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Silence, on commémore

Par Teaki

Aujourd'hui 11 septembre, je vais travailler, aucune bombe n'explose sur ma route, aucun avion ne percute la fenêtre de mon bureau, je ne croise aucun terroriste ceint de dynamite. Je réalise ma chance. Je n'écoute pas les informations, aucune envie de frelater cette journée de discours ressassés, de chiffres, des statistiques. Le silence a des vertus que les medias ignorent.

Un autre jour de septembre, une autre année, je suis à Tel-Aviv. Nous nous rendons au siège d'un important groupe de télécommunications israëlien. Des mois que nous travaillons le contrat. Nos paroles sont serrées d'espérances. Le chauffeur augmente le volume de la radio sans nous demander notre avis. Au moment de passer sous un pont, il coupe le moteur et, sans enlever la clé, sort de la voiture. Que fait-il? Autour de nous, les voitures s'arrêtent une à une. Les conducteurs se tiennent droit comme des soldats, regards rivés dans la même direction. Je sors à mon tour. Notre chauffeur de taxi ne prend pas la peine de nous expliquer ce qui se passe. La radio continue à beugler. Soudain, je le sens, il m'étreint, me serre la gorge, appuie sur mon coeur, le silence. Voilà ce que la mort laisse derrière elle, quand elle frappe, arbitraire, brutale. Aucun bruit si ce n'est celui de la nature qui perdure. Les machines, les hommes se sont tus.

Plus tard, dans les grands yeux bleux de notre client, je comprends que le pays entier commémorre la guerre du Kippour et que le silence vaut tous les discours.


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