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Combattre la peur ? ......

Publié le 27 août 2008 par Osmose

Vu du côte « Art Martial » et notamment avec l’

« L'Aïkido »

Ancien pratiquant du « Kung Fu »,j’ai entre autre une attache sentimentale particulière pour l’Aïkido, et pour être clair dans la présente démarche, Il n’est nullement question, ici, d’orienter quiconque vers un Art Martial défini et non plus de tenter une forme dite publicitaire.

Dans les arts martiaux en général, le phénomène de peur n'est jamais explicitement débattu, ni montré, ni expliqué. Lorsque le combat est dur, comme dans certaines formes de karaté et autre Kung Fu  on peut comprendre la peur de se retrouver K.O. avec le nez ou des côtes cassés, voire + selon … !

Mais avec l’Aïkido, forme non-violente par excellence, elle ne devrait pas être présente. Pourtant, il suffit de regarder ce qui se passe sur les tatamis pour être convaincus du contraire.

Alors comment faire alors pour cheminer sereinement sur la Voie ?

Il est dit, depuis la nuit des temps des arts martiaux, que le guerrier est celui qui doit maîtriser sa peur. La Voie des arts martiaux pourrait donc se résumer en un entraînement sans fin contre ses propres peurs.

Mais l'Aïkido propose une voie différente, plus harmonieuse, où il s'agit de construire l'individu en partenariat avec d'autres pratiquants. Pour supprimer la violence et les peurs.

Pour supprimer la peur de l'échec, Cet Art Martial ne s'est pas doté de compétition. Pour supprimer la peur de l'autre, l'Aïkido déclare que l'autre n'est plus un adversaire qui cherche à vous détruire, mais un partenaire qui cherche à se construire avec vous. Fort de tous ces acquis, la peur devrait être complètement absente de notre pratique. Et pourtant ce n'est pas ce que l'on peut constater dans les dojos.


Mais avant il faut d'aller plus loin, il faut s'accorder sur ce que l'on met sous le terme de peur.

Si vous observez bien, vous verrez que les débutants ont peur de chuter, de se faire mal ou de mal faire. Les gradés semblent ne plus avoir de peur, tant ils sont dans le confort de leur position.

Mais l'arrivée de la moindre remise en question, l'échec de leur technique, l'intrusion d'un plus fort qu'eux, les déstabilisent, les agressent bien souvent, faisant renaîtrent leurs peurs. Les enseignants ont peur de la présence d'un nouvel enseignant dans leurs environs, d'un stage où ils pourraient se voir rabrouer par un maître, d'être mis face aux limites de leurs compétences par une question innocente d'un débutant.

Bien sûr cette liste n'est pas exhaustive et ne s'applique pas à tous, fort heureusement. Mais elle n'est pas fausse pour autant. Le premier constat est que l'on parle plus généralement de peurs (au pluriel) différentes et impossible de généraliser, chaque pratiquant étant unique.


Toutefois, on sait depuis longtemps que le phénomène de la peur est aussi vieux que l'humanité, plus vieux encore sans doute. Cette peur ancestrale, qui est commune à tous les êtres et la peur de la mort, voire de la souffrance. Dans ce cas-là on peut parler de la peur (au singulier), car il en va de sa propre survie. Mais il semble que dans les clubs, à notre époque, comment se fait-il que nous ressentions encore la peur ?

Il faut croire que la peur est un composant important de notre psyché, dont on ne se débarrasse jamais tout à fait.


Curieusement, la peur est souvent ce qui pousse une personne upsilon à pratiquer un Art Martial, ce qui a priori peut paraître une affirmation sans fondement. Mais de la peur d'être faible et de se faire écraser (psychologiquement ou physiquement), naît le désir d'être plus fort et ainsi de se rassurer.

On décide, donc, alors de pratiquer un art martial pour chasser cette peur. Mais dans un deuxième temps, la peur de se faire mal dans une voie martiale vraiment dure, pousse le débutant vers l'Aïkido qui se glorifie - à juste titre - d'être une voie de la non-violence, tout en conservant toutes les apparences d'un art martial. On peut donc dire que 90% des pratiquants viennent à l'Aïkido par cette double voie de la peur, sans jamais en avoir conscience.

Voilà qui donne à réfléchir sur nos véritables motivations à pratiquer. Heureusement là aussi, les motivations premières changent au fur et à mesure de notre avancée dans la Voie.


Car il est bon de le rappeler, pour avancer dans cette Voie, il faut maîtriser ses peurs. Les bushi (guerriers japonais) ont fait de cette pensée la pierre angulaire de leur pratique dans une sorte de nihilisme qui les poussaient à ne plus avoir peur de rien, même de la mort. Ils allaient ainsi combattre, et généralement mourir, sans peur dans l'épouvantable boucherie d'un champ de bataille.

Pour en arriver à ce stade, un long entraînement physique, mental et spirituel leur a permis de franchir pas à pas les limites de leurs propres peurs. Il faut aussi remettre cette démarche dans son contexte, à une époque où en dehors de la peur de mourir, il n'y avait pas tellement d'autres sujets de peur. Le bushi allait donc rapidement à l'essentiel et combattre la peur principale.

Il est impossible de généraliser car chaque pratiquant est unique.

Mais dans un deuxième temps, la peur de se faire mal dans une voie martiale vraiment dure, pousse le débutant vers l'Aïkido qui se glorifie - à juste titre - d'être une voie de la non-violence, tout en conservant toutes les apparences d'un art martial.

On peut donc dire que # 90% des pratiquants viennent à cet Art Martiel non-violent par cette double voie de la peur, sans jamais en avoir conscience. Voilà qui donne à réfléchir sur nos véritables motivations à pratiquer. Heureusement là aussi, les motivations premières changent au fur et à mesure de notre avancée dans la Voie.


Car rappelons-le, pour avancer dans cette Voie, il faut maîtriser ses peurs. Les bushi (guerriers japonais) ont fait de cette pensée la pierre angulaire de leur pratique dans une sorte de nihilisme qui les poussaient à ne plus avoir peur de rien, même de la mort. Ils allaient ainsi combattre, et généralement mourir, sans peur dans l'épouvantable boucherie d'un champ de bataille.

Depuis les origines de l'hindouisme, et plus tard du bouddhisme, on sait que la peur est source de la colère, puis de haine et amène enfin à la destruction de l'autre et de soi. Maîtriser sa peur signifie donc non pas supprimer la peur, mais la reconnaître et l'accepter. Pour comprendre le sens de cette phrase, il est possible de faire un petit exercice.

A chaque fois que nous sommes confrontés à une nouvelle information ou situation face à laquelle nous ressentons de l'agressivité, de la répulsion, de la crainte et toutes les formes dérivées de la peur, demandons-nous avant de rejeter, combattre ou condamner, ce qui dans notre psychologie, histoire personnelle ou éducation, nous pousse à réagir ainsi ?

Si on analyse les racines de nos peurs, on peut alors se dire « je comprends cette peur-là, j'accepte donc le fait d'avoir peur ». Bien souvent, cette démarche fait dégonfler le problème comme un ballon de baudruche. Certes cela ne signifie pas arracher les racines d'une peur, mais qui nous le demande ? En revanche, être lucide sur soi, reconnaître une peur parmi tant d'autres, c'est mettre le doigt sur une de ses faiblesses.


Or, notre esprit, notre fierté, notre éducation martiale, tout nous pousse à refuser une telle faiblesse. Certains vont alors la combattre par mille et un moyens, d'autres vont méditer dessus, d'autres vont essayer de l'oublier pendant un temps, ce qui n'est certes pas une solution. Mais le mieux est d'accepter cette peur comme faisant partie de nous, sans misérabilisme ni mauvaise conscience, mais comme un ingrédient qu'il est bon de connaître. Ainsi la prise de conscience d'une peur c'est déjà la moitié du chemin vers la tranquillité, cette tranquillité d'esprit indispensable pour libérer notre corps de toutes les pensées parasites qui nous empêche de progresser.

Mais, si l'on en revient à la peur primale, celle de mourir, on peut penser que c'est une grossière erreur de vouloir entièrement la supprimer. Un guerrier qui n'écoute plus ses peurs et un futur cadavre en puissance, qui bravera le danger de manière inutile. Car la peur est une émotion fondamentale de notre structure animale qu'il faut savoir écouter pour éviter un danger mortel, un piège. Il ne faut donc pas renier cette peur qui nous préserve.


En suivant ces idées, on obtient alors un esprit dégagé mais en alerte, délivré de ses peurs parasites mais conscient des vrais dangers. Accepter et connaître ses peurs fait donc partie de la voie de la construction qu'est ce sport non-violent.

Le plus amusant dans cette réflexion, c'est qu'une fois les peurs maîtrisées, nous ne nous sentons plus agressé. La violence n'est donc plus nécessaire.

Nous ne devrions plus avoir besoin de pratiquer un art martial, qui finalement n'est qu'une béquille morale à notre besoin de sécurité. C'est là que la pratique de l'Aïkido prend tout son sens. Son postulat de base n'est pas de nous briser les uns les autres.




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