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Staatskapelle de Dresde : rendez-vous manqué

Publié le 16 septembre 2008 par Philippe Delaide

Concert jeudi 11 septembre au Théâtre des Champs-Elysées (TCE). L'Orchestre mythique de la Staatskapelle de Dresde est sous la direction de Fabio Luisi. Au programme : Richard Strauss  - Don Juan, poème symphonique op. 20 / Beethoven -  Concerto pour piano et orchestre n° 3 en ut mineur op. 37 - Brahms - Symphonie n° 4 en mi min. op. 98. Le pianiste est Rudolf Buchbinder.

Rudolf Buchbinder1
Un départ trop tardif de mon lieu de travail me fait manquer le poème symphonique de R. Strauss. J'attrape juste à temps le 3ème concerto de Beethoven. Rudolf Buchbinder confirme qu'il est un bon vivant et son Beethoven est alerte et vif.  Le pianiste autrichien prend même quelques libertés en accentuant les contrastes, déployant un rubato auquel on n'est pas habitué sur ce registre. L'orchestre bien policé par Fabio Luisi peine parfois à suivre. C'est indéniablement le pianiste avec son tempérament qui dirige l'orchestre. L'opposition piano / orchestre qui doit être le propre de ce concerto, jusqu'à l'Empereur est totalement mise de côté. C'est plutôt un piano cabotin et pétillant qui badine avec un orchestre guidé par une direction un peu précieuse et mondaine.

Je trouve que Rudolf Buchbinder a un faux air de Leonard Bernstein. Ses yeux malicieux et sa carrure révèlent aussi une forme de truculence qui se ressent bien dans son jeu énergique et généreux.

Le pianiste joue en bis des transcriptions de valses de Johan Strauss, visiblement écrites pour les pianistes virtuoses qui raffolent d'épater les vieilles dames dans les salons. Très bon exercice pour travailler ses arpèges !

Après l'entracte, vient alors la 4ème symphonie de Brahms. Dès

Fabio Luisi1
l'attaque du premier mouvement, je sens que je vais invariablement m'ennuyer pendant trois quarts d'heure. Cela n'a pas manqué. Direction brouillonne, manque d'inflexion et surtout de netteté des plans sonores. Les parties solo importantes dans cette symphonie (comme la célèbre introduction du cor dans l'Andante moderato) sont d'une mollesse incroyable. L'approche rythmique est à contretemps, les phrasés lourds et ampoulés et cette symphonie est restituée avec une absence certaine d'unité. Surtout, on ne retrouve que très occasionnellement la sonorité pleine, éclatante, qui est en principe la marque de fabrique de ce magnifique orchestre.

Comment peut-on faire pour que l'une des phalanges les plus prestigieuses au monde se retrouve à ce point désincarnée et méconnaissable ? Quand je vois ce que Kleiber, Celibidache et Wand étaient capables de restituer avec des orchestres allemands de second rang, cela me sidère de constater à quel point on peut brider un ensemble pourtant d'un tel potentiel. Finalement, heureusement que j'ai raté l'introduction avec le poème symphonique de R. Strauss !


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