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Frankenstein à Bagdad, la chronique au soleil politique

Par Juju-Gribouille @JujuGribouille

Titre : Frankenstein à Bagdad
Auteurs : Ozanam (scénario), Antonio Cittadini (dessins), Alessandra Alexakis (couleurs), d'après un roman de Ahmed Saadawi
Éditeur : Soleil
Collection : Fantastique
Année : 2024
Pages : 128

Résumé d'une histoire aux multiples angles :

Comment démarrer une histoire ? Le narrateur a opté pour suivre Hadi Al-Attag, alors qu'il raconte un récit mystérieux à des journalistes blasés, un récit empli d'anecdotes dont la plus farfelue est sans doute celle où il récupère un nez humain dans les décombres d'un attentat. Nous sommes à Bagdad en 2005, le soleil est haut dans le ciel, les bombes lourdes sur terre et l'histoire peut commencer...

Le scénario d'un mythe revisité :

Il ne s'agit pas d'une énième adaptation du roman de Mary Shelley, mais bien d'un récit original, reprenant juste ce mythe d'un corps assemblé à partir des morceaux d'autres cadavres. Et cette histoire prend un sens tout particulier car elle se déroule à Bagdad au début du vingt-et-unième siècle. Le fantastique se mêle au politique et au social. Car à travers l'étrange histoire de Hadi Al-Attag, nous allons croiser puis suivre de nombreux autres personnages, Elishua Oum Daniel, une vieille femme qui va vivre un miracle, Mahmoud, un journaliste attiré par une femme mystérieuse ou encore un chat...

Ce chant choral peut sembler étrange mais prend tout son sens au fil des pages. Il nous dépeint une image de la situation de la ville, des tensions qui l'oppressent, de ses habitants et de leurs conditions de vie.
Cette adaptation du roman de Ahmed Saadawi nous offre une belle BD au récit structuré, pensé, de prime abord chaotique mais qui, à la fin, prend corps et sens.
Au hasard de la lecture, corruption, attentats, journalistes en attente d'un bon article, police sont montrés. A cela se mêle le fantastique qui permet de faire remonter à la surface les secrets enfouis, cachés, que nous ignorions totalement.
La créature nous permet de rentrer dans les mystères de la ville, tout comme le mystérieux narrateur qui survole le récit, nous donnant à voir le parcours de tel ou tel personnage. Ce narrateur omniscient se dévoile à la fin de l'histoire.

Frankenstein Bagdad, chronique soleil politique

Le dessin solaire :

Antonio Cattadi offre un très beau travail graphique à l'adaptation écrite par Ozanam. Il crée des personnages semi-réalistes, proches de nous, écrasés par la chaleur, que l'on sent à ce ciel bleu vide et à cette ville abîmée, couleur sable. Les expressions des visages nous permettent de lire les pensées des différents protagonistes, à quelques-uns près qui restent de marbre. Les décors portent les cicatrices de la guerre. Pierres apparentes derrière les peintures des murs, gravats sur le sol mêlés aux décorations.
Un travail de hachure, petites ou grandes, apportent non seulement le volume mais aussi de la texture aux décors et aux personnages. Comme la trace de la chaleur, du sable.

Les compositions sont variées et nous offrent souvent de magnifiques planches où de petites cases et des textes décomposent une action en prenant le temps de s'arrêter sur des détails, entourant ou soulignant un grand dessin pleine page.
Cette BD est un régal à lire et à parcourir visuellement. Le récit, plus dense, nécessite toute notre attention car les personnages sont multiples, vont, viennent, se croisent ou sont simplement évoqués par le narrateur.

Conclusion d'une BD fantastique moderne :

Ce récit utilise le fantastique pour raconter le réel et y parvient parfaitement. Le tout dans un graphisme travaillé, dense, donnant vie à une galerie de personnages attachants.

Zéda croise Hadi Al-Attag !


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