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Echos

Par Deathpoe
Faisant les cent pas sur le bacon alors que je m'accroche fermement à ma cigarette, j'aiguise mon regard et le plante loin dans le ciel. La tête bourdonne et les yeux, à nouveau douloureux, seraient tentés de se fermer pour une durée indéterminée. Je bien à l'aise dans mes Docs, et je fais les cent pas, laissant une sensation d'épuisement de côté. J'attends et tourne en rond, que certains cycles se referment d'eux-mêmes, que l'on puisse à nouveau s'atteler à l'explosion. Ce n'est jamais rébarbatif.
J'ai mal partout, et ressens encore une fois une douleur intense dans le bas dans mon dos. Derrière mes yeux, sur un parchemin carcéral qui défile comme une page de traitement de texte, j'écris. Les mots ne se couchent pas d'eux-mêmes sur la page, et ce n'est que l'immense fatigue qui m'oblige à les reporter à plus tard, malgré le risque récurrent de les oublier.
"Tes seules occupations, c'est te branler, boire, fumer et te foutre de la gueule des gens." Elle m'aurait presque blessé, mais je ne dis rien. L'on m'a déjà tellement rabâché cela que je m'y suis habitué. D'ailleurs, je me suis déjà habitué à tout. Alors je me braque, essaie de rouler ma clope, jette le tout par terre, en pioche un dans mon étui à cigarette.
Il y a quelques instants, j'étais torse nu sur le balcon, parfaitement à l'aise dans mes pompes. La démarche sûre, je faisais les cent pas. Je tire sur ma cigarette, en recrache la fumée, croise mon reflet dans la baie vitrée. Je ne suis certainement pas au faîte de ma forme, mais de l'extérieur, le corps ne semble pas en mauvais état. De l'extérieur seulement. Des jambes élancées me portent sans défaut, et j'ai encore maigri depuis la dernière fois où j'ai osé m'affronter de visu. Mon ventre n'est plus flasque comme auparavant et les muscles du torse et des bras commencent à se dessiner sous l'effet de la baise et des séances de travail occasionnelles dans une maison de campagne. Je sens les rouages de mon esprit toujours plus vif et aiguisés, et m'estime encore capable d'explosions créatives encore plus intense. Presque mon propre fantôme.
Je vais avoir vingt ans ou, selon ma propre perspective, quarante. Je crois que je les fais.
Alors que Morrison chante People Are Strange et m'évoque cet été, il y a deux ans, où tout a vraiment commencé, je balance un Efferalgan codéiné dans un verre d'eau, l'observe se tordre de douleur de la même manière que je sonde les inconnus dans une rue. Il a terminé, je l'avale. Il me faut courir à nouveau m'emprisonner dans une cabine de photomaton.
Aucun repos.
Montre leurs ce que tu as dans le ventre.
Très bien.
The Doors "People Are Strange"
"People are strange when you're a stranger,
Faces look ugly when you're alone.
Women seem wicked when you're unwanted,
Streets are uneven when you're down.
When you're strange
Faces come out of the rain.
When you're strange
No one remembers your name
When you're strange,
When you're strange,
When you're strange.
All right, yeah!"



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