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Economies de production et de consommation ?

Publié le 22 août 2008 par Careagit
C'est sûrement le blog que j'ai le plus visité durant le mois d'août. Malakine s'est fendu hier d'un billet remarquablement documenté et analysé qui mérite franchement le détour. Comme souvent, je me suis précipité sur le contenu avant d'exprimer un avis tout à fait personnel dans les commentaires.
Toute ou partie de son analyse trouve sa genèse dans une étude publiée par L'ACOSS, organisme liée aux URSSAF, qui tend à définir les évolutions de l'emploi par secteur et par région sur les 5 dernières années. De cette étude, Malakine dégage 6 constats, et autant de pistes de réflexion qu'il s'évertue ensuite à creuser. (Je vous invite à les lire avant de continuer ce billet). Depuis 5 an, les différentes analyses économiques, sociales et démographiques menées tendent à dessiner les contours d'une France de plus en plus déséquilibrée entre ce que Malakine nomme "l'économie de consommation" au détriment de la traditionnelle "économie de production". La relative faiblesse de l'économie parisienne associée à un glissement de la population (notamment âgées) vers les régions Sud et Sud Ouest développent une sorte de nouvelle bulle économique n'ayant pour seul but que de satisfaire les besoins de vie de ces populations. Comme souvent dans ce genre de billet, une phrase résume à elle seule le ressentiment de l'auteur vis à vis du sujet qu'il aborde. En l'espèce, Malakine dit:
"Les territoires de villégiatures se développent en laissant les territoires productifs péricliter faute d’attractivité. L’économie résidentielle draine les forces vives qui risquent de manquer à l’économie productive"
De mon point de vue pourtant, certaines parties de cette théorie gagneraient à être précisées. Comme j'ai d'ailleurs pu l'exprimer dans les commentaires du billet présenté, je conçois mal la distinction réalisée entre deux types de productions et, de ce fait, deux types d'économies. Au risque de paraître diablement obtu et théorique, il me semble que dans le système économique l'on distingue globalement deux sphères. Celle de l'offre et celle de la demande. Les entreprises offrent des biens ou services sur un marché, captés par les revenus de l'agent "ménage". (Pour faire simple nous passerons sur le marché BtoB). Dans ce type de système, vous conviendrez qu'il devient insensé de scinder de facto l'offre en deux avec d'un côté l'offre "industrielle, productive" et de l'autre l'offre "résidentielle". La qualité "d'économie résidentielle" devient alors bien plus apparentée à un secteur de notre système global comme le sont les secteurs hôteliers etc...
"Notre économie de consommation n’est plus suffisamment alimentée par une base productive devenue trop mince."
Là encore la remarque est intéressante car elle implique l'apparition d'un déséquilibre entre l'offre et la demande. Indirectement, elle permet également de saisir toute la subtilité du sujet abordé. Sur un plan strictement national, il est évident que ce déséquilibre existe et tend à se creuser. La France ne produit plus de textile, de télévisions ou de jouets. Sur un plan plus mondialisé en revanche, la réflexion perd de sa puissance. Tout se passe en réalité comme si la planète était un vaste marché composé de divers stands (pays). Il y a un siècle, chaque stand produisait ses propres besoins et vendait les surplus aux stands voisins. Aujourd'hui la compétition est devenue reine et chaque pays s'est spécialisé dans un domaine dans lequel il dispose d'un avantage comparatif sur ses partenaires. Pour l'anecdote, ces modifications sont d'ailleurs l'exacte représentation des théories libérales de Smith et Ricardo. La Chine devient l'usine du monde car elle dispose d'un marché du travail diablement déséquilibré sous la pression démographique et qui tire de ce fait les salaires au plus bas, L'Inde accueille les centres informatiques mondiaux car elle est désormais capable d'offrir la formation de la main d'oeuvre et les structures équivalentes voir supérieures à celle que l'on trouve en Occident, Les Etats Unis enfin, inondent le monde de leurs produits informatiques résultats directs de la performance de leurs centres de recherches. Tous les pays semblent donc s'être adaptés à la compétition internationale.
Et la France ? Et bien paradoxale France qui se spécialise dans le service à la personne et dans les emplois non exportables. Selon mon humble avis c'est la conséquence directe de notre "peur du monde" et de la concurrence mondiale, la conséquence aussi - ne nous le cachons pas - de notre totale incapacité à réformer la machine France en l'adaptant aux besoins de la nouvelle donne. Les emplois industriels perdus, l'Etat s'est empressé de s'activer sur le secteur de ce que Malakine appelle "l'économie résidentielle" qui présente l'avantage d'être, pour le moment porteur, mais l'inconvénient d'être directement indexé sur les mouvements démographiques français. Qu'adviendra t-il une fois le chapitre du Papy Boom clos ? Personne ne sait. Ce qui est sûr en revanche c'est qu'alors que les autres pays fonctionnent ensemble et deviennent de plus en plus interdépendants, la France elle, se referme sur son propre marché national pour développer sa croissance économique... La solution n'est pas dans la fermeture mais dans la recherche de la performance.
Histoire de clore ce billet. La parole est donnée à deux phrases et commentaires publiées chez Malakine et qui retranscrivent à merveille ma pensée sur le sujet.
"La distinction entre économie résidentielle et économie productive conduit à se demander si nous n’avons pas fait totalement fausse route ces dernières années, en faisant de la lutte contre le chômage le but ultime des politiques économiques [...] en pensant qu’on pouvait se protéger de la mondialisation en développant des emplois « non-délocalisables"
Ozenfant quand à lui conclut...
"Ce que disent L'ARCOSS et Laurent Davezies, c'est que les seuls emplois crées ne sont destinés qu'à récupérer l'argent versé aux improductifs par l'état. Un recyclage inexportable. Une mort programmée en définitive. Le pire est que c'est absolument crédible."

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