Soviet Jeans (Saison 1, épisodes 1 et 2) : être fan de rock en URSS

Soviet Jeans a beau se dérouler dans les années 70 dans l'URSS, on a l'impression que l'on n'est pas si long que ça de la réalité actuelle des choses. On parle de propagande anti-occidentale (comme ce qui se passe actuellement avec la Russie vis-à-vis de nous, occidentaux depuis la Guerre en Ukraine). Mais ce serait réducteur de dire que Soviet Jeans base toute son histoire sur ça. Car le récit de Soviet Jeans est bien plus fourni que ça. Les années 70 c'est les années rock, les années où le jean était à la mode chez les jeunes et où cette musique, interdite par l'URSS, fait son apparition dans des réseaux sous-terrain. En l'occurence ici par un fan de rock qui met en place un réseau de fabrication de jeans dans un hôpital psychiatrique letton. Avec une ambiance de l'Est relativement bien fichue visuellement, Soviet Jeans se frotte à des sujets forts qui ont marqué la Lettonie et bien des pays de l'ex URSS qui sont aujourd'hui au sein de l'Union Européenne.

À la fin des années 70, à un âge où la propagande anti-occidentale fait rage en URSS, un fan de rock and roll réussit à mettre en place un réseau sous-terrain de fabrication de jeans dans un hôpital psychiatrique letton.

Riga est un terrain de jeu intéressant, encore plus par cette reconstitution minutieuse d'une époque que je n'ai pas connu. Soviet Jeans parle de la division qui règne entre les influences slaves et occidentales, tout cela à travers d'un jeune costumier qui lutte contre le système qu'il pense dépassé. Dans un sens, il est presque visionnaire mais Soviet Jeans est une série nécessaire qui rappelle un passé douloureux en Lettonie tout en offrant une vraie perspective de liberté derrière. Soviet Jeans n'est pas sans implications politiques. On sent l'engagement tout au long de la série, un peu à la manière de ce que peut faire Ken Loach au Royaume-Uni. Il y a d'ailleurs clairement une influence de ce cinéma social qui se rapproche au plus des " petits gens ". S'ajoute à toute cette aventure politique sur fond de rock et de fabrication de jeans une romance. C'est peut-être cette touche de légèreté qui rend Soviet Jeans encore plus séduisante.

Je n'ai pas pour habitude de voir des fictions lettonnes et je dois avouer que Soviet Jeans est charmante. Disons qu'elle a énormément de belles choses à raconter, une galerie de personnages tous attachants et intéressants et une mise en scène soignée qui nous plonge au plus près de cette ambiance des années 70, prise en étau entre l'Occident et les influences slaves du pays. Au fond, Soviet Jeans questionne finalement aussi l'actualité par son engagement politique et ce besoin de liberté d'une jeunesse qui en a besoin (et qui ne veut plus vivre dans ce système dépassé).

Note : 7/10. En bref, une bien belle surprise lettonne.

Diffusée dans le cadre du Festival Séries Mania 2024. Prochainement en France