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Laura, 25 ans, néantologue

Publié le 07 juillet 2007 par Croquemadame
Un conseil : surtout ne vous fiez pas à l’apparence gracile de Laura Rouquié. Cette catherinette ressemble à s’y méprendre à son homonyme de la Petite Maison dans la Prairie : chevelure longue et lisse, attitude sage, voix posée, des yeux en forme d’amande. Calme, calme, trop calme pour être vraie ! J’ai bien failli m’y faire prendre lors d’un déjeuner à Brest ! Il aura fallu près d’une heure à grands coups de questions pour effleurer la vraie nature de cette fille, venue de Montpellier pour s’échouer au bout du Finistère lors d’une vague d’études en master métiers du livre et de l’édition.

Pour Croque-madame, le secret de Laura -clin d’œil à l’émission merdique de Loft story- est enfin révélé : elle fait partie de la tribu des néantologues ! Une vraie, en chair et en os, vivant dans un monde aux personnages décalés, parlant une langue incompréhensible aux néophytes. Depuis sa rencontre avec Elise, une Bretonne néantologue sur les bancs de la faculté, Laura a rejoint l’association brestoise « VACCUS », qui signifie en latin, « le rapport au vide », « le néant ».
Halte là ! Laura n’est pas une âme lugubre, une pensée sombre…
Au contraire, c’est un joyeux lutin des temps post modernes qui « fait le plus de trucs pour rien », « sans recherche de résultats ». Laura, c’est un peu notre contraire en somme. Nous, on se lève le matin POUR faire des études, POUR obtenir ci ou ça. Laura, c’est donc tout l’inverse. « Et c’est pas si facile, explique-t-elle, de faire quelque chose pour rien… » Surtout dans nos sociétés, à notre époque, où tout doit être justifié, organisé, planifié…
La première fois où Laura a rencontré des néantologues, « [elle] s’est faite toute petite aux réunions » : « Je me mettais dans un coin et j’écoutais… C’était assez déroutant, plutôt déjanté. » Ca l’amuse, ça la scotche d’être avec des libraires, des étudiants, des chômeurs entre 25 et 30 ans qui cherchent à créer des événements pour rien comme des « contre-manifestations sans but, ni protestation », des sittings pour encore que dalle… « A chaque fois, il faut être contre… Mais contre qui ou quoi, contre rien », prévient-elle.
Une pensée qui échappe à toute logique connue mais qui fait marrer. « Il n’y a aucun intérêt à adhérer à l’association. » Sauf celui de devenir un néantologue. A Paris, à Angoulême, la tribu a fait des petits. Encore des joyeux drilles du Néant.

Tous ces membres sont très actifs, « pour rien » : ils ont un site génial www.vacuus.org qui fait vivre des personnages 100% néantologues, sans aucune matière réelle. On y trouve par exemple Monsieur Bontempi, un « homme » qui n’a jamais de chance. Ce contre-héros se prend des claques dans la rue, pour rien. Il est même inscrit à Meetic et reçoit de vrais coups de foudres. On y rencontre aussi son cousin, Monsieur Bitenpon, un odieux personnage. Reste qu’« il n’y a pas de personnage féminin » pour le moment.


Mais les croqueuses peuvent toujours en proposer un… Pour le soumettre, il faut écrire en langue Vulapok –la langue des néantologues*- au contre-président de l’association. « Aucune justification de création » n’est exigée. Sûre que Laura, une des seules filles de l’asso, un brin Croqueuse, les aidera !


Margot Larouge.

Pour plus d’infos, lisez le journal néantologue « le Néant du logis », qui sort tous les 11 mois. A dévorer à l’envers.


* Le vulapok est difficile à apprendre, ses verbes sont irréguliers. Exemple : « le matin où t’es dans le gratin » se dit « coltatoine ».


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