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CJCE : rejet de l'action contre les filtres de téléchargement

Publié le 23 mars 2024 par Zaebos @MetatroneFR

La Cour de justice européenne a rejeté une plainte contre l'utilisation de filtres de téléchargement : l'utilisation des filtres ne viole pas les droits fondamentaux et la liberté d'expression est suffisamment protégée. La plainte avait été déposée par la Pologne.

Contentieux lié à la liberté d’expression et d’information

Dans son procès contre l'utilisation des filtres de téléchargement controversés, la Pologne a fait valoir que leur utilisation pourrait conduire à des restrictions de la liberté d'expression et d'information. La Cour de justice européenne n’a pas suivi cette argumentation. Dans son arrêt, la Cour a estimé que l'utilisation de filtres de téléchargement pouvait effectivement conduire à des restrictions à la liberté d'expression et d'information ; cependant, la directive pertinente prévoit des précautions suffisantes pour éviter une ingérence excessive dans ces droits fondamentaux.

Le tribunal a en outre reconnu que, dans la pratique, de nombreux fournisseurs étaient contraints par la directive de recourir à des filtres de téléchargement automatiques. La directive en question exige que les fournisseurs de services qui permettent aux utilisateurs de télécharger des contenus effectuent des vérifications de contenu avant de publier les téléchargements, afin d'empêcher le téléchargement de matériel interdit. Le tribunal considère qu'il est évident que cela ne peut être fait – en fonction du volume des téléchargements réguliers – qu'au moyen de filtres de téléchargement automatiques.

Les parodies et co devraient rester possibles

Les critiques d’une telle réglementation, qui oblige de facto Facebook et Cie à utiliser des filtres de téléchargement, ont fait valoir que cela conduirait à une surveillance de masse et rendrait en outre impossible l’utilisation de matériels protégés par le droit d’auteur dans le sens de parodies et de satires – ce qui susciterait également des critiques sociales et les déclarations politiques sont plus difficiles. Dans son arrêt, la Cour européenne de justice a clairement indiqué qu'une telle utilisation de matériel protégé doit rester possible. Dans ce contexte, le jugement souligne également que les systèmes de filtrage doivent pouvoir distinguer clairement entre les utilisations autorisées et non autorisées. Si un système bloquait également des contenus autorisés, cela violerait de manière inadmissible la liberté d’opinion et d’information. L’admissibilité des filtres de téléchargement et leur compatibilité avec les droits fondamentaux ne sont donc pas une donnée en soi, mais dépendent de la fonctionnalité des systèmes. Garantir un tel équilibre, a-t-il déclaré, est la tâche des États membres de l’UE.

La réglementation allemande est probablement autorisée

En Allemagne, les exigences de la directive sont déjà appliquées depuis le 17 août 2021. Depuis lors, les grandes plateformes peuvent être tenues responsables des contenus mis en ligne par les utilisateurs. Ils sont donc tenus de conclure des licences pour l'utilisation du matériel protégé présent sur leurs sites dans une mesure non négligeable. Ils doivent également bloquer ou supprimer le matériel protégé pour lequel ils ne disposent pas de licence.

La réglementation allemande diffère de celle des autres pays de l'UE dans la mesure où il n'est possible de bloquer certains contenus qu'après avoir suivi une procédure de réclamation. Cette réglementation s'applique à tous les contenus qui ne contiennent pas plus de 50 pour cent de contenus tiers protégés et ne contiennent que de tels contenus dans une moindre mesure. Une petite quantité est définie comme 15 secondes d'un film, 15 secondes d'un enregistrement sonore, 160 caractères de texte et jusqu'à 125 kilo-octets d'une photo ou d'un graphique. La règle de la longueur ne s'applique pas aux caricatures, aux parodies et aux pastiches, même si ici aussi, pas plus de 50 pour cent de l'œuvre ne peut être constituée de contenus tiers.

La réglementation spéciale vise principalement à empêcher la suppression préventive d’utilisations même autorisées. Néanmoins, une surveillance entièrement automatisée de tous les contenus téléchargés est également effectuée en Allemagne. Cependant, selon l'arrêt de la CJCE, une telle surveillance de masse n'est pas juridiquement répréhensible.


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