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La couleur des baisers, un poème de Jane de la Vaudère

Publié le 25 mars 2024 par Luc-Henri Roger @munichandco

Jane de La Vaudère à sa table de travail (photographie tirée de la Revue illustrée du 15 juin 1904).

La couleur des baisers

Les mots ont leur couleur et les baisers aussi :
Les uns, du ton pâli des roses effeuillées,
S’envolent tristement vers les cimes brouillées
Où pleure le regret du souvenir transi.
D’autres, dernières fleurs, sur le chemin durci,
Aux pétales de givre, aux corolles fouillées
Dans des pleurs de cristal, sont aux âmes rouillées
D’un blanc immaculé, sous le ciel obscurci.
Quelques-uns ont le ton discret des violettes ;
D’autres, presque effacés, doux et frêles squelettes,
Me semblent un essaim de grands papillons gris.
Le baiser noir du mal mord ainsi qu’une gouge,
Mais le roi des baisers dont mon être est épris
Est ton baiser de sang, ton ardent baiser rouge !

La couleur des baisers est un sonnet en alexandrins réguliers publié par Jane de la Vaudère en 1893 dans son recueil Évocation. Charles Fuster le reprend en 1894 dans le recueil  L'année des poètes, morceaux choisis par Charles Fuster (Paris, Au Semeur). En 1899, Jane de la Vaudère l'envoya pour publication au Gil Blas, qui le publia dans son édition du 15 juillet. En 1905, elle le place dans la bouche d'un des personnages dans Pour le flirt ! Saynètes mondaines.[Quinze comédies et fantaisies lyriques], Flammarion.
" Les mots ont leur couleur et les baisers aussi ".  La poétesse renvoie peut-être ses lecteurs au sonnet Voyelles dans lequel Arthur Rimbaud, surréaliste avant la lettre, attribuait une couleur à chacune des voyelles.

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