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Une pour toutes

Par Juju-Gribouille @JujuGribouille

Avec " Une pour toutes ", Dominique Monféry raconte l'incroyable destinée de Julie de Maupin, dans un virevoltant récit de capes et d'épée. Une histoire teintée de fantastique sur fond d'histoire vraie.

L'histoire dans l'histoire :

Cette adaptation s'appuie sur une histoire vraie datant du XVIIème siècle. En effet, Mademoiselle de Maupin, née Julie d'Aubigny, est une actrice, cantatrice et duelliste française, née dans les années 1670 et morte en Provence en 1707. Fille du secrétaire du Grand écuyer de France, son éducation lui permit d'apprendre la danse, le chant, les langues, l'équitation, ... et surtout l'escrime.

A la suite d'un différent, elle doit fuir la capitale pour Marseille avec son amant Séranne. Le couple gagne sa vie dans des démonstrations d'escrime : un homme contre une femme habillée en homme. Puis elle se fait embaucher à l'Opéra municipal de Marseille, où elle tombe amoureuse d'Angélique, que ses parents finissent par placer dans un couvent à Avignon pour protéger son honneur.

Julie libère Angélique de manière rocambolesque et elles fuient...

Sa vie tumultueuse a donné lieu à quantité de légendes et a inspiré plusieurs biographies romancées.

Le roman de JL Del Socorro

Née femme dans un siècle d'hommes, Julie de Maupin est un personnage romanesque inoubliable. Bretteuse, chanteuse d'opéra et aventurière, elle nous entraine dans une épopée palpitante à travers le XVIIe siècle. Son histoire a donné lieu à 2 adaptations au cinéma et 3 romans, dont celui de Jean-Laurent Del Socorro, aux éditions l'Ecole des Loisirs en 2022.

Cette adaptation sur fond historique est largement romancée au travers sa rencontre avec Méphistophélès. Tous deux se livrent à des joutes verbales superbement tournées qui révèlent le grand talent de Jean-Laurent Del Socorro.

Nous suivons les aventures féministes et modernes d'une héroïne extraordinaire. Dans une époque, où les femmes sont considérées comme des potiches destinées à être épouse et mère, Julie incarne la Liberté.

Le roman, construit en 5 actes, raconte les multiples aventures de Julie, accompagnée dans son périple par Méphisto, personnage mystérieux et suppôt de Satan. Méphisto la suit partout et tente de lui faire passer un marché alors que se noue une certaine relation de complicité entre eux.

Méphistophélès dans l'œuvre de Goethe est le symbole du " démon intellectuel qui procure à l'homme l'illusion de tout comprendre et de tout dominer ". Avec Julie, comme pour Faust le démon échouera dans sa tentative " d'éteindre l'aspiration vers l'infini et vers l'action ".

Une pour toutes : l'adaptation en BD

Après son adaptation du roman d'Henri Troyat La neige en deuil, Dominique Monféry renouvelle l'exercice avec le roman " Une pour toutes " de Jean-Laurent Del Socorro. Il faut reconnaitre que le scénario, est porté par le roman. Les multiples aventures de Julie de Maupin, ses échanges comme sa complicité avec Méphisto, apportent une base solide au récit, parfaitement illustré par Dominique Monféry !

On peut voir ci-dessous quelques pages où les dialogues prennent le dessus sur le dessin, en référence au roman dont la BD est issue.

L'implication de Méphisto dans les aventures de Julie, m'a tout d'abord surpris et déconcerté : je m'attendais à un récit fidèle à l'histoire vraie. Puis j'ai pris goût à la dynamique instaurée par les dialogues entre Julie et Méphisto, leur humour sarcastique.

Méphisto, en référence au Diable dans la légende de Faust, ce personnage difficile à cerner, qui montre à la fois une grande complicité dans ses aventures, une jalousie dans ses amours, mais qui par ailleurs la pousse au crime !

Je trouve la mise en page extrêmement variée, à chaque fois adaptée au scénario. Elle est tantôt pleine page pour planter un décor, ou pleine page aux diverses positions de combat d'épée, tantôt une enfilade de cases verticales, comme lorsqu'elles rappellent les hauts remparts de Poitiers. Elle est tantôt un enchainement de petites cases pour accélérer le rythme du récit, tantôt enfin des cases obliques, rappelant des lignes de fuites, lors de courses poursuites.

J'ai beaucoup aimé la mise en couleur, les nuances, les contrastes, bien en phase avec l'époque du récit et surtout adaptés pour chaque scène. Dominique Monféry alterne entre des tons clairs lors des scènes d'amour, des teintes rougeoyantes lors de combats, à l'image de la première de couverture, des couleurs " chaudes " en intérieur, et des teintes plus vertes en extérieur.

A découvrir absolument !

Frédéric pour KCBD

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