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Temps-cendriers

Par Deathpoe
Alors j'expérimente les nouveaux tours, de ceux qui précipitent vers la chute tout en laissant un sale goût, amer et plein de dépendance. Celui-là même de la légèreté après l'orgasme, et qui demande néanmoins toujours plus d'explosion, d'incertain, d'intangible. Fuir le statique a toujours été ma priorité. Peu m'importe que je souffre ou non, pourvu que ça ne reste pas en place.
Dans sa lettre il me disait "Parfois je me dis qu'on est vraiment seuls". Je le pensais déjà bien avant qu'il ne m'en fasse la remarque. Inéluctablement, peut-être que l'on restera sans cesse seul tant que l'on ne pourra changer l'eau en vin. Ou au moins, tant que l'on ne pourra biaiser nos sensations et les rendre strictement identiques à la personne qu'on le souhaite.
Alors je continue de rouler, sans savoir précisément où je souhaiterai aller. Fuir d'ici serait la meilleure solution. Fuir les échecs volontaires, le manque de volonté et l'amenuisement du quotidien. L'on va cependant très peu loin avec une carte bleue dans le rouge. Alors je fais demi-tour, sans en démordre, sans en découdre non plus avec mes désirs d'excès. Je ne presse pas inutilement l'accélérateur mais conduit tranquillement. Elle est à mes côtés et ne dit pas un mot. Ou alors, j'ai tout bonnement du mal à saisir la consistance de cette réalité-là, à laquelle je ne m'étais jamais vraiment préparé.
Je passe le tunnel, serein. Maintenant, il y a un endroit où j'ai trouvé ma place, sans complications ni artifices. Je réalise cela alors que l'enfoiré de devant semble ne pas savoir où aller. Un peu plus tard, dans ses bras alors que je défaisais les boutons de son chemisier, une pensée me percute comme un poing dans la gueule. Ou une dernière gorgée d'alcool, celle qui vous fait vomir votre bile et les dernières bouchées de nourriture. Merde, j'ai peur. Mille et une questions pourraient maintenant emprunter les passages à niveau, sans que je sois capable de les en empêcher. Finalement, j'étais peut-être prêt à ce que cela arrive un jour, et j'ai le sentiment d'être un tant soit peu humain lorsqu'elle me regarde, comme si tout mon être avait trouvé un nouveau carburant.
Et je ne m'en veux même pas, ne m'en cache pas ni ne cherche à tronquer mes sentiments. C'est tellement simple, sans souffrances ni désillusions. Je reste maître de moi-même, aussi libre qu'avant. Bien sûr, j'ai pu ces dernières semaines me laisser porter par le flot du temps, à remettre sans cesse au lendemain ce qui aurait du être d'une importance capitale.
L'explosion de vie du moment s'accompagne du sentiment d'urgence qui m'est devenu si habituel. Je sirote ma quatrième vodka bon marché alors que le chat commence de s'endormir. Je jette un coup d'oeil sur ses épaules nues et ne m'inquiète pas de ce qu'il pourrait arriver demain. Le fauve est intrigué par quelques chose, très certainement un insecte, et s'en va gravir l'armoire. Ces moments peuvent encore se répéter éperdument. Je le sais. Et quand bien même ce ne serait pas le cas, je n'aurai plus qu'à me dire. "Au moins, c'était réel."
Alors je n'ai plus qu'à reprendre le cours du temps en accéléré, à ma guise. J'ai l'entier contrôle des valses d'explosions. Demain.

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