Magazine Asie

Six histoires à Kyoto

Publié le 19 septembre 2008 par Thomas Bertrand

«Attends, je t'appelle»

Elle a 21 ans, il en a 35. Ils se sont rencontrés sur un site mobile de rencontres. Très attaché à leur téléphone, même pendant ce premier rendez-vous, ils ne peuvent décrocher et consultent leur boîte mails. S'occuper de son mobile, c'est meubler les blancs du face-à-face que l'on ne souhaite pas forcément. Puisqu'ils savent pourquoi ils se voient aujourd'hui, mais qu'il faut bien aller boire un verre avant, utiliser son téléphone n'est pas déplacé.

«Le Japon a un grand succès en France»

Descendre au café Indépendants, c'est aller quelque part en Europe du sud et ça fait du bien à la pause déjeuner, en lisant un magazine de mode. Elle, elle y vient certainement une fois par semaine, pour le sandwich du vendredi midi. Très beau visage, cheveux lisses. Quelques frites. De la grâce dans chaque geste, comme une Geiko. Petite et belle comme un haiku. Beau visage. Puis sur ses lèvres, de la mayonnaise.

Le typhon arrivera un de ces jours

Le typhon numéro 13 est japonais. Il avance sans vouloir déranger trop de monde en se tenant à l'écart, avec discrétion, à plusieurs kilomètres des côtes. Il sera à Kyoto demain dans quelques heures .

La quattroporte et la grand-mère

Cette grand-mère qui pousse son chariot n'a jamais remarqué la voiture garée ici. Il y a cinq ans, c'était une Ferrari. Il y a quatre ans, une BMW signée Brabus. Quattroporte GT S, ça ne veut rien dire en japonais. Ce qui n'est pas de son monde, entre sa maison qui tient toujours debout, la supermarché du quartier et le marchand de riz à l'angle des rues Nijo et Kawabata, elle s'en fiche. Son chariot lui suffit. Le proverbe «pour vivre heureux, vivons cachés» c'est pour les grands mères françaises. Elle, elle dit « pour vivre, ne rien dire, ne rien voir, ne rien entendre».

Bicoque

Heureux celui qui rachètera la première maison, puis les trois voisines. La place sera libre pour un immeuble quelconque où une dizaine de familles pourront être logée pour les prochaine trente années. En attendant, ces planches de bois donnent un côté grange des hauteurs alpines en France. Plus on regarde en haut, plus on se rappelle que l'on est au Japon. Le toit semble disproportionné, trop lourd par rapport aux murs. Une maison anachronique ? Non, c'est bien le Japon. Avec quelques travaux, une fenêtre au dessus de la porte d'entrée, on a presque envie d'y habiter.

Habiter à Kyoto

Sur le chemin du retour. La maison au-dessus du canal shirakawa, sur les flancs de Yoshida. On peut choisir d'habiter à Kyoto, dans une ville de 1,6 millions d'habitants et se croire dans une forêt équatoriale. Les serpents, les singes et tous les moustiques sont bien là. Avoir un pavillon en ville n'est pas de tout repos.


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