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La lutte pour l’espace

Publié le 18 juillet 2008 par Annegaellerico

Un quart de la péninsule de Bombay est occupé par une réserve naturelle protégée depuis 1981, le Sanjay Gandhi National Park. Intouchables, tribaux, nouveaux riches et léopards s’arrachent cette oasis verte cernée par une des plus grandes mégalopoles du monde.

Des milliers d’Indiens débarquent tous les jours dans la capitale économique de l’Inde, en quête d’un salaire rémunérateur et d’une vie meilleure.

Mais à Bombay, l’espace se fait de plus en plus rare et des familles pauvres s’installent en bordure du parc depuis plus de 30 ans. Des arbres sont coupés, le parc diminue.

En 2000, la Cour suprême a décidé de faire évacuer le bidonville, un recensement a alors été effectué par le ministère de l’Environnement : 60 000 familles, soit environ 300 000 personnes sont concernées par l’avis d’expulsion.

Depuis le 1er janvier 2008, la décision de la Cour suprême est appliquée et pas une semaine ne passe sans que le grondement des bulldozers ne résonne dans le slum.

Les bulldozers anéantissent les maisons mais aussi les infrastructures : conduits d’eau, câbles électriques, écoles, dispensaires….

L’angoisse est palpable dans chaque foyer. Mais la vie continue… Car Borivali comme tous les bidonvilles indiens est avant tout une ville dans la ville, un lieu de vie, où l’on fabrique…

où l’on joue…

où l’on prie…

Le seul espoir est de faire partie du programme de relogement qui a été mis en œuvre par les autorités de la ville, pour cela il faut : s’être installé avant 1995 et pouvoir le prouver (33 000 familles ont répondu à ce critère). S’acquitter d’une amende de 7 000 roupies (environ 120 euros, soit 2 mois de salaire en moyenne pour les habitants du bidonville). Au mois de janvier, la Cour suprême a lancé un ultimatum: 27 000 familles ont payé et devraient donc finalement être relogées.

Pour le moment elles ne sont que quelques milliers à avoir obtenu un appartement dans une tour. Quand aux familles qui n’ont pas rempli les critères… elles reconstruisent leurs bicoques avec du carton et des sacs en plastique.

Prema appartient à l’association Nivara Hakk qui lutte pour que les familles soient correctement relogées.

Les habitants du slum ne sont cependant pas les seuls à s’installer sur le parc, de nombreux immeubles, pour classes aisées en quête d’espace vert, qui sont en construction ont également été déclarés illégaux. Mais les propriétaires, eux, possèdent des actes de propriété en bonne est due forme. Ils devront payer une amende pour obtenir la légalisation de leurs appartements.

Les habitants du slum nous ont chaleureusement accueillis, pressés de nous montrer leurs maisons détruites, de nous raconter leurs vies et leurs rêves brisées…

Comment construire l’avenir quand le peu que vous possédez, le toit que vous avez construit pour votre famille peut être détruit demain ?


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