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Pourquoi la politique ne dit-elle rien

Publié le 20 septembre 2008 par Hrvatska

Pourquoi la politique ne dit-elle rien à propos d'Indeks ?

Indeks est sans conteste la plus grosse et la plus spectaculaire action anti-corruption à avoir été menée en Croatie à ce jour. Cependant, les principaux politiciens croates n'en disent mot. Il est pour tout dire incompréhensible que le Gouvernement ne se soit pas exprimé à propos d'Indeks, mis à part la curieuse tentative tarabiscotée du ministre Dragan Primorac de présenter Indeks, dont en fait il ne savait rien, comme sa propre initiative.

Le Gouvernement et le Premier ministre avaient réagi tout à fait autrement dans les précédentes affaires semblables quoique moins vastes. Qu'on se souvienne de l'importance que le Premier ministre et ses collaborateurs avaient accordée à l'opération Maestro* de l'année dernière, qu'ils avaient dépeinte comme leur propre succès politique.

S'agissant d'Indeks, ils n'ont en revanche soufflé mot le premier jour, probablement en raison du gros malaise qu'a infligé à la Communauté croate démocratique (HDZ) l'arrestation de Desa Mlikotin Tomic, la présidente, appartenant au HDZ, du Comité parlementaire pour les conflits d'intérêt, dont la fille est employée au sein du Bureau du Premier ministre.

Toujours est-il que le silence dont fait montre le Gouvernement au sujet d'Indeks est une grosse omission. Sanader et son Gouvernement auraient dû immédiatement apporter à Indeks un soutien clair et vigoureux. Un tel geste aurait offert à l'action Indeks la dimension sociale souhaitable, à savoir le besoin de créer un consensus social pour la lutte contre la corruption.

L'opposition a également fauté

Il est évident qu'un tel consensus existe parmi la majorité des citoyens, il est évident que le Parquet et une partie de la police sont parfois capables de bien faire leur travail, mais voilà qu'il est apparu une fois encore que les hautes instances politiques actuelles ne sont pas aptes ou désireuses de participer à une telle atmosphère anti-corruption.

Malheureusement, l'opposition a presque aussi mal réagi que le pouvoir : plutôt que de saluer l'opération Indeks, l'opposition l'a minimisée en plaçant l'action dans le contexte des critiques récentes qui sont parvenues de l'Union européenne. En l'espèce, c'est tout simplement inexact étant donné qu'Indeks a été planifiée et organisée pendant des mois avant que Sanader ne se rende tout récemment à Bruxelles.

Aussi bien le pouvoir que l'opposition ont donc manqué d'articuler et de soutenir le souhait manifeste des citoyens pour que dans notre société on commence enfin à s'attaquer à la corruption - ce en quoi le pouvoir est bien entendu beaucoup plus responsable.

Le silence des politiciens à propos d'Indeks ne peut en effet se comprendre politiquement. Cela étant, pire encore que le silence est la première réaction publique du Premier ministre envers cette nouvelle grande opération anti-corruption. Au lieu de soutenir immédiatement Indeks et de féliciter le Parquet, le Bureau pour la prévention de la corruption et du crime organisé (USKOK), ainsi que la police, Sanader a déclaré le lendemain qu'il faut s'enquérir sur la façon dont les journalistes ont pu suivre de près l'action policière.

Par conséquent, Sanader a tenté de dévier le projecteur sur l'opération Indeks en elle-même vers le fait que les journalistes ont réussi à informer l'opinion avec détails et précision sur le cours et le contenu de l'opération.

Il s'occupe davantage des médias

Une telle réaction de la part de Sanader révèle avant tout une attitude hostile envers l'opinion. Elle peut en réalité être traduite de la sorte : d'où les gens tiendraient-ils le droit de savoir ce que nous faisons ? Par ailleurs, comment est-il possible que le chef du Gouvernement, plutôt que de s'occuper de la teneur et des conséquences de cette grande et importante action anti-corruption, discute du suivi médiatique de l'action ?

Il semble que dans cette affaire le Dr Sanader a confondu les véritables priorités et qu'il a montré qu'il ne comprend pas le sens de l'action Indeks ni l'humeur de la majorité des citoyens croates. Les réactions des principaux politiciens croates envers l'action Indeks démontrent malheureusement qu'ils se comportent souvent en dessous du niveau que les événements exigent d'eux, et qu'ils ne sont pas prêts à anticiper et à soutenir les véritables changements dans la société, ni même à s'y adapter.

______________

* L'opération Maestro avait permis de mettre à jour les malversations commises parmi la direction du Fonds croate pour la privatisation, laquelle direction est désormais derrière les barreaux en attente d'un jugement.

Source : Jutarnji list, le 20 septembre 2008.


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