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Publié le 25 septembre 2008 par Untel

Votre mari est mort, le fauteuil pulvérisé par un poids lourd, alors que, par cette belle journée, vous le baladiez du côté de l’autoroute, et que votre main a glissé, et que vous n’aviez plus, impuissante, qu’à crier d’authentique effroi et panique ? Raté ! Vous ne toucherez pas l’assurance tout de suite. Le clonage est gratuit, on vous le rend, votre vieillard, et vous ne pourrez échapper au rituel du dentier-qui-claque (que, pour respecter votre pudeur, je ne décrirais pas ici). Il suffit pour cela d’un échantillon d’ADN, et, bien sûr, car on vous le rend entier, en chair et en os mais aussi en esprit, il est indispensable d’avoir archivé sa mémoire – sous-entendu son moi - au moment de son dernier check up. Peut-être acceptera-t-on de vous en fournir une version moins usée, mais serait-ce vraiment une bonne idée, à votre âge ? Vivement qu’on puisse tous, joyeusement, se cloner les uns les autres ! Imaginez comme c’est pratique : vous êtes un tyran. Un homme ou une femme de talent refuse de vous obéir et de travailler pour vous. Vous commencez par prélever quelques bouts de chair et d’âme, vous le ou la tuez, puis vous la ressuscitez, en la menaçant de relancer le même cycle, jusqu’à ce quelle cède. Ou imaginons que vous êtes un écrivain de science-fiction. Vous ne pouvez décemment pas faire croire à un lecteur valide que les personnages survivent aux épreuves qui leurs sont infligées, ou le comportement et les pensées que vous leur avez attribués au départ ne correspondent plus à ce que vous voulez faire. Pas grave ! Laissez les crever, puis faites les revivre un peu plus loin, qu’ils se soumettent enfin nom de Dzeus. C’est vrai, peut-être que, du coup, votre livre perdrait un peu de son pouvoir d’attraction, et qu’au bout d’un moment le coup de l’interrupteur mort-vie épuise un peu l’intérêt qu’on prend à suivre la vie des personnages, qui sont malgré tout – c’est pour ça qu’on daigne jeter un œil dans leur direction - censés prendre des risques, en l’occurrence, bien entendu, essayer, au péril de leur vie, de s’échapper de la prison qu’un patron, avide, forcément, a spécialement conçu pour ses spécimens les plus remarquables. A chaque fois qu’ils tentent de s’échapper il les tue et les ressuscite, aidé par d’autres clones, particulièrement puissants, stupides, et exceptionnellement dociles, qui servent de petits chefs. Ça ne finira jamais.

(ça DOIT avoir un rapport avec le Canal Ophite, de John Varley)


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