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Les E.U. et l'U.E. ont perdu leur intégrité morale face à la Russie

Publié le 27 août 2008 par Francisrichard @francisrichard
Les E.U. et l'U.E. ont perdu leur intégrité morale face à la RussieCes jours les Etats-Unis et l'Union européenne ont tous l'expression d'intégrité territoriale à la bouche. Les mêmes, il y a un peu plus de six mois, trouvaient tout à fait normal que la Serbie soit amputée de sa province du Kosovo et se félicitaient que son intégrité territoriale soit remise en cause.

Après tout les Serbes n'avaient qu'à s'en prendre à eux-mêmes. Ils s'étaient laissé envahir au cours des dernières siècles, à la faveur de la conquête turque, par des Albanais, qui avaient fait souche et s'étaient multipliés, et avaient laissé le champ libre à ces derniers sur une terre ingrate où se trouvaient pourtant les plus beaux de leurs monastères, témoignages magnifiques de l'Eglise orthodoxe serbe.

En effet les Serbes étaient encore majoritaires au XVème siècle au Kosovo au moment où l'Empire ottoman s'en est entièrement emparé. C'est à la fin du XVIIème siècle et au début du XVIIIème que le rapport de forces entre Serbes et Albanais s'est définitivement inversé avec la migration serbe vers l'Autriche devant la nouvelle conquête turque.

Quelques chiffres montrent qu'au XXème siècle l'immigration albanaise, et son évolution démographique, ont fini de l'emporter sur la minorité serbe : sur 790'000 habitants en 1945, 68% sont Albanais et 24% Serbes; sur 1'600'000 habitants en 1981 77% sont Albanais et 13% Serbes; sur 2'000'000 habitants en 2003 87% sont Albanais et 8% Serbes.

C'est donc en vertu de cette évolution démographiques que les EU et l'UE ont décidé de reconnaître l'indépendance du Kosovo autoproclamée par le parlement kosovar le 17 février 2008, en transgression de la résolution 1244 des Nations Unies, c'est-à-dire en violation du droit international. C'est en vertu du même droit international que les indépendances, reconnues le 25 août par la Russie, de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie, sont condamnées par les EU et l'UE, qui entendent cette fois maintenir coûte que coûte l'intégrité territoriale de la Géorgie.

Or prenons l'exemple de l'Ossétie du Sud. Après avoir été annexée en 1801, en même temps que la Géorgie, par la Russie, l'Ossétie du Sud est autonome depuis 1921, tout en étant rattachée à ce moment-là à la Géorgie. Après l'effondrement de l'Union soviétique, en 1991, l'Ossétie du Sud conquiert son indépendance, proclamée le 19 janvier 1992, à l'issue d'une guerre victorieuse contre la Géorgie. Peuplée de deux tiers d'Ossètes et d'un quart de Géorgiens, l'Ossétie du Sud vote son indépendance en 2006 lors d'un référendum où le oui l'emporte par 98% des suffrages.

Le destin de l'Abkhazie est parallèle à celui de l'Ossétie du Sud. La Russie l'a conquise à la moitié du XIXème siècle. L'Abkhazie est autonome depuis 1930, tout en étant rattachée à la Géorgie. Après l'effondrement de l'Union soviétique, elle proclame son indépendance en juillet 1992. A l'issue d'un conflit avec la Géorgie qui ne veut pas se laisser déposséder, un cessez-le-feu est signé en 1994. Une grande partie des Géorgiens qui habitent l'Abkhazie la quittent alors pour la Géorgie.

Toutes les images des télévisions occidentales - largement anti-russes pourtant - montrent que les populations abkhaze et ossète ont accueilli dans la liesse la reconnaissance de leur indépendance par la Russie. Suivant les circonstances, autrement dit quand ça les arrange, les EU et l'UE acceptent de violer le droit international, ils se proclament pour la liberté des peuples ou ils défendent l'intégrité territoriale de pays dont les frontières sont mal dessinées.

Les palinodies des EU et de l'UE les déshonorent. Ils ne sont plus crédibles. Ils se présentent comme les chevaliers blancs de la planète, comme des parangons de vertu, alors que leurs principes sont à géométrie variable. Parce que le président Saakachvili leur mange dans la main, ils n'ont pas de mots trop forts contre la Russie, dont ils craignent la concurrence, et prennent parti pour l'agresseur contre le défenseur. Car il ne faut pas oublier que c'est la Géorgie l'agresseur dans cette affaire, même si son président ose parler de guerre préventive pour se justifier a prosteriori (voir mon article La folle fuite-en-avant de Saakachvili l'oblige à faire marche-arrière  ).

Si ce n'était déjà fait, les Etats-Unis et l'Union européenne ont perdu leur intégrité morale face à la Russie. Et c'est pitoyable.

Francis Richard

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