l’un des piliers de la démocratie.


- En tant que co-auteur de documentaires pour la télévision, comment abordez-vous la narration visuelle par rapport à l'écriture, et comment ces deux formes d'expression se complètent-elles dans votre travail ?

Je pense que le journalisme audiovisuel est plus exigeant encore que la presse écrite. Il ne suffit pas d’empiler n’importe comment des images pour faire un bon reportage télé car une séquence, isolée du reste, peut être terriblement trompeuse. C’est le fameux "choc des photos" qui fit les beaux jours de Paris-Match. On manipule vite l’opinion avec cinq secondes d’images, en étant parfois très loin de la vérité prise dans sa globalité.
C’est un métier que je n’ai jamais fait car je me suis limité à réaliser quelques documentaires pour TF1, France 2 et France 5. Et là, on a le temps : 26 ou 52 minutes, plus parfois. On a le temps d’équilibrer les approches et les points de vue.

- En observant la scène médiatique actuelle, voyez-vous des tendances émergentes qui pourraient façonner l'avenir du journalisme et de la diversité des points de vue ? Comment envisagez-vous le rôle du journalisme dans la société contemporaine, et quel conseil donneriez-vous à la nouvelle génération de journalistes qui cherche à faire entendre sa voix dans ce paysage en évolution constante ?

Pour le journalisme, le danger mortel est déjà là. Ce sont les réseaux sociaux. N’importe qui peut écrire et diffuser n’importe quoi en toute impunité. On peut y voir un espace de liberté octroyé aux citoyens et pour ces derniers une façon de s’opposer à la puissance médiatique. Mais j’y vois avant tout un immense danger car des réseaux organisés de désinformation et de manipulation de masse sont déjà à l’œuvre partout dans le monde. Et dans tous les domaines. Le grand lavage anarchique des cerveaux a commencé et j’ai peur que le pire reste à venir.
On ne peut pas dire que la liberté de la presse est un pilier de la démocratie et ne pas se soucier du poison qui l’attaque.
Le traitement de l’information est un vrai métier qui (en principe) répond à des règles strictes et à une déontologie. Tout cela doit très vite être repensé. Si les journalistes savent rester crédibles et ouverts aux grands enjeux (je pense à l’intelligence artificielle), ils garderont une place de choix pour témoigner et expliquer. Sinon…ils rejoindront dans l’oubli les tailleurs de pierre des pyramides d’Egypte !





  Sarah | Fashion & Lifestyle Journalist | Cultural Observer "Wanderlust Chronicle : Anthropologie of... En savoir plus sur cet auteur La Journée internationale des personnes handicapées a eu lieu hier. Cette journée est destinée à sensibiliser le public aux problèmes que rencontrent les personnes en situation de handicap et à promouvoir leur inclusion dans tous les domaines de la... https://www.millennium-education.com/?fbclid=IwAR0bxEMEgE0YkMnpubGdGRvM4hTXIWQNjbDw1f5JmtVoSUjBLyKnNkSRenc LES BRÈVES #

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