Nudes (FR) (Saison 1, 10 épisodes) : fade pédagogie

Après Nudes, la série norvégienne sortie en 2019, il y a eu Nudes la série italienne en 2021. Désormais nous avons Nudes en version française. Trois versions pour raconter trois fois le même genre d'histoires. Il y a trois histoires : Sofia, Ada et Victor découpées en plusieurs épisodes au fil de la saison. Sur le papier, Nudes est importante car elle permet de rappeler que le harcèlement et la diffusion de photos nues peut avoir des conséquences terribles. La première histoire, celle de Victor, est de loin la moins intéressante à mes yeux. Disons qu'elle est assez prévisible et se contente de suivre un schéma plus que classique. Nudes n'est pas le concept le plus original puisque l'idée derrière le format a déjà été exploitée précédemment mais également dans des intrigues dans des séries pour ados (Elite par exemple).

Focus sur une pratique plus que jamais d'actualité : l'envoi, un peu honteux et risqué, de photos dénudées, à travers les parcours de Sofia, Ada et Victor, trois adolescents évoluant dans des univers très différents. De la lycéenne tiraillée par le déterminisme social, à la collégienne de zone rurale désertée et victime de la pédo-criminalité sur internet, en passant par l'étudiant en médecine inconscient des risques qu'il fait encourir à sa camarade de faculté, la série dresse les portraits de trois jeunes adultes confrontés à la problématique du cyberharcèlement.

Mais Nudes décide surtout d'aborder son sujet de façon pédagogique. Le but est d'apprendre aux gens ce qu'il faut faire dans ce genre de situations (et ce qu'il ne faut pas faire). Pour autant, le résultat reste assez limité par le format en lui-même. On a certes trois histoires mais la première est beaucoup trop longue par rapport à ce qu'elle a à nous raconter alors qu'une histoire comme celle d'Ada méritait beaucoup plus de temps pour éclore. Avec trois épisodes, les histoires de Sofia et Ada n'ont jamais le temps de laisser les émotions jaillir. Cela donne alors une série un brin scolaire à mes yeux. Les intentions sont particulièrement bonnes et importantes mais l'exécution est aléatoire voire maladroite. Nudes tente de parler de l'usage des réseaux sociaux qui est de plus en plus important au sein de la jeune génération et de comment ces réseaux peuvent leurs pourrir littéralement la vie.

Nudes a tendance à surtout démontrer que la jeunesse actuelle est loin d'être toute rose. La médiocrité de cette jeunesse a de quoi laisser un arrière goût amer. Notamment pour l'histoire de Victor, jeune privilégié destiné à devenir médecin qui semble au dessus de toutes les lois et se permet des choses sans se soucier des conséquences. Je sais que Nudes cherche à appuyer des traits et fait des portraits types mais c'est assez fou d'imaginer que cela puisse se dérouler avec le même profil dans la vraie vie. Les quatre premiers épisodes sont décevant aussi car la victime, Sarah, est remisée au second plan. Le but était de se concentrer sur le bourreau, Victor, mais ce dernier est tout ce qu'il y a de plus antipathique. Difficile d'accrocher à une série quand l'un des héros est quelqu'un d'aussi détestable.

Ce n'est pas tout, Sofia et Ada souffrent à côté d'un manque cruel de temps pour nous imprégner de leurs histoires. Celle d'Ada est celle qui m'a le plus touché. L'idée qu'un surveillant de son école soit un pervers pédophile et qu'il drague une enfant du collège dans lequel il travail est tellement malsain. Mais d'un autre côté, Nudes vient nous rappeler que le danger peut venir de n'importe où et parfois plus proche que l'on ne pourrait l'imaginer. Je reste donc sur ma faim. Nudes avait une bonne idée mais le résultat est particulièrement décevant dû à une exécution assez scolaire et brouillonne.

Note : 4.5/10. En bref, quatre épisodes pour Victor d'une médiocrité affligeante, Sofia et Ada relèvent le niveau mais n'ont jamais suffisamment de temps pour faire jaillir les émotions voulues. Dommage que l'idée soit aussi bonne et l'exécution aussi brouillonne.

Disponible sur Amazon Prime Video