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Critiques ciné : séquences estivales

Publié le 24 août 2008 par Blabla-Series

En Juillet, de la grosse production souvent indigeste ..

WallE **

Le crime irrémissible de Wall E est d’avoir volontairement scindé son concept en deux majeures et cédé finalement aux exigences commerciales. La première partie introductive, contemplative et poétique, à des années-lumière des films d’animation extravagants, offre un propos bouleversant sur l’apprentissage des sentiments par un robot sensibilisé et un regard désolant sur l’état d’un monde auto-annihilé. Sa force retentissante réside avant tout dans sa démarche silencieuse et méditative, son sens du détail et sa concision. La seconde partie, plus terne, plus décousue et bien plus formatée, se résumant à des péripéties spatiales balourdes et caricaturales sans grand intérêt et aboutissant à une réflexion-critique inappropriée et épaisse sur les rituels consuméristes destructeurs de l’humain égoïste tout-puissant, se présente en décalage total avec la délicatesse et l’originalité initiales de son concept et brise ainsi toute la magie et la fine construction dramatique de ce grand chef d’œuvre annoncé. (6/10)

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Wanted ***

Influence graphique, plans-séquences impeccables, réalisation dynamique et direction vive, montage frénétique, échanges dangereusement cyniques ancrés dans des mouvements de caméra toujours rigoureux, Wanted use tellement des agréments du blockbuster puissant et impactant que le résultat est réussi, finalement jubilatoire et surprenant. Sans jamais faire dans la fine subtilité et à l’aide d’une interprétation paradoxalement policée des deux protagonistes, Wanted est un spectacle constant qui assume efficacement sa dimension pachydermique de mauvais goût principalement destinée à séduire les spectateurs lambdas avides de courses-poursuites et autres sensations fortes. En filigrane, le film réussit -aussi- grâce à un univers de corruption et de simulacre plutôt attirant, à sauver une histoire initialement incongrue et anémique en brouillant avec génie ses pistes scénaristiques et en dénonçant tacitement un manichéisme sociétal véridique. (7/10)

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The Chronicles of Narnia : Prince Caspian *

Démonstration fantastique inégale et longuette, à la hauteur d’un paysage fictif montueux (symbolique), servie par un Prince Casse Pieds peu charismatique et une même bande de sales gosses têtes à claques plus mauvais les uns que les autres, cette fresque s’inscrivant dans la lignée d’un premier volet plat et linéaire, perd en authenticité ce qu’elle gagne en belliqueux et autres fausses bravoures-nunuche presque ringardes, une dimension épique cependant acceptable qui aurait été bien plus louable sans la complaisance affichée et les très faibles ressources scénaristiques d’un film auto-anéanti, fiasco fantastique dénué d’intérêt. (3/10)

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Kung Fu Panda **

Everybody was kung-fu fighting…, la philosophie Kung Fu a beau nous laissé complètement de marbre, cerveaux d’occidentaux pour cause, Kung Fu Panda réussit toutefois  l’équilibre parfait entre la spiritualité de l’art martial alors accessible, la finesse d’une histoire échevelée et le décor chiadé d’une Chine ancienne authentique, emportant alors notre adhésion. Sans éviter bien sûr d’emprunter les lieux communs inhérents au genre et en usant férocement des ingrédients types tels que les punchlines bien senties à la Dreamworks ou autres péripéties conventionnelles du genre animé, Kung Fu Panda reste un divertissement honnête et de bonne facture, sa beauté formelle et son approche philosophique lui permettent en outre une spiritualité sincère adhérente qui sied rarement à ces films d’animations farfelus et cousus de fil blanc. (6.5/10)

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Journey to the Center of the Earth *

En 3D ou non, ce Voyage au centre de la Terre n’a de Vernien que le titre de l’œuvre. Adaptation bankable et grandiloquente lourde en gags paresseux, mises en situations tristement attendues et dialogues à s’en décrocher violemment la mâchoire, ce douloureux Voyage entre morale familiale convenue et aventures gentiment dangereuses, infantilise plus qu’il ne distrait. Son incapacité à enjoliver l’univers fantastique ingénieusement pensé par l’écrivain et son manque d’ambition quant à l’exploitation efficiente de son esthétisme enfantin formel et de son graphisme central supposé bluffant, déjà affaibli par un montage médiocre et une linéarité d’ensemble, condamne le film au rang de produit familial de seconde zone habituel et usant. (3/10)

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En Juillet, entre films intimistes et productions indé ..

Diary of the Dead **

A l’appui du principe filmique subjectif actuellement incontournable, dans la lignée des succès à la REC et Cloverfield, Diary of the Dead se paie lui, le luxe d’allier zombies et effets de caméra et se distingue de ses concurrents par son ambition argumentative manifeste et son désir froid d’hémoglobines. Mais contrairement à REC, en condamnant perpétuellement et frontalement ces médias intrusifs par une méthode journalistique des plus maladroites et filandreuses, le film perd de sa force et s’assimile finalement plus à une démonstration sociale inoffensive –qui plus est discutable- qu’à cette métaphore horrifique et barbare initialement auto-proclamée. (5.5/10)

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Hallam Foe **

Hallam Foe, un portrait d’adolescent en mal de vivre, esseulé et voyeuriste, un portrait d’apparence sobre et légère qui néanmoins aborde secondairement des thèmes prenants comme les difficultés d’intégration, le désir oedipien, le travail de deuil. Le film, alors vu comme une illustration subtile de toute une interprétation freudienne ne fait malheureusement que survoler ces points forts et se contente dans la durée de son étiquette de production indie à la bande-son joyeusement hype et à la photographie d’un Edimbourg parfait, une frustration d’autant plus forte que sa conclusion laconique dommageable l’éloigne définitivement de tout ton novateur et atypique, pourtant à sa portée.  (6/10)

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Le Premier Jour du Reste de Ta Vie **

Il semble évident que le Premier Jour se démarque avec panache des productions françaises par son écriture aboutie, sa bande-son quasi-parfaite et sa mise en scène originalement élaborée. En revanche, son incessante théâtralisation de la vie familiale, entre excès tire-larmes, facilités psychologiques et gros clichés en soi sur le quotidien et les conflits intergénérationnels inhérents à toute famille, empêche le film dans sa volonté manifeste de bien faire, de bien montrer et de bien émouvoir et gâche par là-même son désir de sobriété et d’authenticité. Le film en s’efforçant de surcroît une maitrîse totale de son plan formel, en vient à sous exploiter et bâcler certaines de ses intrigues et perd en subtilité ce qu’il ne récupère pas toujours en créativité, cette exigence s’essoufflant férocement dès le milieu du film. Au final, n’est pas Anderson ou Vallée, qui veut. (6,5/10)

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Broken English **

Broken English, le film de Zoe (fille de) Cassavetes échoue là ou l’enlevé 2 Days in Paris de la géniale Julie Delpy avait brillé : évoquer les rapports amoureux avec subtilité et renouveau, Broken English préférant lui, surfer sur la mode des films électro à la thirtysomething : aéré, mélancolique mais surtout très creux.  En raison de problèmes indéfectibles de rythme, d’un scénario quasi inexistant et d’une ultime conclusion à l’emporte-pièce, le film peine à asseoir une intrigue à la hauteur et se contente pour ainsi dire d’un bref descriptif succinct loin d’être prenant. Heureusement, la magistrale Parker Posey redore à elle seule la légitimité du film en lui procurant une dimension anecdotique et chaleureuse. (6/10)

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