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Rosalie

Publié le 03 mai 2024 par Alexcessif
Rosalie
La meute, la curée, le chef de meute … dés les premières images on devine que hallali va rimer avec Rosalie. Il y a Abel mais on ignore qui sera Caïn, alors autant regarder le film

Un bouton, deux boutons, trois boutons et le corsage s’entrouvre. Instant magique de la première fois, romantique, à la lueur des bougies. Un épiderme inconnu, une fragrance inédite, une saveur nouvelle, s'agit pas de louper son entrée. Nous sommes au cœur de la dernière aventure humaine: la rencontre de la terra incognita. En R1, celles qui sont décidées pour le one shoot, passent chez Epil’ story pour un maillot impeccable. Rosalie, elle, se rase de prés. Enfin, au dessus de la ligne de flottaison, car dés le sillon inter mammaire c’est à la débroussailleuse qu’il faudrait essarter le joli corps de la mariée.

— Vous m’avez menti!

Tout de suite les grands mots!

Y’a quoi? Trente secondes Pépère était sous pression et le voilà qui monte sur ses grands cheveux euh chevaux! Monsieur est du genre qui n’aime pas trouver un cheveu dans sa soupe. 

Le frustré n’avait pas franchi le point de non retour. Non assouvi, il prends sa carte de fidélité et part évacuer sa colère au bordel. Ici tout est à sa place. Les « hommes » dominent, les femmes sont disponibles.

Qu’en est-il de la séduction? N’est ce pas le début du mensonge ou chacun/chacune se présente sous son meilleur jour? Ou plutôt la sincérité de l’engagement qui permet de trouver au plus intime de soi la ressource de celle/celui que nous sommes vraiment!

Pour Rosalie, ce mensonge n’est pas le sien. 

C’est celui des conventions d’une vie sociale quand l’on corsète les femmes, où la campagne souille la traîne des jupons, où les mères contraignent les filles aux tenues étouffantes et malsaines, faisant des unes des mères et des autres des putes. Un standard féminin codifié taille fine/poitrine opulente quitte à accepter les artifices vestimentaires et cosmétiques et faire la moue au dépiautage si le système pileux n’est pas tout à fait dans LA norme

Abel est dans le bon camp: la dot, le serment du mariage lui garantissent fidélité, sincérité et dévouement. Unilatéralement, bien sûr 

Ses premiers mots avant d’apercevoir sa « promise » (terme d’époque) furent: vous avez l’argent? Puis il sort achever le cerf à l’agonie, fait la connaissance de Rosalie, rasée de frais qui attendait sa décision comme un verdict dans la carriole du père. C'était au temps des dots et des transactions où les femmes coûtaient ou rapportaient avec ou sans vice caché 

Je vais avoir du mal à trouver sympathique ce Magimel/Abel victime lui aussi d’une tradition assez semblable à l’actuelle avec seulement quelques codes différents et moins outranciers

C’est quoi un homme? 

Un gentleman sur qui on peut compter! 

Normalement le soldat de la guerre de 70 en connaît un rayon question horreurs et courage. 

Le courage, chuis pas sûr! C’est surtout la peur de désobéir qui le pousse à monter à l’assaut. Face au courage authentique de Rosalie à la rencontre de « l’autre » (— J’aurais aimé que vous soyez différent — J’aurais aimé que vous soyez comme les autres*) le guerrier baisse les armes, s’enfuit la baïonnette en déroute 

Quant à l’horreur, y a du poil et alors? C’est juste la frisette qui démarre au niveau des seins comme un rappel de warning à l’avant de ta bagnole. Au pire ce sont des investigations clitoridiennes alléchantes pour atteindre le bouton magique dans le buisson ardent puisqu’il n’a pas la langue dans sa poche si j’en juge sa répartie

Il en a des trucs à cacher dans un corset, lui aussi. 

Ce corps mutilé par la guerre qui l’empêche « d’enlever le haut » dans l’intimité et de s’aimer lui même, pour commencer 

Cette dette qui le soumet au patron de la blanchisserie — Biolay, manichéen, ténébreux et cette voix…— pas tout blanc non plus

En payant, partiellement, sa dette, grâce à la dot il ne peut plus chasser Rosalie qui va lui apprendre à vivre, à aimer, à aimer vivre

Le commerce d’Abel est à bout de souffle. Sa dette, c’est son lien de soumission au maître. Il y a un équilibre entre le débité et le dépité où les deux trouvent leur compte. Ainsi vont les choses bien établies entre deux guerres, cet espace entre deux paix.

Rosalie, moins à l’aise dans le mensonge que toute cette communauté d’hypocrite, décide de son coming out. 

Au lieu de raser les murs, elle cessera de se raser. Elle fera de sa particularité une attraction. 

Ce ne sera plus la chasse au poil disgracieux, la demi jambe qui coûte un bras, mais la femme à barbe en vogue chez les pervers pépéres. A Paris le bourgeois salive sur la Vénus Hottentote et les Kanaks sont encagés ( lire l'excellent " Cannibales" de Didier Daeninckx)

La taverne d‘Abel va redevenir le centre social du village. 

Les affaire reprennent! 

Une femme à poils cela attire du monde. Et pas que des hommes. Les femmes s’émancipent, fument des clopes, s’assoient au bord de la rivière. Toutes ces femens ensembles, sans hommes, ça jase. Certains sont admiratifs et respectueux. D’autres refoulés et jaloux. Pierre son meilleur ami devient son meilleur ennemi. Sous ses ordres pendant la guerre, en temps de paix il a juste besoin d’un maître à qui obéir, d’un prétexte pour sa frustration, une jalousie à satisfaire, un coming out qu’il n’aura pas le courage de faire. Il y a des amitiés masculines qui n’osent passer de l’autre coté du miroir. 

Pour l’église — au centre du village — la bonté divine de son "aimez vous les uns, les autres" saute la case de la compassion chrétienne. 

Pour le patron, la débauche est incompatible avec l’embauche. Le rire, la joie, la connivence, c’est l’insécurité. Dans ce cas, la recette est souvent identique. Entre l'usine et la messe un petit attentat organisé à la blanchisserie, une coupable désignée et la meute rentre à la cure après la curée.

Bon, je vais pas te s-poil-er mais quand Abel est seul, les Caïn sont plusieurs. Abel va se comporter comme un homme avec Rosalie. La porte se referme, pudique. Comme ils se tutoient désormais, on en déduit qu’ils ont brisé, enfin, la glace. 

Mais il aurait dû apprendre à nager 

Car c’est dans l’eau que l’amour trouvera un chemin

* le subjonctif eut été nécessaire 

P.S: film simpliste kitsch et manichéen qui peut se voir si l'on a besoin d'avoir des trucs à dire. Ou pas. Un peu visuellement inconfortable, on ne se refait pas. Quelle féminine féministe en activité osera le poil disgracieux sous les aisselles et les gambettes? 

Quel mâle blanc formaté passera outre?

Rosalie

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