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Apprendre à vivre

Publié le 25 août 2008 par Jcgbb

La lecture place le lecteur qui y réfléchit devant certaines difficultés. Comment peut-on bien lire ? Comment même au fond est-il possible de lire ? Car on ne peut lire sans être actif, sans participer par sa pensée à la compréhension de ce qu’on lit ; mais la lecture exige en même temps une forme de passivité, de disponibilité ouverte de l’esprit à ce qui se présente à lui.

Toute lecture engage et retient la pensée à la fois, l’exhorte et la repousse, l’invite et l’éconduit tout ensemble. Mais la difficulté est plus grande encore : car il faut aussi connaître ce qui est dit pour le comprendre, le reconnaître pour l’assimiler. En somme, il faut y être déjà familier pour l’aborder.

Ne lit-on alors rien qu’on puisse ignorer ? La lecture découvre-t-elle le lecteur à lui-même au lieu de le distraire ? Est-ce là ce que Nietzsche veut dire en affirmant qu’on n’entend dans les livres que ce qu’on sait déjà ? N’y a-t-il de lecture que subjective et captive de la personnalité ?

Par un art dont il a le secret Nietzsche supprime (discrètement) la difficulté en l’exposant. Loin des affirmations pessimistes, perspectivistes et autres constatations blasées, Nietzsche formule en réalité les conditions de l’objectivité : car si on ne peut lire que ce que l’on reconnaît, que ce que l’on a vécu et expérimenté, alors il n’est que de vivre pour savoir bien lire, d’accumuler observations et culture pour augmenter le potentiel de chaque lecture.

Chaque nouvelle expérience est la promesse d’une lecture moins étroite et chaque lecture personnelle la promesse de lectures qui le seront moins. Que nous ne puissions lire sans perspective n’engage qu’à les agrandir toujours plus pour moins les ressentir.


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