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Le vent tourne (?)

Publié le 22 septembre 2008 par Jyfargeat
La situation politique de la Thaïlande n'a, en apparence, pas vraiement bougé.
Malgré l'éviction du Premier Ministre Samak, les supporters de l'opposition, le PAD, n'ont pas levé leur occuppation des jardins de Government House. Il faut dire qu'ils reprochaient à Samak d'être une marionnette de Thaksin (l'entrepreneur ex-premier ministre éxilé à Londres), mais le parlement a élu, à sa place... le beau-frère du dit Thaksin.
Il cependant a déclaré n'avoir aucun lien avec son beau-frère. Les politiciens ici n'ont vraiment pas froid aux yeux. Même mouillés, voire trempés dans des affaires louches, même en cours d'appel pour condamnation pénale, ou pris en flagrant délit de mensonge, ils restent en place, et personne ne s'en offusque.
Le PAD, a pourtant commencé à envisager, pour la première fois, de négocier. Ils sentent le vent tourner. Ils ont obtenu du changement, même indirectement, et ils sont en train de comprendre que la plupart des gens supportent, non leur mouvement, mais leur opposition à la "dynastie" Thaksin.
La classe politique de Thaïlande est dans un état déplorable. Elle est principalement constituée d'ex-entrepreneurs ou d'anciens juges, policiers et généraux. Bref, des gens avec plein de connexions, et donc plein de conflits d'intérêt.
Leur efficacité à conduire le pays est très loin de celle qu'ils montrent pour servir leurs propres objectifs.
Même le PAD, "Alliance Populaire pour la Democratie" tient cette dernière en si haute considération qu'ils envisagent de réduire (et de beaucoup) l'importance du suffrage universel... Notamment pour limiter l'influence des votes des campagnes, qui ont tendance à élire les populistes de la clique de Thaksin.
Pourtant, de nombreuses voix censées se font entendre. Elles appellent l'opposition à convaincre et non à forcer. Elles donnent, dans la presse surtout, des analyses subtiles de la situation et proposent des solutions intelligentes et de réels idées à long terme pour le progrès du pays. Mais ces voix sont universitaires... et le resteront.
Parce qu'ici, pour faire de la politique, il vaut mieux être copain avec ceux qui ont les sous (secteur privé) ou la force (police et armée).
Etre compétent n'entre pas en ligne de compte.
Jusqu'à ce que cette petite corruption de tous les jours disparaisse, la modernisation du pays sera bloquée par des milliers de petits intérêts privés. Les lois seront contournées et, à l'image de l'urbanisme de Bangkok, le développement sera anarchique et peu efficace.
Quel dommage. La Thaïlande a besoin d'organisation plus que de fonds.éricains au sud et une grande proportion de nos marchés pacifiques à l'ouest, pour cause de riposte tarifaire de la part de ces pays et régions. Cela a forcé la plupart de nos grandes institutions industrielles, qui exportaient leur surplus vers ces pays, à faire construire des usines à l'intérieur des murailles douanières de ces derniers. Il en résulta la réduction des opérations de leurs usines américaines et des opportunités d'emplois.    L'opportunité en affaires s'est encore rétrécie depuis l'époque de Wilson, de même que la liberté de se lancer dans l'agriculture a disparu. Il est encore vrai que des hommes peuvent lancer de petites entreprises, faisant confiance à leur perspicacité naturelle et à leur capacité à se tenir au courant de leurs concurrents ; mais des secteurs entiers l'un après l'autre ont été totalement préemptés par les grandes sociétés, et même dans des secteurs n'ayant pas trop de problèmes le petit entrepreneur commence avec un handicap. Les froides statistiques des trois dernières décades montrent que le petit entrepreneur indépendant cours une course perdue d'avance. Il sera peut-être acculé ; peut-être ne pourra-t-il obtenir de crédits ; peut-être sera-t-il "éjecté", selon le mot de Wilson, par les sociétés concurrentes très organisées, comme vous le dira l'épicier du coin de la rue.    Une étude précise sur la concentration des affaires aux Etats-Unis a été récemment réalisée. Elle montre que jusqu'à maintenant notre vie économique a été dominée par environ six-cent sociétés qui contrôlent les deux-tiers de l'industrie américaine. Dix millions de petits entrepreneurs se partagent le dernier tiers.    Plus frappant encore, il apparaît que si le processus de concentration se poursuit à la même vitesse, alors la fin du siècle verra l'industrie américaine sous le contrôle d'une douzaine de sociétés et dirigé par peut-être une centaine de personnes. Pour parler franchement, nous filons à pleine vapeur vers l'oligarchie économique, si nous n'y somme pas déjà arrivé.    Tous cela nous appelle clairement à réexaminer nos valeurs. Le constructeur de nouvelles usines, le développeur de nouveaux réseaux ferroviaires, l'organisateur de nouvelles entreprises, peut tout aussi bien être une menace qu'un bénéfice. Le temps des grands développeurs ou des titans financiers, à qui nous accordions tous pourvu qu'ils construisissent ou qu'ils développassent, est fini.    Nos tâches dorénavant ne sont plus la découverte ou l'exploitation de ressources naturelles ni forcément la production de plus de nouveaux biens, mais celles plus sérieuses et moins spectaculaires de l'administration des ressources et des usines déjà disponibles, de l'effort en vue de rouvrir les marchés extérieur pour nos productions en surplus, de la résolution du problème de la sous-consommation ou de l'ajustement de la production à la consommation, de la distribution plus équitable des richesses et des produits, de l'adaptation de l'organisation économique existante afin de mieux servir le peuple.    De même que par le passé le gouvernement central fût d'abord un refuge puis devint une menace, aujourd'hui au sein de notre système économique l'ambitieuse et centrale unité financière n'est plus un serviteur de la volonté nationale mais un danger. Je voudrai même pousser plus loin ce parallèle : nous ne croyons pas que, parce que le gouvernement était devenu un danger au dix-huitième siècle, nous aurions dû en conséquence abandonner le principe du gouvernement national.    Nous ne devrions non plus abandonner le principe des solides unités économiques appelées sociétés pour la seule raison que leurs puissances peuvent être facilement détournées. En d'autres temps, nous avons affronté le problème de l'excès d'ambition du gouvernement central en le modifiant graduellement pour en faire un gouvernement démocratique constitutionnel. Aujourd'hui, nous modifions et contrôlons nos unités économiques.    De mon point de vue, la mission du gouvernement dans sa relation avec le milieu des affaires est de participer au développement d'une déclaration des droits économique, d'un ordre constitutionnel économique. Voici la mission des hommes d'états et des hommes d'affaires. Voici le critère minimum d'une plus durable sûreté de l'ordre social. Par bonheur, l'époque nous montre que créer un tel ordre est non seulement la bonne politique gouvernementale, mais encore le seul moyen de garantir la sécurité de notre structure économique.    Nous savons dorénavant que ces unités économiques ne peuvent exister que si la prospérité est uniforme – c'est-à-dire si le pouvoir d'achat est correctement distribué à travers tous les groupes de la nation. C'est pourquoi même la plus égoïste des sociétés, dans son propre intérêt, serait contente de voir les salaires relevés et le chômage corrigé, de voir les fermiers retrouver leurs niveaux habituels de prospérité, et de voir assurer à ces deux groupes une sécurité permanente. C'est pourquoi certaines industries éclairées s'efforcent de limiter les actions des hommes et groupes d'affaires au sein de l'industrie dans l'intérêt commun de tous. C'est pourquoi partout les hommes d'affaires réclament une forme d'organisation qui ramènerait l'équilibre dans l'ensemble de la structure, quand bien même cela pourrait dans une certaine mesure encadrer la liberté d'action de certaines unités dans le domaine concerné.    Je pense que quiconque effectivement engagé dans la bataille économique – c'est-à-dire quiconque n'est pas né fortuné – sait, selon son expérience et sa propre vie, que nous devons maintenant appliquer les principes premiers du gouvernement américain aux conditions contemporaines. La Déclaration d'Indépendance exprime le problème du gouvernement en termes de contrat. Le gouvernement établi une relation donneur-receveur – un contrat, nécessairement, si nous voulons suivre l'esprit duquel il s'est développé. Selon ce contrat, les dirigeants se virent remettre le pouvoir, et le peuple consentît à ce pouvoir sous la condition de se voir accorder certains droits. L'acte de gouverner a toujours consisté en la redéfinition de ces droits fonction d'un ordre social se développant et se transformant. De nouvelles conditions imposent de nouvelles exigences au gouvernement et à ceux qui le dirigent.    Les termes du contrat sont aussi anciens que la République et aussi nouveaux que le nouvel ordre économique. Chaque homme a droit à la vie, et cela signifie qu'il a aussi le droit de gagner confortablement sa vie. Il se peut que par paresse où par crime il renonce à exercer ce droit, mais celui-ci ne peut lui être dénié. Notre gouvernement, formel et informel, politique et économique, doit à chaque homme la route qui lui permettra d'obtenir de quoi satisfaire à ses besoins par son propre travail. Chaque homme à droit à la propriété, ce qui implique le droit d'être assuré de la manière la plus complète possible de la sûreté de ses profits. Car il n'existe aucun autre moyen pour les hommes d'assumer la charge de ces périodes de la vie qui par la nature des choses n'offrent aucune chance de travailler – l'enfance, la maladie, la vieillesse. De toutes les réflexions sur la propriété, celle-ci est prépondérante : toutes les autres doivent y être soumises. Si, en accord avec ce principe, nous devons restreindre les opérations du spéculateur, du négociateur, voire du financier, je crois que nous devons accepter cette restriction et la considérer nécessaire, non pour porter atteint à l'individualisme mais pour le protéger.    Les termes finaux du haut contrat nommaient la liberté et la poursuite du bonheur. Nous en avons appris grandement sur eux au cours du siècle dernier. Nous avons appris que la liberté individuelle et le bonheur individuel ne signifient rien tant qu'ils ne sont ordonnés selon le principe que la nourriture de l'un ne peut être le poison de l'autre. Nous avons appris que le vieux "droit de compétence personnelle" – le droit de lire, de penser, de parler, de choisir son mode de vie et de vivre selon – doit être respecté à tout prix. Nous avons appris que la liberté de faire quoi que ce soit privant les autres de ces droits fondamentaux est totalement en dehors de la protection de quelque contrat ou entente que ce soit, et que le gouvernement est le garant de l'équilibre de la justice pour tous.    Nous remplirons nos obligations gouvernementales présentes, comme nous avons remplis les obligations de l'apparente Utopia que Jefferson avait imaginé pour nous en 1776, et que Jefferson, Théodore Roosevelt et Wilson cherchèrent à rendre réelle. Nous devons faire de même, à moins de nous voir submergé par le flot grandissant de la misère que notre échec commun aura engendrée.    Franklin Delano Roosevelt, 1932

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