Le botox et la bourse

par Chambolle

Bonne nouvelle : on a retrouvé la Fontaine de Jouvence. Finies les rides en pattes d’oie ou en code barre, terminés les seins qui s’écroulent, les pectoraux qui se font la malle, les fesses qui dégringolent et les mollets qui flageolent. Pour la modique somme de 300 euros par injection (à renouveler tous les six mois) nos amis des laboratoires pharmaceutiques sont en mesure de fournir à celles et ceux qui ne supportent pas les atteintes de l’âge, une gamme complète de peelings et de produits de comblement grâce auxquels ils retrouveront une nouvelle jeunesse.
« Produits de comblements » que voilà un mot bien choisi. Glytone, Macrolane et autres remèdes miracles comblent le client dans tous les sens du mot. En même temps qu’ils réparent du temps le, désormais, réparable outrage ils regonflent le moral du vieux machin  ou de l’antique rombière. Métamorphosés, le temps d’un traitement, en mâle, de nouveau conquérant, ou en séductrice sirène, ils se trouveront, du coup, doublement comblés. Ne reculant devant rien, Q-Med, le bien nommé laboratoire suédois, annonce même que, dans un proche avenir, pendant que Monsieur fera revoir le diamètre de sa verge, Madame pourra juger, en cours de séance, si la taille de sa nouvelle poitrine lui convient ou si « elle veut plus de volume ».  Avec Macrolane et Glytone, la vie n’est plus un long fleuve tranquille, c’est un torrent de bonheur.

Mais un doute affreux me saisit. Il paraît que les rois de la finance et leurs moitiés, officielles ou non, sont de grands utilisateurs de ces potions magiques. Et si ces peelings, non contents de gommer les peaux usées, rabotaient aussi la matière grise ? Et si ces produits de remplissage faisaient disparaître les circonvolutions cérébrales en même temps qu’ils effacent les rides ? Ces craintes ne sont pas vaines. L’actuelle tempête boursière le prouve abondamment.

Chambolle

(L’article , sérieux, qui a inspiré ce billet se trouve en page 26 du Monde, daté du 17 septembre)

é

é