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Rien ne sert d’être nice

Publié le 21 août 2008 par Timothée Poisot

Et pour tout dire, si vous êtes l’heureux porteur d’un chromosome Y, il est dans votre intérêt d’être une personne “terne, stupide, et imbue d’elle-même” (trad. : a jerk), si toutefois on parle de séduction.

Une étude publiée récemment dans le Journal of Personality and Social Psychology essaie de répondre à une question fatidique : est-ce que les nice guys (les “mecs biens”, en français dans le texte) finissent toujours derniers (dans la “course au partenaire”, n’allez pas vous imaginer des choses…)?

Pourquoi? La plupart des femmes intérogées dans différentes études placent la “gentillesse” (kindness/niceness) en premier dans la liste des qualités attendues. Et pourtant, quand on leur demande d’établir un classement de partenaires potentiels, la première qualité qui sort est l’attractiveness, autrement dit le physique.

Dans l’étude dont je vous parle, les auteurs ont remarqué que finalement, les femmes préféraient les jerks aux nice guys, d’autant plus que les dits jerks sont attirants. Il y aurait comme un hiatus entre les attentes annoncées et les préférences réelles. Je châtre personnellement, et à la main, le premier qui se permet un commentaire misogyne à ce propos — ou a tout autre (considérez ça comme mon coming-out de féministe…).

Reprenons. Tout ça, me direz vous, c’est de la sélection sexuelle. Gagné. Regardons un peu quels traits (N pour niceness et A pour attractiveness sont favorisés). Les auteurs ont séparé deux modes d’interactions : l’interaction casual et le committed relationship (autrement dit la relation stable). Le meilleur prédicteur dans le premier cas est, vous vous en doutez, l’attractiveness (A — sans que N soit dévalorisé). Dans le cas des relations stables, les deux prédicteurs (A et N) sont équivalents en terme de succès. Autrement dit, être un nice guy n’est pas un avantage (à part en terme d’estime de soi, mais entre nous qui se soucie encore de ce genre de choses), puisque dans un cas on est dévalorisé, et dans l’autre il n’y a pas d’avantage significatif. Voila la conclusion des auteurs.

Maintenant mes critiques. Premier point, les échantillons sont faibles (une vingtaine de femmes). Ca pourrait suffire, ne serait-ce cette petite subtilité qu’on appelle cycle menstruel, et qui, j’en ai déjà parlé, influe justement sur le prédicteur (A ou N) qu’une femme préfère! Ensuite, les auteurs ne font pas de liens entre les deux interactions qu’ils définissent : on ne passe pas de rien à committed relationship, et donc le meilleur prédicteur dans les étapes “intermédiaires” est important.

Pour conclure, il faut retenir de ce travail que la première chose à faire quand vous rencontrez quelqu’un est de lui demander ou elle se situe dans son cycle pour adapter votre comportement. Ou, plus sérieusement, que malgré la vestigialité notre organe voméro-nasal, qui nous rend insensibles aux phéromones, la séduction n’est pas uniquement une question de libre arbitre, et répond aussi à des critères de signaling. Nous n’avons jamais fait que remplacer les traits physiques (comme la queue du paon) par des traits comportementaux ou… des traits physiques.


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