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Bilan des JO (2/2) : Les nations

Publié le 30 août 2008 par Benjamin Magras

Après avoir dressé un bilan des performances individuelles, il est temps de s’intéresser aux performances collectives et plus particulièrement de revenir sur le bilan de trois nations, La Chine, les Etats-Unis et bien-sûr la France.

France

Sur le papier, les JO de Pékin permettent à la délégation française d’obtenir ses meilleurs résultats avec un total de 40 médailles récoltées. S’il est vrai que le bilan est positif pour le sport français, ces résultats sont à pondérer notamment parce que d’une manière générale, les athlètes français attendus au sommet des podiums olympiques n’ont pas confirmé les espoirs placés en eux et si le record des médailles acquises est tombé, on le doit plus aux belles surprises telles que la gymnastique ou encore la lutte qu’aux sports traditionnellement  rapporteurs de médailles comme le judo, l’athlétisme ou encore le cyclisme sur piste. Retour sur un état des lieux contrastés du sport français.

  • Athlétisme

Depuis le succès de la délégation française aux championnats du monde de Saint Denis en 2003, l’athlétisme français se cherche de nouvelles icônes. Et au terme des JO, on peut dire que la liste des déconvenues est longue :

- Christine Arron, diminuée par une préparation compliquée par les pépins physiques
- Mehdi Baala, l’éternel absent des grands rendez-vous qui est probablement passé à côté de son ultime chance olympique
- Ladji Doucouré diminué également en début de saison
- Murielle Hurtis jamais vraiment revenue au top depuis sa grossesse
- Romain Mesnil qui n’a pas su confirmé sa 2ème place au championnats du monde d’Osaka en 2007 en saut à la perche
- ou encore le sympathique Yohann Diniz, contraint à l’abandon dans la terrible épreuve du 50 km marche.

Tous ont échoué dans leur rêve de conquête olympique.

Le rayon de soleil aurait pu venir du 3000m steeple avec la médaille d’argent de Mahiedine Mékhissi qui a mis fin a près de 20 ans de suprématie Kenyane. Mais la presse est aussitôt venue entacher le métal argenté du nouveau vice-champion olympique. Suite à un article de L’équipe intitulé “Questions d’argent”, les médias n’ont eu de cesse de soulever les doutes concernant l’intégrité sportive de Mahiedine Mékhissi, l’athlète n’ayant jusqu’ici jamais obtenu de références significatives dans la discipline et présentant un parcours pour le moins ambigü si l’on en croit ses choix d’entraînement.

Même si ces rumeurs semblent fondées à la vue des nombreux cas de dopage révélés sur le fond et le demi-fond français ces dernières années, on se demande bien pourquoi la presse s’est à ce point acharnée sur ces rumeurs alors que bien d’autres performances autrement plus douteuses suscitent toujours l’enthousiasme de ces mêmes observateurs. Mais le mal est fait et l’athlétisme français traverse une période délicate qu’il faudra surmonter d’ici les prochaines échéances.

  • Natation - Où sont les femmes ?

La France s’est définitivement imposée comme l’une des nations fortes de la natation mondiale. A l’image des relayeurs du 4×100 m qui ont tout simplement marqué ces jeux au terme d’une des plus belles finales olympiques, repoussant le relais américain dans ses ultimes retranchements pour décrocher le graal avec 8 petits centièmes d’avance sur nos bleus.

Alain Bernard est devenu le symbole d’une équipe masculine de natation qui respire la joie de vivre avec une concurrence pourtant très vive entre les compétiteurs mais incroyablement saine. Il a récolté les 3 métaux, le bronze, en 50 m nage libre, l’argent en relais 4×100m et l’or en 100m nage libre, l’épreuve reine de la natation olympique. Un exploit unique dans l’histoire du sport français.

Chez les femmes en revanche le bilan est négatif à l’image d’une Laure Manaudou bien triste, relâchant ses efforts à la mi-course et à l’esprit définitivement éloigné des bassins. Manaudou paye indéniablement ses mauvais choix sportifs accumulés depuis un an et demi. Sa fracassante séparation avec Philippe Lucas, ses multiples entraîneurs avec autant d’instabilité dans ses choix de centres d’entraînement (Turin, mulhouse…), l’étalage à outrance dans la presse de ses difficultés professionnelles et personnelles, autant de facteurs qui ont eu raison de sa motivation pour cette compétition qui aurait dû être l’aboutissement d’une carrière magnifique. Aujourd’hui, Laure Manaudou se sépare encore de son entraîneur. Regagnera-t-elle l’envie de nager ?

Au final, nos nageurs récoltent 6 médailles, soit autant qu’à Athènes. Mais toutes ont été gagnées par les hommes. A vrai dire, l’ambiance chez les femmes est déplorable et ce depuis plusieurs années. La flagrante différence de résultats entre les nageurs et les nageuse trouve là une explication forte.

  • Les confirmations : Teddy Riner, escrime, Julien Absalon, BMX et Handball

Mais heureusement, le bilan n’est pas si contrasté pour tout le monde et de belles performances sont à souligner dans le clan tricolore :

- Teddy Riner : Beaucoup ont placé sa performance dans le rang des déceptions et pourtant. A 19 ans, sa prestation est énorme. Il a eu du mal à entrer dans la compétition mais ses ultimes combats ont été particulièrement remarqués lui permettant d’obtenir une très belle médaille de bronze, devenant ainsi le plus jeune judoka à obtenir une médaille olympique. Même si le bronze n’était pas le métal espéré, il est en avance sur son programme, sachant que Teddy Riner n’était pas programmé pour ces JO mais ceux de Londres en 2012 !

-  Escrime : La France confirme son rang de leader mondial de la discipline au terme d’une finale maîtrisée de bout en bout par une redoutable équipe de France d’épée.

- Julien Absalon : Il est l’énorme satisfaction du cyclisme français réalisant une course parfaite sur un terrain extrêmement compliqué à dompter. Il remporte ainsi son second titre olympique devant  permettant à la France de réaliser un superbe doublé.  Il rêve désormais de réussir ce que Tony Estanguet n’a pas réussi à faire en Kayak, décroché un 3ème titre olympique consécutif dans 4 ans !

- BMX : C’était l’une des attractions de ces JO et pour cause, le BMX est une nouvelle discipline olympique. Nos champions trustent les podiums lors des différentes épreuves du championnat du monde. Au final, Anne-Caroline Chausson et Laetitia Le Corguillé se sont révélées aux yeux du monde signant un autre doublé pour la France au cour d’une spectaculaire épreuve.

- Handball : La France en rêvait, les experts l’ont fait. C’était le seul titre qui manquait au handball français, L’équipe de France a fait honneur à son statut de favori, remportant l’un des plus beaux titres du sport français. Un magnifique happy-end pour l’ensemble de la délégation française qui aura soulevé beaucoup d’enthousiasme dans tout le pays, permettant au Hand de devenir le sport collectif le plus titré en France.

Dommage que Paris n’ait pas été désignée ville olympique pour 2012 car ces jeux de Pékin auraient été une rampe de lancement idéale pour l’ensemble du sport français.

USA

Les États-Unis demeurent la nation forte du sport mondial et présente un bilan tout à fait honorable puisque qu’il s’agit de la nation ayant obtenu le plus grand nombre de médailles.

Mais le bilan est perçu comme décevant Outre-Atlantique car les Etats-Unis ne sont plus aussi dominateurs qu’auparavant est surtout sont second au tableau des médailles, devancés par la Chine au nombre de médailles d’or obtenues. Les États-Unis ont aussi souffert de l’émergence de la Jamaïque dans les épreuves reines des JO à savoir les épreuves du sprint. Le relais 4×100 mètres jamaïcain, mené par un Usain Bolt extra-terrestre et un Asafa Powell revanchard, a tout simplement battu le record du monde détenu auparavant par les sprinteurs américains.

Cependant, les USA ont tout de même élevé des athlètes au rang de superstars voire d’icônes comme en témoignent les performances de Michael Phelps et la dream team retrouvée en Basket après le fiasco d’Athènes en 2004 et aux championnats du monde 2006. Un double échec très mal vécu enfin effacé et un succès obtenu avec la manière après avoir produit un jeu redoutablement efficace et probablement la plus belle finale olympique de l’histoire contre des espagnols incroyables, confirmant ainsi le rééquilibre du basket européen entr’aperçu en NBA avec l’arrivée de joueurs stars tels que Pau Gasol, Dirk Nowitzki, Ilgauskas, ou encore Tony Parker.

Chine

Une démonstration. Voici le terme qui convient le mieux  pour résumer la performance des athlètes chinois. Mais elle s’apparente plus à une propagande incroyablement organisée et maîtrisée qu’à de véritables exploits sportifs. L’esprit de l’olympisme est bien éloigné de ses origines au regard des pratiques dénoncées à de très nombreuses reprises par beaucoup d’observateurs, révélant notamment le douloureux système de formation des athlètes.

Et pourtant l’étalage de la force chinoise n’est pas total au regard du drame national suscité par la blessure de l’idole du pays, Liu Xiang.  Il symbolisait à lui seul la suprématie de la Chine dans une des discipline les plus médiatisées : le 110 m haies. Le duel avec le Cubain Dayron Roblès, qui s’était emparé de son record du monde au mois de juin, était très attendu. Au final, le physique a eu raison de Liu XIang et sa brève apparition dans les starting-blocks de Pékin faisait peine à voir tant il semblait contraint et forcé de figurer malgré une blessure au tendon d’achille avec laquelle personne ne peut tricher, pas même une icône nationale.

La Chine a récolté les fruits d’un système mise en place dès la désignation de Pékin comme ville olympique et qui fait la part belle au patriotisme chinois mais qui délaisse les athlètes en fin de vie sportive. De nombreuses interrogations viennent également ternir le bilan chinois, comme les doutes du CIO sur l’âge de He Kexin,  double championne olympique en gymnastique qui aurait moins de 16 ans, l’âge minimum requis pour participer aux épreuves olympiques ou encore le poids des filles en plongeon synchronisé (37 et 32 kg quand leur homologues canadiennes en font le double). Est-ce bien cette image que nous voulons du sport ?

Toujours est-il qu’au tableau des médailles, la Chine truste la première place avec 100 médailles dont 51 en Or !


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