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A quoi sert la philosophie ? (ou le complexe du philosophe)

Publié le 11 septembre 2008 par Jcgbb
Crédit photo : i o f o t o/SXC

Chacun sait que la mission du philosophie consiste à réfléchir sur les grandes questions que pose l’existence humaine : l’homme est-il libre ou déterminé ? Est-il véritablement capable de vertu, ou n’agit-il que par orgueil ? Comment faut-il punir un coupable ? Faut-il toujours dire la vérité ? Les questions et les réponses des philosophes portent sur l’homme, sujet passionnant s’il en est. Mais ces réponses sont-elles utiles ? Peuvent-elles servir son quotidien et la société à laquelle il appartient ?

Il paraît fondamental pour le juriste de savoir en quoi consiste la justice, essentiel que chacun se questionne sur l’amour, l’amitié ou la générosité afin d’être digne dans ses relations humaines. Mais aucune réponse n’est évidente, et il faut de longs détours, des livres entiers, des heures d’étude pour espérer en obtenir. La philosophie exige du temps, car aucun vrai problème n’a de solution immédiate, facile.

Mais la vie n’attend pas. Les amis nous entourent et les criminels tuent. L’action exige rapidité, quand la pensée est toujours lente. Ainsi oppose-t-on la réflexion à l’action, la théorie à la pratique, la vérité à l’utilité. La méditation prolongée reporte les décisions à prendre, isole de la société. Qui réfléchit à l’amitié néglige ses amis. Qui réfléchit au langage désapprend de parler. Qui réfléchit sur la beauté ne crée jamais. Le philosophe, penché sur ses livres, devient inutile et nuisible, à lui-même et aux autres.

Mûries ou précipitées, les réponses du philosophe arrivent trop tôt ou trop tard. Faut-il alors réduire la philosophie, comme disait Calliclès, à un passe-temps agréable afin qu’elle cesse d’être une vocation destructrice ? Cette suggestion est absurde et la critique rate sa cible, car elle ne porte pas sur la philosophie, mais sur toute activité en général : on ne cesse pas d’être juriste ou médecin sous prétexte que ces pratiques sont imparfaites et inachevées. Chaque compétence n’est utile qu’à proportion du dévouement qu’on y apporte, et qui dit dévouement ne dit pas exclusion. Enfin, le temps s’ajoute au temps, et la pensée à celle des autres…


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