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L'ÂME et l'AU-DEAL DANS LA PENSEE PRIMITIVE !

Publié le 28 août 2008 par Osmose

Nous sommes évidemment réduits aux hypothèses quant à la façon dont nos lointains prédécesseurs concevaient leur double immortel, et à celle dont ils voyaient le déroulement de la vie dans l'au-delà. Cependant, il est facile et logique d'imaginer que ces représentations furent de tout temps l'expression fidèle de la maturité de chaque génération

Grâce aux documents parvenus et aux témoignages directs de certains auteurs anciens, tel l'historien grec Hérodote, ce sont les conceptions égyptiennes qui nous sont les mieux connues. A l'époque du Moyen Empire (environ 2000 ans av. J.-C.), la doctrine égyptienne distinguait déjà trois parties dans l'homme :


1) un corps physique


2) un double ou reflet de ce corps, appelé Ka


3) un principe purement spirituel, appelé Ba


Après une longue évolution, la réplique du sort d'Osiris (mis à mort par Seth, préservé de la décomposition, ressuscité par Isis et admis parmi les dieux du ciel) réservée aux rois, fut ensuite étendue aux grands du royaume, et enfin démocratiquement à tous.

Le souci de garder intact, par la momification, le corps terrestre dans une tombe avait pour but d'aplanir la voie pour l'âme. En effet, cette conservation était censée être une des conditions donnant à la partie immortelle le droit d'entreprendre le voyage jusqu'à la porte du ciel. Avant d'y arriver, l'âme devait traverser un terrible pays souterrain où la guettaient d'effrayantes épreuves que les formules magiques du Livre des morts permettaient cependant de conjurer.


Après avoir franchi le portail du premier ciel, l'âme arrive dans la "salle de double justice" où trône le tribunal suprême, présidé par Osiris. Le dieu protecteur des morts est assisté du dieu-loi Maât et des 42 divinités représentant les 42 péchés qu'elles ont la charge de punir. A l'appel de chaque péché, l'âme doit se justifier et certifier : "Je suis pure !... Je n'ai pas volé !... Je n'ai pas menti !... Je n'ai pas tué !... Je n'ai fait pleurer personne !.... Je n'ai pas commis de violence !..." A la fin de cet examen, l'âme est pesée dans la balance "de justice et de vérité". Lorsque le postulant à l'immortalité a des raisons de redouter l'appel de certains péchés ou s'il n'est pas tellement sûr de ses mérites, certaines formules devront lui permettre d'abuser ses juges et de sortir victorieux de la redoutable confrontation.

Déjà nous rencontrons ici la tragique erreur des êtres humains qui croient pouvoir se soustraire à la Justice divine grâce aux astuces de leur intellect. Après s'être justifiée, l'âme, devenue immortelle comme Osiris, est libre "d'aller dans tous les lieux qu'il lui plaira, et auprès des esprits et des dieux". Elle pourra "gouverner le monde avec Râ, assister Ialou, le cultivateur des champs célestes, ramer sur la barque solaire, vivre dans sa tombe ou même se réincarner sur terre."

 

Les conceptions de certaines peuplades primitives contemporaines ne sont, de loin, pas aussi évoluées que celles des Egyptiens. Par la diversité de leurs formulations, elles nous permettent cependant de suivre la marche de la pensée humaine.
En règle générale, la croyance la plus répandue est que le désincarné continue une vie à peu près semblable à celle qu'il vient de quitter en perdant son corps matériel. Il reste soumis aux mêmes besoins et il a gardé les mêmes passions. Dans sa nouvelle situation, le double survivant conserve l'apparence extérieure qu'il avait sur terre. Il peut parler, penser, avoir des passions, sentir la douleur et la joie, la faim et la soif. Dans l'échelle de l'existence, il n'y a donc qu'un degré qui différencie les vivants de la terre des vivants de l'au-delà. 4


Pour ne pas mettre les défunts dans l'embarras, ce qui pourrait les mécontenter et susciter leur vengeance, il faut que leur famille ou leur clan ne lésine point sur les offrandes funéraires. Mais cette dotation : parures, outils, armes, ne s'arrête pas toujours aux objets inanimés. Les animaux ayant appartenu au disparu (chien, cheval, etc) sont souvent tués et ensevelis avec lui et, ce qui est plus grave, ses esclaves et même sa femme subissent un sort identique.

La cruelle coutume de l'incinération de la veuve sur le même bûcher que celui de la dépouille de son mari continua à sévir aux Indes, malgré l'interdiction faite par les Anglais en 1829.


Il est normal que l'imagination de chaque peuplade et de chaque génération ait accommodé la vie d'outre-tombe à sa façon, en espérant y trouver, en plus beau et en plus abondant, tout ce qui lui avait manqué, tout ce qu'elle aurait aimé posséder sur terre.


Quelque cinq siècles avant notre ère, les Celtes imaginaient leur vie d'outre-tombe comme un séjour sur une île lointaine, dans un site radieux et sous un climat toujours printanier où les parties de chasse alternaient avec les luttes et les banquets copieusement arrosés de rasades d'hydromel.


Après la rude vie du désert, le bédouin aspirait à trouver l'ombre, la fraîcheur, les eaux vives et la bonne chère. Pour lui, le paradis dont il rêvait devait être un jardin frais et ombragé, où l'attendaient des houris aux grands yeux et aux formes généreuses.


L'Indien, hanté par le spectre de la faim, espérait trouver dans l'au-delà d'inépuisables terrains de chasse.


La certitude d'une survie individuelle imprégnait la vie terrestre de tous les peuples. Ainsi, l'historien latin Valère Maxime nous rapporte que les Gaulois étaient tellement sûrs de la continuation de leur vie après la mort qu'ils empruntaient de l'argent en s'engageant à le rembourser dans l'au-delà lors d'une rencontre avec le prêteur. Les familles, de leur côté, se servaient de leurs défunts comme facteurs en leur confiant des messages destinés à des membres du clan déjà décédés.


Une autre conséquence de cette certitude dont les Romains durent faire la cruelle expérience, nous est confirmée par Jules César. Les combattants gaulois, convaincus que la mort n'était qu'un passage, étaient d'une bravoure extraordinaire et montraient un mépris total de la mort.
Nous retrouvons un fait analogue au 7e siècle où les conséquences d'une certaine vision de la survie et de l'au-delà eurent une portée historique.
Pour stimuler ses troupes, Abu Bakr, le général de Mohammed, et plus tard son successeur direct, avait raconté à ses soldats que tous ceux qui étaient tués sur un champ de bataille au cours d'un engagement, obte-naient une rémission immédiate de tous leurs péchés et que leur âme était conduite par des anges féminins au paradis où elle pouvait jouir d'un bonheur complet et éternel.
Mohammed fut consterné lorsqu'il apprit l'initiative de son général, mais il ne put en empêcher la diffusion.


Cette façon de gagner le ciel parut à nombre de musulmans plus facile que l'effort demandé durant toute une existence en vue de mener une vie conforme à l'enseignement du prophète. Aussi, bien des hommes, et surtout des jeunes, s'enrôlèrent et se précipitèrent dans les mêlées les plus dangereuses.


L'ardeur guerrière ainsi enflammée permit aux Arabes de porter la nouvelle religion en Asie jusqu'à l'Indus et des rives de la Méditerranée jusqu'à l'Atlantique. Refoulés de la Gaule dès 732, les Arabes purent se maintenir en Espagne jusqu'au 15e siècle.


A travers les âges et les civilisations, nous pouvons ainsi observer l'emprise des croyances en la survie personnelle sur le comportement dans la vie quotidienne terrestre.

Même si le mode de vie imaginé dans l'au-delà fut trop souvent la projection à peine voilée de désirs terrestres, la conviction en sa réalité a toujours fourni un solide appui qui permit à tous de faire face aux vicissitudes de leur séjour terrestre.


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