Live Report : Pierre Guénard trop grand pour le Café de la danse !

Il y a plus de 10 ans, Pierre Guénard formait le groupe de rock Radio Elvis. Alors après deux albums, deux tournées et une victoire de la musique, se produire au Café de la danse est un jeu d'enfant pour pour le chanteur. Pourtant, le 31 janvier dernier, cette soirée a le goût des premières fois : c'est son premier concert solo parisien pour défendre un premier album sorti sous son propre nom : " Je n'ai plus peur de danser ".

L'entrée de Pierre sur scène au Café de la danse illustre le challenge de ce disque qui a été de se retrouver seul et de livrer des textes plus intimes et directs, moins axés sur la poésie et ses inspirations littéraires. Ce soir, dans une salle plongée dans le noir, un unique spot de lumière vissé au-dessus de sa tête s'allume. On ne voit que Pierre et sa guitare. Il interprète " J'ai pas dit oui ", un morceau inspiré du héros de son roman " Zéro gloire " (2022). Ce héros c'est un peu Pierre il y a plus d'une décennie : un jeune homme désenchanté qui vit en province et rêve de gloire dans la capitale.

Deux musiciens, une claviériste et un guitariste, rejoignent Pierre pour interpréter " Harry ", le single qui porte le disque " Harry " : la musique prend de l'ampleur, Pierre remplit un peu plus l'espace sur scène, mais reste encore figé derrière son micro. " Fontainebleau " : il se ballade, cherche le public des yeux et la lumière se réchauffe. " Je n'ai plus peur de danser " : il se lâche. Explosion de couleurs. Cet album c'est aussi une entrée dans la musique pop. La scène devient une piste disco, rose, bleue, verte, violette, jaune... Pierre se déhanche, saute, enjambe.

Le set ne se résume pas qu'aux dix chansons de l'album : pour les compléter, Pierre se frotte à l'exercice

de l'adaptation française. Juliette Armanet l'avait expérimenté avec " Je te sens venir ", version française du tube " I Feel It Coming " du Canadien the Weeknd. Les premières notes retentissent, le public reconnaît immédiatement " Comme avant ". C'est une revisite du single " As It Was " de Harry Styles que Pierre a écrite avec la chanteuse Clou et qui lui sied parfaitement.
Le public le suit dans toutes ses audaces et parmi lui, dans la fosse, Colin Russeil, ex-batteur de Radio Elvis. Pierre se remémore l'enregistrement de l'un de leurs premiers morceaux " La traversée " et du moment où il a su que c'était le début solide d'une aventure. Pour la première fois il est seul pour l'interpréter sur scène. Guitare-voix. Pas question de remplacer Colin et Manu. Pareil pour " Ces garçons-là ", le morceau qui avait porté leur deuxième album (2018).
Il cherche à rendre le concert le plus familier possible : il nous rebaptise " Boris ", rappelle dès qu'il le peut qu'il est " trop content " (son regard ne trompe pas !) et s'agenouille devant une fille du premier rang pour lui adresser la chanson " Je ne t'aime plus " droit dans les yeux !

Sur cette note nostalgique, Pierre quitte la scène sous les applaudissements d'un public pas prêt de vider la salle ! 12 chansons, c'est trop court ! Pierre revient assouvir notre faim et s'assoit au bord de la scène avec son guitariste pour une repris Ton héritage de Benjamin Biolay mais prévient : " J'oublie toujours un mot des paroles et ce n'est jamais le même ! ".
Le chanteur quitte définitivement la scène après " Attendez-moi (j'prends une photo ", et on espère que la prochaine date parisienne aura lieu dans une salle plus grande, tant son aisance et son expérience de la scène auraient mérité plus d'espace !