Machine (Saison 1, épisodes 1 et 2) : Kill Bill en pleine lutte ouvrière

L'image est importante dans Machine, surtout quand à l'issue de ce premier épisode, notre héroïne est vêtue comme Kill Bill. La référence est facile mais plutôt intéressante, surtout dans un récit qui change une fois de plus de ce que l'on a pour habitude de voir dans le monde des séries françaises. Encore comédie d'action, thriller d'action, drame social, Machine mélange énormément d'ingrédients. Quitte parfois à devenir assez bourrative (mais étrangement, pas dans le mauvais sens du terme). La force de Machine réside justement dans son mélange d'ingrédients empruntés au réel (le bassin industriel français et la fermeture d'usines), la vie compliquée des ouvriers qui n'arrivent pas à survivre (Joeystarr est parfait dans ce rôle là d'ancien toxico, assez touchant et intéressant dans sa composition). Thomas Bidegain et Fred Grivois nous proposent donc de plonger dans le monde des ouvriers de la France avec son lot de moments forts mais toujours teintés d'une certaine comédie (presque absurde par moment, notamment par rapport à l'angle du kung fu).

Une jeune héroïne solitaire maître de kung-fu et un ancien toxico reconverti au marxisme unissent leurs forces pour mener la révolte ouvrière dans une petite ville de province.

Cela fait plaisir de voir Margot Bancilhon (De Grâce) dans un rôle aux antipodes de ce qu'elle a fait dans sa précédente série et avec Joeystarr, les deux apportent une certaine rigueur à un récit qui a tendance à justement partir dans tous les sens. La présence du kung fu n'est pas toujours super bien amenée même si c'est presque une sorte d'image. Tout passe d'ailleurs par l'imagerie de la série (Kill Bill dans le premier épisode). Les références cinéphiles sont clairement là pour faire plaisir à tous ceux qui comme moi vont les trouver. Mais finalement, ce que Machine fait de plus intéressant c'est l'hommage qu'est la série aux luttes ouvrières. La série réserve tout un tas de retournements de situations assez surprenants et inattendus, de personnages qui sortent du lot, créant une sorte de pèle mêle aussi étrange que fascinant.

J'ai un peu de mal à évaluer Machine en me basant sur ces deux épisodes. La série fait une belle proposition et prouve que les création de genre en France ont le vent en poupe mais je m'attendais à quelque chose de complètement différent aussi. Machine est clairement le genre de séries qu'il faut digérer et prendre le temps d'évaluer au fil des épisodes. C'est intéressant et la proposition est suffisamment originale pour marquer les esprits mais le scénario reste un brin fourre-tout par moment. J'aurais aimé une série qui sait se présenter de façon plus sereine et intelligente. Je ne vais pas en vouloir aux créateurs de proposer quelque chose car pour le coup il y a de l'idée. On sent les fans de cinéma qui avaient envie de se faire kiffer avec une série.

Note : 6/10. En bref, Machine a besoin de temps pour être digérer. C'est intéressant mais c'est parfois bourratif. Beaucoup de choses et d'idées s'entrecroisent.

Diffusée dans le cadre du Festival Séries Mania 2024. Prochainement sur Amazon Prime Video